[20:33:44] <LeMarli555>
Le 28 novembre 2023 à 14:54:49 :
C'est énorme je vois les mêmes têtes sur les deux fic zombieYa une autre fic zombie ?
Ça m'intéresse
On ira pas lire ta fic de m3rde arrête de forcer
[21:36:38] <Culper>
Non mais je dirais qu'à partir de 24 ans ca devient chaud
Ils ont juste fait ça pour le kiff non ?
Ils ont juste fait ce qu'ils ont fait parce qu'ils trouvaient ça marrants on est d'accord ?
[21:14:50] <chienfoutre123>
moi perso " ah t'écoute encore du Kanye West après toutes ces affaires là !? "https://image.noelshack.com/fichiers/2018/41/7/1539530217-npc.png et vous les quais ?
Ayaa t'as la palme
[21:32:55] <BarAeau>
https://image.noelshack.com/fichiers/2023/01/2/1672777964-fdsgfdgfdgfdgggg.jpg J'ai un doute, je parles avec l'op là ?
https://image.noelshack.com/fichiers/2018/26/7/1530476579-reupjesus.png
Aya cet IA manuel
[22:10:05] <AliceDuForum>
nonobstant je veut savoir pourquoi y'a eu le meurtre de toute la famille. Quelle est la raison psychologique derrière ?
[18:49:40] <voiladje>
Le 29 décembre 2022 à 22:10:05 :
nonobstant je veut savoir pourquoi y'a eu le meurtre de toute la famille. Quelle est la raison psychologique derrière ?Oui les khey ont le droit de savoir
Alors il y a certaines choses qui sont explicables dans ce qu'a fait Hector mais j'ai sciemment éludé celà pour laisser celui qui lit dans la même interrogation que se retrouve Célestin devant le meurtre de ses parents et de sa cousin de la main de son parrain. Et vu qu'Hector s'est ensuite suicidé, il ne pourra jamais avoir de réponse à cette question qui le rend fou et le tue : Pourquoi cela s'est-il produit ?
Mais si je devais faire un prolongement à cette histoire, ce serait sur Hector car c'est celui qui cache évidemment le plus de choses et ça répondrait à pas mal de questions dont ce massacre.
[15:46:39] <BordeldAhii>
Mais ils se reverront l'été prochain non ?Bon sinon :
Ahii la fin est enfin sortie. Je te félicite, c'était un vrai régal; d'écriture, d'ambiance, d'évocation personnelle, d'émotions. Bravo.
Comme je le laisse imaginer au début des R.E.M, Eve est tuée par son père peu après le départ de Célestin. Tout comme la mère et le père de Célestin. Hector se suicide ensuite.
Merci beaucoup khey c'était un vrai plaisir pour moi d'écrire ça faisait longtemps que je l'avais pas fait. Ça a été spécial pour moi.
[21:34:55] <UncleRoger>
Salut l'op,Crois le ou non mais de toutes les fics que j'ai lues (et Dieu sait que j'en ai beaucoup lu), c'est celle qui était la mieux écrite et de très loin (en excluant celle intitulée Célestin&Célestine pour ceux qui s'en souviennent qui était également excellente). Je ne dirai pas que c'est celle que j'ai le plus apprécié mais sache qu'elle m'a profondément marqué. Je l'ai commencé ce matin à 2h30 et été prêt à poursuivre jusqu'au petit matin pour la terminer (entre 2-3 branlettes car je ne crois pas qu'on puisse la lire sans se vider au moins une fois). La fatigue a malheureusement pris le dessus et je ne la termine que maintenant.
Je te remercie pour ton travail et si un jour l'envie te prend de réécrire une autre fic sache je répondrai présent avec grand plaisir !
Merci beaucoup khey. Ça me touche énormément ce que tu me dis. Je sais que c'est loin d'être parfait mais c'est le genre de choses que je tente de faire ressentir aux gens quand j'écris donc je suis ravi si c'est ce que tu as un peu vécu à travers cette histoire.
[05:12:01] <Jeck]>
Mon bon op,
J’ai suivi cette fic avec passion. Elle qui dure quand même depuis 6 mois.
Je suis passé par toutes les émotions. J’ai bandé j’ai ri j’ai été triste mais surtout toujours impatient de retrouver les péripéties de Celestin.
Cette fin n’est pas celle qu’on attendait en tant que lecteur (ni le plan à 3 Ève/Célestin/Capucine) mais elle conclut très bien cette ficPs : on attend le moment ou tu dis que c’est autobiographique (et le dialogue final avec ton bro Jean Reynaud)
Ayaaaa oui je dois maintenant révéler que... Cette histoire n'est en rien autobiographique. Je n'ai pas de cousine sur laquelle j'ai rêvé (même pas un peu) ni rien de tout ça mais il y'a évidemment un peu de moi dans toute cette histoire. Oui il y'a pas mal de choses qui devaient être racontée dans cette histoire et qui n'a pas été fait. Il reste pas mal de secrets et de choses qui n'ont pas été révélées... Peut-être dans une suite un de ces jours, qui sait.
