Je rappellerais que l'Eglise catholique avait dissoute l'association "les amis d'Israël"
L'Opus sacerdotale Amici Israel est une association internationale fondée à Rome le 24 février 1926 avec pour objet la prière pour les juifs et l'apostolat en vue de leur conversion. Dès la première année de son existence, y adhérèrent 18 cardinaux, 200 évêques, et environ 2000 prêtres. La première mission que se donna l’association consistait à faire supprimer le mot perfidis qui qualifiait le peuple juif dans la prière du Vendredi saint. Cette réforme fut rejetée par la Curie et l'Opus fut dissous par le Saint-Office en mars 1928.
La création des Amici Israel intervint dans un contexte où les espérances sionistes étaient très présentes. En 1917 avait eu lieu la déclaration Balfour par laquelle le Royaume-Uni se déclarait en faveur de l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif.
Certains catholiques y virent un signe encourageant, et prônaient une « amitié catholique-sioniste » qui pourrait faciliter la conversion des juifs1, dans l'esprit de la théologie de la substitution prévalant à l'époque. Jacques Maritain arguait alors qu'« un témoignage catholique de sympathie pour le sionisme aurait une grande influence sur bien des jeunes Juifs, travaillés par la grâce de Dieu et qui seraient prêts à demander le baptême s’ils ne pensaient pas renier par là les intérêts de leur race et de leur nationalité »1.
Un « rapport sur le sionisme », rédigé par Louis Massignon et Maritain, fut soumis en ce sens à Pie XI, en 1925, qui recommanda la réserve1. Le pape ne souhaitait pas l'implication directe des catholiques ou du Saint-Siège en faveur de la cause sioniste, et conseillait à Maritain de garder une attitude prudente2.
L'Opus sacerdotale Amici Israel fut créé le 24 février 1926, avec pour objet la prière pour les juifs et l'apostolat en vue de leur conversion. Cet apostolat était aussi représenté, à l'époque par d'autres mouvements, comme la Congrégation de Notre-Dame de Sion, fondée en 1852 et l’Association de Prières pour IsraëlNote 1, qui existait depuis 19032,3. L'Opus sacerdotale Amici Israel avait à sa tête un prêtre néerlandais, Anton Van Asseldonk4, procureur général de l'ordre des Croisiers à Rome2. Franceska van Leer, juive convertie au catholicisme, eut également de l'importance lors de la création de l'association ; elle la fit connaître par de nombreuses conférences, qui apportèrent également un financement2.
D'emblée, l'association bénéficia du soutien de plusieurs cardinaux de la Curie, dont le cardinal néerlandais van Rossum, préfet de la congrégation pour la propagation de la foi, et de théologiens comme Réginald Garrigou-Lagrange5.
Dès la première année de son existence, y adhérèrent 18 cardinaux, 200 évêques, et environ 2000 prêtres. Deux ans plus tard, l'association comptait 19 cardinaux, 300 évêques et 3000 prêtres2.
Les projets de l'Opus sacerdotale étaient exposés dans des brochures écrites en latin et diffusées dans le clergé. L'idée de convertir les Juifs au christianisme y était également incluse ; il s'agissait pour supprimer les obstacles à cette conversion de « propager les idéaux du sionisme parmi les catholiques6 » tout en appelant les catholiques à un « apostolat fondé sur l'amour et la charité7 ».
La Congrégation pour la doctrine de la foi décida de dissoudre l'association (25 mars 1928) et d'imposer une rétractation aux principaux partisans de la modification liturgique, y compris le futur archevêque de Milan, le cardinal Schuster2. Pie XI voulut pourtant, pour autoriser cette décision, que fût incluse une ferme condamnation de la haine envers les Juifs :
« Comme il réprouve toutes les haines et les animosités entre les peuples, le Saint-Siège condamne résolument la haine contre un peuple déjà élu par Dieu, haine qu'aujourd'hui on désigne vulgairement sous le nom d'antisémitisme15 »Note 2.
Peu après la dissolution, deux articles de commentaires sur la décision du pape, et signés Enrico Rosa (it) (1870-1938), parurent dans Civiltà Cattolica16 et L'Avvenire d'Italia17 - deux sources catholiques autorisées. Rosa condamne la « forme non chrétienne d'antisémitisme » fondée sur la « race » ce qu'il considère comme « mauvais », mais il met également en garde contre l'excès inverse dans lequel seraient, selon lui, tombés les Amici Israel. Il appelle à garder une « saine perception du danger que constituent les Juifs » pour le bien du peuple catholique, en raison de leur influence politique et culturelle croissante et pour avoir été les guides des grandes révolutions qui, depuis 1789, auraient persécuté l'Église18.