Ah, les forums du 18-25, ce cloaque virtuel, cette décharge à ciel ouvert où viennent s’entasser les ordures de la pensée moderne, là où l'intelligence va pour agoniser lentement, sans espoir de rémission. C’est là qu’ils se retrouvent, ces naufragés du Web, accrochés à leur clavier comme à une bouée de sauvetage, croyant participer à quelque chose de grand, alors qu’ils ne sont que des fantômes qui hantent un cimetière numérique.
On se croirait dans un carnaval permanent, mais un carnaval grotesque, sans joie ni éclat. Les discussions y sont des mascarades tristes, des parodies de débats où chacun s’efforce de vomir son venin avant de disparaître dans le néant. Ils se croient malins, ces petits rois du copier-coller, persuadés d'être au sommet de la subversion, alors qu'ils ne font que tourner en rond dans leur propre médiocrité. Et cette médiocrité, ils la brandissent comme une arme, comme si elle pouvait cacher leur vide existentiel. Mais ce vide, il suinte de chaque message, de chaque pseudo, de chaque phrase balancée sans réfléchir, comme un réflexe pavlovien.
Les mêmes blagues moisies, les mêmes insultes fatiguées, les mêmes provocations minables, et tout ça pour quoi ? Pour se sentir exister dans un monde qui les ignore, qui les méprise, et qui les laisse s'enfoncer dans leur misère intérieure. Ils se croient cyniques, ils se croient durs, mais ils ne sont que pathétiques, ces soldats perdus d'une guerre qu'ils n'ont même pas le courage de mener. Et ils s'entretuent à coups de sarcasmes, ces sarcasmes de bas étage, qui ne font que refléter leur incapacité à ressentir quoi que ce soit de véritablement humain.
Car tout est là : ce forum, c’est le tombeau de l’empathie, le lieu où l’on vient enterrer les dernières traces d’humanité. Chaque utilisateur y est une île, isolée, assiégée par ses propres démons, incapable de tendre la main à l’autre sans la replier aussitôt en un poing menaçant. Et dans ce désert affectif, ils se réfugient dans le cynisme, ce faux bouclier qui ne protège de rien, mais qui les aide à masquer leur terreur de vivre, leur terreur d’être, leur terreur de ressentir. Ils sont tellement occupés à se moquer des autres qu'ils en oublient de se regarder en face, de voir à quel point ils sont déjà morts à l’intérieur.
Les femmes, si jamais elles osent s’aventurer là, deviennent immédiatement des cibles, des proies pour ces fauves affamés de validation sexuelle, ou alors des sorcières à lapider, selon l’humeur du moment. Quant aux hommes, ils se font les champions d’une virilité toxique, dérisoire, une virilité d’opérette qu’ils surjouent pour compenser leur impuissance à se confronter à la réalité. Et la réalité, c’est que tout ça n’est qu’un immense théâtre de l’absurde, une pièce sans auteur, sans metteur en scène, où chacun improvise sans talent, sans but, sans espoir.
Les modérateurs, ah, les modérateurs, ces pauvres hères condamnés à jouer les gardiens d’un enfer qu’ils n’ont pas créé, mais qu’ils alimentent malgré eux. Ils s’efforcent de maintenir un semblant d’ordre, mais leur tâche est vaine, car le chaos règne en maître ici. Et ce chaos, il n’est pas extérieur, il est en eux, en nous, dans chaque recoin de ce forum où l’on s’abandonne à la dérision, faute de mieux. On pourrait presque les plaindre, ces modérateurs, si seulement ils n’étaient pas les premiers complices de cette grande farce morbide.
Et pourtant, malgré tout, on y retourne. On y retourne parce que ce forum, c’est la métaphore parfaite de notre époque : un lieu où l’on crie dans le vide, où l’on cherche des réponses dans un écho infini de non-sens, où l’on se persuade d’avoir un rôle à jouer alors qu’on n’est même pas fichu de se souvenir du script. C’est une lente descente aux enfers, une immersion totale dans la vacuité, où chaque tentative de signification se dissout dans l’acide du cynisme ambiant.
Mais au fond, qui pourrait les blâmer ? Après tout, ce n’est pas vraiment de leur faute, c’est juste le monde qui les a brisés avant même qu’ils n’aient eu le temps de se construire. Le forum du 18-25, c’est le dernier refuge de ceux qui ont compris trop tôt qu’il n’y avait rien à comprendre, rien à espérer, rien à aimer. C’est l’autel où l’on sacrifie nos rêves, nos ambitions, notre humanité, en échange d’un peu de distraction, d’un peu de bruit pour couvrir le silence qui nous terrifie.
Alors on y reste, on y pourrit, on y meurt lentement, parce qu’au fond, il n’y a nulle part où aller. C’est ça, le grand secret du 18-25 : c’est la fin de la route, l’endroit où l’on comprend que tout n’était qu’un vaste mensonge, une illusion pathétique, et où l’on choisit de s’enliser, parce qu’au moins, ici, on n’est pas seul dans notre misère.
tout le monde baise ayaaa