[22:55:21] <Yael24>
C'est la fin ???
T'aimes pas ?
Tu essuyais les larmes qui coulaient de son visage ou les traces de terre qu'elle avait sur les joues.
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- Eve !? Qu'est-ce qui t'es arrivée ?
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S'étonnait Capucine, à pied, en voyant son amie toute débraillée, les cheveux ébouriffés et le visage à l'envers mais étrangement enjoué. La voiture, elle, arriva en marche arrière et s'arrêta à proximité de vous.
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- Les gars. L'avion s'envole dans 15 minutes. Faut vraiment qu'on se grouille.
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T'interpellait le conducteur au perfecto dont les mastications féroces ne suffisaient plus à atténuer le stress.
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- Bon ma Belle, on s'appelle ce soir et tu me raconteras tout ce qui s'est passé d'accord ?
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Eve ne répondit pas.
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- Tu viens Célestin ?
- Je... Je pars pas.
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Annonçais-tu d'une voix contenue.
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- Tu crois que c'est le moment pour tes blagues de m*rde !? T'as pas intérêt à me faire rater mon vol. Je veux être en mode bronzette avant 16h alors bouge ton cul !
- Monte p*tain ! On a pas que ça à faire !
.
Capucine et ses amis perdaient patience. Tu comprenais leur agacement évidemment mais ça n'était rien face aux choses qui se passaient en toi.
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- Je... Je peux pas partir.
- Et on peut savoir pourquoi ?
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Te toisait-elle comme si aucune réponse n'aurait pu t'excuser. Ils te dévisageaient de la façon qu'on regarde un pestiféré les rares fois où on n'évite pas tout simplement de poser le regard sur lui. Pourquoi te jugeaient-ils alors qu'ils ne savaient rien, ces imbéciles, ces moutons, ces suiveurs millénaires qui guettaient, comme des vautours, la singularité pour mieux la raser. Depuis toujours, tu n'avais eu que du mépris pour ces individus, pour le genre humain tout entier à vrai dire. Ils ne valaient pas moins que des porcs. Pourtant, cette fois-ci, le poids de ces regards te paraissait plus lourds qu'à l'accoutumée. Pourquoi te sentais-tu si accablé. Pourquoi ta gorge se nouait ? Il suffisait de dire simplement que tu l'aimais, Eve ; et que tu voulais lui faire des enfants et vivre et vieillir à ses côtés parce que c'était la seule façon d'être heureux. Alors dis-le. Dis tous ces mots qui sont une évidence. Pourquoi ça ne sortait pas. Pourquoi ça ne sortait pas. C'est ta dernière chance pour que tout s'arrange et que ça n'arrive pas alors dis-le. Envoie chier ce monde déjà perdu et reste avec elle, ton unique salut.
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- Il a pas bougé depuis 2 minutes.
- Qu'est-ce qui lui arrive ?
- Capucine, t'as dégoté où ce bouffon ?
- ...
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Tu étais pétrifié, la gorge tellement resserrée que tu avais du mal à respirer. Tu savais ce que tu voulais mais il était impossible de l'accoucher en mots devant tous ces yeux qui ne comprendraient pas et qui ne voulaient pas comprendre. Si seulement ce monde pouvait brûler pour qu'il ne reste rien pour vous empêcher de vivre ensemble jusqu'à la fin. Eve et toi. Tu te retournais pour la regarder, elle et ses yeux encore mouillés, ses cheveux ébouriffés et son tee shirt dépareillé. Elle avait soulevé des montagnes pour te retrouver et malgré ton silence, elle te souriait. Elle savait, désormais, que tu ne trouverais pas la force de te découvrir, toi lâche par nature, mais elle te souriait comme pour déjà te pardonner de la plus lourde erreur de ta vie. Comme si tu ne le savais pas, tu te dis alors que c'était, plus que jamais, la plus belle femme du Monde au dehors comme au dedans et que tu ne la méritais pas. Tu ne méritais rien de toute façon.
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- Il a oublié ça.
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Montrait Eve.
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- C'est quoi cette m*rde ?
- Un torchon ?
- On dirait un bavoir.
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Elle tendait son bras au ciel dévoilant dans sa main son fameux tissu, celui qu'elle aimait tant mettre dans ses cheveux, celui qui devait régler ton envie d'elle mais qui l'avait au contraire développer. C'était il y' a pas si longtemps mais ça te paraissait une éternité.
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- C'est son doudou depuis petit. Il pleurerait toute la nuit sans.
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Inventait-elle d'une assurance telle qu'on aurait pu que la croire. Une telle habitude était si ridicule qu'elle ne pouvait que coller parfaitement avec toi. Dans la voiture, on se regardait du coin de l'œil, moqueurs et genés. Ils avaient déjà balayé tes espoirs de bonheur, ce n'était pas leurs rires qui te feraient davantage souffrir. C'est alors qu'Eve te tendit le vêtement.
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- C'est pour toi. J'y tiens alors tu me le rendras l'année prochaine. Toi qui voulais plus jamais revenir, maintenant tu es obligé.
- Eve...
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Dans son infinie bonté, elle te laissait encore une chance que ça se passe. Si tu ne trouvais pas la force de raconter cet amour aujourd'hui, tu l'aurais l'été prochain. Qu'on est présomptueux quand on a 16 ans de nous croire maître d'un temps qui nous échappe, parce qu'on ne peut savoir l'enfer que sera demain.
Tu attrapas le tissu sans lâcher sa main dans laquelle elle était cachée. Tu voulais sentir encore un peu ses doigts entre les tiens.
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- Cette nana, c'est pas censé être sa cousine ?
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S'étonnait-on à l'intérieur de la Renault.
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- Bah si.
- Alors pourquoi ils se tiennent la main ? C'est carrément bizarre.
- T'abuses. On se faisait pleins de câlins avec mon cousin quand j'avais 6-7 ans.
- Ils en ont presque le triple. Vivement qu'on se tire de cet endroit sordide...
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Se désespérait-il pendant qu'à l'extérieur, Capucine s'agaça.
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- Maintenant que gros bébé a son doudou, on peut y aller ou il a besoin qu'on lui donne le sein ?
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Les autres gloussèrent.
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- Je dois y aller.
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Déclarais-tu à Eve la mort dans l'âme.
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- Je sais.
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Chuchotait-elle d'une voix apaisante et maternelle. Elle n'avait plus quitté son sourire depuis qu'elle avait compris que c'était la fin. Ça ne servait à rien de pleurer de toute façon, il fallait seulement être heureux d'avoir vécu quelque chose d'un peu beau. '
Vos mains se détachaient. Tu serrais son tissu autour de ton poignet et reculais lentement. Tu voulais, tant que tu le pouvais, avoir en mémoire encore de son visage rosé, de sa peau laiteuse, de ses grands yeux d'enfants, de ses cheveux volants au vent.
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- Passe de bonnes vacances ma poule.
- Vous aussi et prenez soin de lui. Des comme lui, je n'en ai qu'un.
- Promis.
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Capucine disparut dans la voiture. Puis ce fut ton tour. Eve et toi continuiez de plonger vos yeux dans l'autre, séparés par la vitre arrière.
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- C'est parti.
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https://youtu.be/ZPtQWm2QmXI
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La voiture démarrait pour de bon. Eve souriait de plus belle, d'un sourire heureux et ému. Elle faisait un cœur avec ses doigts. Tu fis de même pour lui dire pardon, pour lui dire je t'aime, pour lui dire que tu serais toujours à elle. La voiture continuait d'avancer, rien ne pourrait l'arrêter maintenant. Le destin funeste était en marche mais Eve souriait, de son sourire tendre et beau qu'elle tenait depuis enfant. Ce fut maintenant quelques dizaines de mètres qui vous séparaient mais vous continuez à vous faire signe par ce cœur éternel. Bientôt ce fut le Monde qui se mit entre vous pourtant tu la reconnaissais encore au loin comme une lumière qui brille dans la nuit infinie. Et, avant qu'elle ne disparaisse définitivement, alors qu'elle croyait sûrement que tu ne la voyais plus, une détresse absolue, tu la reconnus, marquait son visage. Une détresse qu'elle avait pourtant réussi à retenir jusqu'à maintenant. Ça te fila un vertige fou. Qu'est-ce que tu avais fait ?
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- Tu verras, ce sera bien.
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Dit Capucine tentant hasardeusement de te réconforter. Malgré ses difficultés pour se mettre à la place de ses pairs, elle avait sans doute, ressentit l'état de catastrophe dans lequel tu te trouvais.
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- Je ne serai plus jamais heureux.
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Décretais-tu comme une condamnation irrévocable à ta lâcheté crasse en pressant entre tes doigts ardemment le vêtement d'Eve. Ce tissu que tu presserais pour le restant de tes jours de sorte à la ressusciter par l'extraction de son essence emprisonné dans ces mailles. De son odeur de jasmin, des boucles de ses cheveux, de son rire sans mesure, de son nez retroussé, de ses oreilles décollées, de sa beauté, de son intelligence, de son humour, de son regard, de sa tristesse et de tout le reste, il ne restait que ce tissu. En tentant de fuir, tu l'avais condamné. Il ne passerait plus un seul instant sans que tu ne demandes ce qu'il se serait passé si tu étais resté. Elle t'avait pourtant prevenu qu'on ne pouvait jamais vraiment quitter cet endroit perdu entre les âges, où les secrets gouvernaient les habitants, où les regrets rongeaient les vivants. Ta vie s'était terminée à l'instant où tu avais lâché sa main. La mort ne t'offrirait ni rémission, ni échappatoire. Qu'importe où tu te trouverais, elle n'y serait plus. Tu venais de perdre ton cœur. Et par dessous tout, tu avais renoncé, à jamais, au paradis. À ton Paradis.
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R.E.M. Fin.
Mes jambes s'emballent sans que je puisse les contrôler. À peine le temps de s'en rendre compte que je me retrouve hors de la chambre entre 2 battements de cils. Ma queue de cheval s'agite malgré le tissu dans lequel mes cheveux sont emprisonnés. Je dévale les marches à vitesse grand V enflammée d'un courage nouveau qui prend source dans ce puit infini qui agite ma poitrine. Célestin, ne pars pas. Je ne veux pas être réfléchie, je ne veux pas être raisonnable, surtout pas pour plaire à tous ces fous. Je sacrifierai le monde pour n'être qu'avec toi.
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- Eve !?
- Ils sont où ? Où est Célestin ??
- Ils viennent de partir.
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On voyait la Renault quitter l'horizon.
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- Célestin tenait à te voir avant de s'en aller mais tu ne répondais pas.
- Ça se peut pas. Il peut pas partir comme ça.
- C'est pas grave Eve.
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S'étonnait-on face à l'empressement étrange de l'adolescente.
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- Non il a pas le droit.
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https://youtu.be/t70BxxOhj-g
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Eve escalada la barricade qui séparait sa maison du terrain des voisins. Elle passa devant la balançoire, évita les jeux d'enfants qui traînaient sur sa route et sortit du domaine. Ça débouchait sur la colline que tous les véhicules quittant le quartier résidentiel devaient contourner pour s'engager sur la nationale. En théorie, prendre la colline constituait un raccourci, en pratique, jamais Eve n'avait réussi à s'imposer dans une seule de ces courses face aux autos malgré les innombrables fois où elle s'y était tentée avec Célestin quand ils étaient petits. Alors souvent elle se posait à son sommet et regardait les voitures passer dans ce son sourd et filant pendant que Célestin, malgré la défaite annoncée, mettait toute la bonne volonté du monde à arriver en bas avant une des voitures qu'il avait pris pour cible, sans succès. Mais cette fois elle ne voulait pas observer, elle voulait faire. Reprendre en main son destin et transformer la tragédie qu'avait été sa vie en quelque chose de jolie. Alors elle grimpa la colline écorchée à chaque pas par les épines et les roseaux. C'était dur mais ça en valait la peine et malgré l'inclinaison de plus en plus abrupte du massif, elle ne ralentissait pas. L'envie de le voir nourrissait son espoir et la guidait dans cette quête de l'impossible. Elle se sentait toute puissante maintenant et même si elle l'avait déjà compris, elle sut que son cœur n'était pas étranger à cet état de transe. Simplement, elle aimait.
Le sommet passé, il ne restait plus que la descente. La voiture de Célestin ne l'avait pas encore dépassé. Une descente et elle l'aurait rejoint. Elle lui dirait tout et il resterait avec elle le temps de l'été, le temps de sa vie. Elle s'empressait tellement à scinder ses hautes herbes que ses jambes ne suivirent plus. Elle réussit à se reprendre à deux reprises mais une nouvelle précipitation fut fatale à sa cheville fragile. Elle trébucha et roulait le long du coteau cognant les pierres quand elle n'était pas griffée par les aiguilles. Cette chute durait jusqu'à n'en plus finir, elle tentait bien de ralentir sa course en attrapant les branches de buis qu'elle arrivait à saisir mais ils cédaient toujours sous sa vitesse et son poids. Un mauvais coup et il en serait fini d'elle, ça lui faisait peur. Ce drame n'eut pas lieu, elle s'écrasa au pied de la colline, le corps endolori comme si un 33 tonnes venait de l'écraser. Son chignon n'avait pas résister à la chute et son tissu traînait sur le bitume. Elle souffrait le martyr surtout à cette côte gauche qu'elle s'était probablement fêlée. Allongée et respirant difficilement, elle accusait le coup de n'avoir pas été prudente quand un vrombissement étrange grondait à côté d'elle. La voiture. Elle venait de passer.
Elle tendit son bras sanguignolant vers cet espoir qui toujours plus loin s'éloignait. Elle le tendait autant qu'elle le pouvait parce que c'était la dernière façon qu'elle trouvait pour se rapprocher de ce rêve qui filait entre ses doigts.
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- Célestin.
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Sanglotait-elle sentant ses forces la quitter. La voiture s'éloignait.
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- Célestin.
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Crachait-elle du souffle pénible qui tirait sur sa côte en morceau. Mais la voiture s'éloignait.
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- Célestin !
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Criait-elle en cherchant par tous les moyens à se relever malgré les relents de ses maux. Mais la voiture s'éloignait.
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- Célestin !
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Répetait-elle comme un refrain qui relançait son coeur et lui donnait la force de combattre la douleur. Mais la voiture s'éloignait.
.
- Célestin !!!! Célestin !!! Célestin !!!!
.
Hurlait-elle de tout son souffle, de tout son coeur. Toute la ville aurait pu entendre ce cri absolu de vie. Et la voiture s'arrêta. Et quelque chose en sortit. Une ombre. Une silhouette. Un garçon. Célestin.
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https://youtu.be/ZPtQWm2QmXI
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Tu courrais jusqu'à voler vers elle écroulée près du bitume. Ses jambes l'avaient lâchée de fatigue pendant que des pleurs infinis déformaient son visage épuisé et ému. Tu avais déjà parcouru 10 mètres peut-être ou le centuple, les secondes étaient des siècles, chaque pas des années lumières, qu'importe, elle était là devant toi et c'est tout ce qui comptait. Dès que tu fus assez près, tu sautas sur elle et la pressa contre toi, le plus férocement possible. Tu ne pensais plus jamais sentir son parfum de jasmin, la douceur de ses cheveux, ses joues brûlantes et sa peau et ses reins. Tu embrassais chaque parcelle que tes lèvres pouvaient atteindre. Eve mourait d'envie de te dire tout ce qu'elle avait sur le cœur mais elle préférait profiter de tes baisers et se laisser aimer.
Sur cette route oubliée où les vies se suspendaient, plus rien d'autre ne comptait. Il n'y avait que vous deux et cette chose ineffable qui vous liait depuis le début et pour toujours. Tu le savais depuis longtemps mais c'était sûr maintenant. Jamais tu ne pourrais partir et vivre loin d'elle parce qu'elle était ton coeur, parce qu'elle était ta vie.
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- Tu vois, j'ai pas peur.
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Chantonnait-elle haletante entre deux étreintes passionnées. Au bord de cette route où l'avenir devait être radieux, vous continuiez à savourer, corps contre corps et affamées de l'autre, cet instantanée à n'en plus finir. Ça aurait pu durer des heures si vous n'entendiez pas le bruit du moteur approcher. Les autres revenaient.
- T'es sûr d'avoir pris tout le nécessaire ? Et ton passeport ? Et ton carnet de santé ? Joseph, on a oublié son rappel pour la rougeole !
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S'inquiétait ta mère submergée d'émotions.
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- Calme toi Annelle, je t'en prie...
- Tu vas arrêter de me dire de me calmer !? Célestin, sors ta valise de là. On va tout reprendre depuis le début.
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Tu la regardais tendre et gêné, s'agiter de devoir te laisser vivre ta vie d'homme. Capucine et Zala n'en rataient pas une miette et se gaussaient de toi, congénitales chipies.
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- J'ai tout. Je t'assure. J'ai fait attention.
- Tu es tellement tête en l'air... S'il y a quelque chose, la moindre chose, tu m'appelles et je viendrai. Ne te couche pas trop tard. Et ne t'éloignes pas du bord de plage. Et t'as pas intérêt à commencer à boire tu m'entends ?
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Rencherissait-elle. Son parler s'accélérait et se désaccordait, l'émotion qui la prit était trop forte pour être maitrisée.
Elle aurait tellement voulu t'avoir seulement pour elle encore peu. Hier tu quittais ses entrailles et aujourd'hui tu partais du foyer.
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- Et voilà qu'elle pleure...
- Toi ça va !
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S'emportait-elle. Si ça ne tenait qu'à toi, tu l'aurais serrée dans tes bras pour la consoler mais tu voulais faire homme devant Capucine et ses amis et tu croyais, ridicule, que ça passait forcément par une froideur désinvolte et taquine.
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- On se voit dans 19 dodos de toute façon. C'est pas la mort.
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Lâchas-tu en posant sur son épaule une main vaguement chaleureuse. Elle s'essuya les larmes en passant sa main sur son visage le temps de reprendre un peu ses esprits avant de t'embrasser. Tu aimais tellement son parfum de muscade. On lui fournissait depuis des siècles par la main d'un fidèle ami. Sa silhouette en dentelle voulut te presser ardemment contre elle d'une force qu'elle n'avait jamais eu pour avoir un peu de toi sur elle au moins jusqu'à fin août. Elle t'embrassa en appuyant de toutes ses lèvres sur tes joues charnues comme elle le faisait toujours tendrement aussi loin que tu t'en souviennes, comme elle le faisait maintenant pour la dernière fois.
Elle mit quelques instants à se détacher de toi mais dès la séparation, elle baissa la tête pour éviter qu'on la voit craquer. Ça semblait agacer ton père qui ne voulait en rajouter à ces au revoir qui lui semblaient déjà trop mélo alors il se contentait de t'attraper férocement les bras comme pour te donner de la force. Tu en aurais besoin. Les mecs ça pleure pas, ça bombe le torse et ça prend la route, sans partager ses peurs ni sa reconnaissance même envers celui qui nous a porté avant le monde. Puis vient le jour où tout fout le camp avant qu'on ne s'en rende compte et il nous reste seulement le poids de toutes ces choses qu'on n'a jamais dit, ces éternels regrets.
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- Eve est pas là ?
- Si, elle est dans sa chambre.
- Elle vient pas nous dire au revoir !?
.
Tu haussais les épaules par démonstration d'un détachement forcé un peu, par dépit surtout.
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- Elle peut pas s'empêcher de faire la diva... Partons. Ne lui donnons pas l'attention qu'elle veut.
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Capucine et Zala saluaient tes parents avant de s'éloigner pour rejoindre la voiture qui se lassait d'attendre.
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- Tu viens ?
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T'assenais ta belle brune quand elle voulut entrer dans la voiture et qu'elle vit que tu restais planté là à regarder vers la maison. Quelques cailloux se tenaient à tes pieds, tu en ramassas une belle poignée. D'un pas sûr tu te rapprochais de l'habitation.
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- Qu'est-ce qu'il fait ?
- Ahhhh !
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Ton premier lancée tapa les pavés en dessous de la fenêtre. De même pour le deuxième. Puis tu poursuivis les tirs avant d'avoir enfin la bonne trajectoire pour frapper jusqu'à la chambre d'Eve. De toutes tes forces, tu lançais ces cailloux qui feignaient à chaque fois de briser la fenêtre. Eve voulait se cacher mais elle devrait te faire face et te voir partir vu que c'est qu'elle voulait. Pourquoi devrais-tu être le seul à souffrir. Ton cœur saigne de ne pas la voir une dernière fois et elle se cache comme si de rien était, comme si pour elle tu n'étais rien. Pauvre de toi, pourquoi a-t-il fallu que tu sois éperdu d'une fille aussi cruelle que ça.
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- Célestin qu'est-ce que tu...
- ...
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Qu'importe ce qu'on te dirait, tu continuerais à lancer ces cailloux. Qu'elle sache que tu partes. Fallait donc que tu brises cette fenêtre pour qu'elle se montre ? Alors tu le ferais. Tu ne partirais pas sans l'avoir vu. Tu voulais te perdre une dernière fois dans son regard avant de partir. Juste une dernière fois.
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- Eve je t'en supplie, regarde-moi.
.
Tu ramassas une ultime poignée de pierre, de sable et d'adieux que tu lanças en entier vers sa fenêtre. La poussière s'écrasa sur la vitre d'un bruit lourd. Elle avait forcément du entendre. Mais là encore elle ne se montrait pas. La fenêtre n'avait pas cédé mais elle était maintenant opacifiée d'impacts et de dépôts. Tu avais tout tenté mais Eve s'en foutait.
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Ça m'a fait tellement peur. On aurait dit des grêlons. J'ai bien essayé de me replonger dans ce livre, Bonjour Tristesse, que j'avais lu mille fois mais je ne peux pas. Célestin sait y faire pour me taper sur les nerfs. Ses pierres sur la vitre tapent jusque dans mon cœur. Le drame de ma vie se joue en cet instant où je veux faire l'aveugle. Pourquoi continue-t-il à s'acharner comme si quelque chose pouvait être sauvé. Pourquoi faut-il toujours qu'il rende les choses impossibles. Même en couvrant les fracas par le son de cette ballade, je sens ces cailloux gronder ; ça résonne en moi comme un tambour. Je dois résister jusqu'à ce qu'il soit loin. Ainsi je serai débarrassé de mes doutes une fois que le sort aura choisi pour moi. Il faut simplement que j'attende, que j'attende que ça passe. Peut-être qu'il m'en veut mais je fais ça aussi pour lui. On ne peut se lancer dans quelque chose qui forcément finira mal même si on en meurt d'envie. La raison vaut mieux que le coeur. Mais imagine qu'il ne vienne plus jamais comme il m'avait prévenu. On se serait quitté sans un mot tendre, sans un regard comme si, pour l'autre, nous n'étions rien. Impossible. Il m'aime trop pour me rayer de sa vie mais je ne veux pas qu'il m'aime et je ne veux pas l'aimer. Mais il tape plus fort martelant mon cœur prêt à céder. J'ai les mains moites, je frissonne ; qu'il arrête et qu'il parte, c'en est assez. Il m'avait pourtant promis de me laisser. Bouleverser ma vie ne lui a pas suffi ? Et voilà que je doute tremblante comme une petite fille sans que ça ne puisse s'arrêter. Il faut que je m'éloigne de cette fenêtre avant de céder à cette envie démesuré de le voir encore un peu. J'écrase mes mains contre mes tempes jusqu'à avoir mal mais rien n'y fait, j'entends les pierres gronder. J'ai l'impression que c'est pire. Ferme les yeux et ça passera. C'est dur, ça fait mal mais ça passera. Ça passe toujours de toute façon.
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https://youtu.be/N_QiBDGJ__4
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Je rouvre les yeux quand vint enfin la solitude du silence. La pluie de pierre s'est arrêter et il n'y a plus un son à l'extérieur à part l'agitation des feuilles qui sert de bruit de fond, terrible et éteint.
Les pierres ne tombent plus mais j'entends encore cette chose battre la chamade. C'était déjà fort quand il était tout près, c'est pire maintenant qu'il est loin. Pourtant ça devait s'arrêter dans la juste logique des choses. À quoi bon qu'il s'en aille si ça ne résout rien. Je veux qu'il parte mais j'ai besoin de lui. Quelle ivresse, quel malheur, mon âme est perdu entre deux feux infinis. Qu'importe l'issue, elle se fera sur des cendres mais je dois au moins le voir. Il est parti en pensant que je le sacrifiais pour une vie qui me tue. Ne pars pas, Célestin. Je t'en supplie, ne pars pas.
Cette voix, ce cri en toi t'ordonnait d'avancer malgré l'obscurité. À l'aveugle, les coups de marteau te guidaient. Plus que 3 pas et il en serait fini, plus que 3 pas et tu le massacrerais. 1... 2...
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- Il y'a quelqu'un !?
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Comme un éclair qui traversa tout ton corps, ces mots te bousculèrent. On venait de t'extirper d'un long rêve dans lequel tu n'étais plus maître de toi même. Pourquoi tenais-tu ce marteau ? Et ton crâne qui te faisait si mal... Tout sonne comme un trou noir. Les derniers souvenirs dont tu te rappelais remontaient au moment où tu étais allongé sur ce lit à penser au plus long voyage de ta vie. Mais ta compagne n'était pas Capucine et la destination n'était pas Marbella. C'était bien plus loin. Au delà du bout du monde. Pourquoi ton corps tremblait d'une rage provoquée par ton oncle ? À qui appartenaient ces souvenirs étranges qui agitaient tes tripes et surtout d'où venait cette pulsion de tuer ? Ça t'effrayait et le marteau glissa de ta main sans que tu ne t'en rendes compte.
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- Célestin.
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Une voix grave s'éleva. Elle tonnait différemment par la reverberation particulière du garage. Se révélait bientôt une masse informe qui se dressa jusqu'à toi. On devinait vaguement les contours de son visage dans cette obscurité troublée parfois par la lampe crachotante qui pendait du plafond.
Il tenait en main le morceau de carrosserie qu'il venait d'arracher. Les lignes de coupe étaient si propres, si parfaites. Comment arrivait-il à réduire si facilement en pièces de la tôle ? Les morceaux s'écrasèrent au sol dans un son d'outre tombe. Sa main apparut alors comme enveloppée d'un voile étrange pour attraper la serviette qui trainait là, sur la carcasse de la bagnole puis il s'épongea. Les râles qu'il faisait pour s'éclaircir la gorge te crispèrent davantage. Après un long silence, il t'interpella.
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- Qu'est-ce que tu fais ici ?
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Demanda Hector en reprenant son entreprise de sciage sur quelque chose qui lui résistait davantage à en croire le bruit assourdissant de chacun de ses mouvements.
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- Je te cherchais...
- Tu n'es pas avec Eve ?
- Non...
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Pourquoi te parler d'elle ?
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- Pourtant elle était dans ta chambre quand je me suis réveillé.
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Une sueur froide si intense et si brutale te saisit que ton corps, par instinct de survie, s'obligeait à monter en température pour éviter de te faire trembler.
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- Oui... Elle... m'aidait à faire ma valise...
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Te défendais-tu sans trop y croire. Alors surgit l'oeil d'Hector révélé enfin par la lumière orangée et étrange qui le surplombait. De part la faible intensité de l'éclat qui renforçait les ombres et déformaient les courbes, son arcade avait triplé de volume, son globe feignait de sortir de son orbite quand ses nerfs rouges sang qui marquaient sa sclérotique accusaient des nuits d'insomnie. Doublé de sa prestance écrasante qui te faisait sentir petit, il semblait t'accuser de la plus grave des fautes. Gêné comme un enfant qui, après une grosse bêtise, s'agite constamment quand il se sait piéger, tu regardais ailleurs pour ne pas l'affronter mais qu'importe où tes yeux fuyaient tu ressentais son oeil qui sait tout ne jamais te lâcher.
S'il avait continué à te fixer, tu aurais pu t'effondrer de fatigue et de peur. Mais le visage d'Hector retourna dans cette obscurité étrange mais moins terrifiante que son regard intrinsigeant.
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- Où comptes-tu aller ?
- Je... Je pars à Marbella aujourd'hui. Avec Capucine.
- Capucine. La Capucine d'Eve ?
- Oui... On s'entend plutôt bien alors elle m'a invité.
- Tu pars ce soir ?
- Non... dans quelques minutes... S'ils veulent bien se dépêcher d'arriver... C'est pour cela que... Je suis là... Pour te dire au revoir.
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Hector continuait de scier dans un bruit qui t'était maintenant insupportable. Tu tentais tant que tu pouvais de te concentrer sur autre chose que sur ses horribles frictions mais rien n'y faisait. On aurait dit des cris, des supplications venus d'un autre monde. Tu écrasas tes mains sur tes 2 oreilles pour ne plus les entendre avant de devenir fou. Pitié que ça cesse.
Il attrapa alors la lampe au dessus de lui. On voyait enfin son visage tout entier sans ombre dégrossi, sans jeux de lumière oppressant. Juste lui et ses traits qui se détendaient enfin en quelque chose de plus humain.
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- Et bien amuse-toi.
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Prononçait-il d'une voix presque chaleureuse et d'une expression d'une tendresse sincère.
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- Célestin ! Tes amis sont arrivés.
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S'emballait ta mère en criant assez fort pour que tu l'entendes depuis l'endroit où elle se tenait.
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- Je crois que c'est l'heure.
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Dis-tu pour te donner de la force.
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- ...
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Longtemps tu avais hésité à lui en reparler mais c'était la seule fenêtre qu'il te restait pour revenir sur cette chose qui t'avait agité durant de longues journées.
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- Je... Je tenais aussi à te remercier pour ce que tu as fait... Cette nuit-là... On en a jamais reparlé et mes souvenirs sont flous mais je sais que si tu n'avais pas été là, Damien m'aurait tué... Alors merci oncle Hector.
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Quand tu prononças ces mots, l'expression d'Hector changea. Il était pensif et incertain. D'un geste de recul, il replongea dans cette obscurité qui le caractérisait tant avant que, bientôt, le bruit du marteau ne reprenne.
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- Je... Je vais y aller. J'espère qu'on passera les vacances d'été tous ensemble l'année prochaine !
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Déclarais-tu d'un aplomb forcé pour cacher la gène que provoquait cet étrange échange. Tu pensais que ton oncle allait au moins appuyer tes dires mais ce fut le silence qui sonnait comme réponse.
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- Ne fais pas attendre tes amis.
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Prononçait-il finalement d'une voix sentencieuse et irrévocable qui te glaça le sang. Puis les coups de marteau reprirent, comme des clochers. La fin des vacances avait sonné. Avant de sortir du garage, tu ne pus t'empêcher de jeter un œil vers l'endroit où ces terribles sons venaient espérant reconnaître une dernière fois le sourire, le visage ou la silhouette de ton oncle mais tu ne vis que l'opaque et inévitable obscurité.
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https://youtu.be/fs4xIP2Z6Oc
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Dehors, on entendait les hirondelles chanter comme en début d'été, pourtant les arbres perdaient déjà leur première feuille. Septembre n'était plus très loin. Capucine et son jean remonté jusqu'au nombril se tenait sur le pas de la porte. Elle jouait avec les bretelles de son débardeur et échangeait quelques mots avec tes parents. Zala était tout près. Elle semblait ailleurs. L'air des hauteurs ne lui réussissait pas. Il y'avait cette voiture aussi, une Renault 30 vert bouteille et le ronronnement de son moteur négligé sur lequel était accoudé, chewing-gum à la bouche, un type, qui n'avait de James Dean que le perfecto et une nana qui tapait du talon de ses énormes bottines sur le goudron inintéressée par les dires de son voisin qui y mettait pourtant les formes.
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- Voilà la star.
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Se moquait ton père sans que tu n'eus l'envie de renchérir, tu étais déjà assez préoccupé. En parlant de ça, tu avais pensé toute la matinée à ce moment mais pas à la façon dont tu allais saluer Capucine. Comment devait-on s'y prendre avec une presque petite amie sous le regard avisé de ses parents ? Ça devait déjà être assez compliqué comme ça avec une amie ou une copine alors quoi faire dans cet entre-deux batard ? C'était dans ces moments-là que tu espérais que l'expérience de Capucine ne vous évite de telles embarras mais elle était aussi gauche que toi dès qu'il fallait traiter même de loin des choses de la vie de couple. Vous enchaîniez les tentatives d'approches et les grandes reculades, les mous et les fausses embrassades avant d'opter par la force des choses pour une bise conventionnelle. C'était pas si compliqué... Capucine fit un pas de côté un peu honteuse de votre cirque en public. Tu en profitas pour saluer d'un geste tes futurs compagnons.
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- T'aurais pu répondre à mes messages...
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Lui gromelais-tu pour qu'elle soit la seule à te comprendre devant tous ces yeux qui vous fixaient.
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- Zala a eu la nausée durant toute la route. J'avais autre chose à foutre que de te faire la conversation...
- ...
- Oh ! On bouge !? Faudrait pas qu'on rate l'avion.
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Hurlait ce type entre 2 mastications qu'une vache n'aurait pu imiter.
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- P*tain, t'es obligé de crier comme ça...
- Je vais ranger ta valise.
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Malgré la fatigue, ton père plus bienveillant que jamais se décarcassait pour l'engouffrer dans ce petit coffre. Dans un autre contexte, tu l'aurais remercié mille fois mais ton esprit était ailleurs. Tu étais planté là, au beau milieu de l'allée à fixer cette fenêtre du premier étage. La fenêtre de la chambre d'Eve. Tu guettais là un visage, un reflet qui attesterait de sa présence. Quelque chose passa à un moment donné, on aurait dit une ombre diffuse mais elle disparut l'instant d'après. C'était pourtant toi qui lui avais ordonné de ne pas t'adresser un dernier au revoir mais tu avais espéré dès l'instant que tu l'avais dit que son esprit rebelle l'aurait emporté.
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- Ça devrait plus bouger maintenant.
- Vous êtes sûrs ? J'arrive même pas à fermer le coffre.
- Il suffit de forcer un petit peu... Comme ça
- Y'a eu un bruit bizarre non ? Comme si un truc s'était cassé...
- Puisque je te dis que tout est en ordre.
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Pas le temps de polémiquer, ce type se rangea du côté de ton père et s'engouffrait à la place conducteur. L'autre nana le suivait au pas. On pouvait les voir vérifier les rétros et faire ronronner le moteur de la caisse. Le moment était venu de partir.