Je sais où il se promène parfois, peut-être que j'irais l'attendre. C'est pratiquement en bas de chez lui, une petite rue qui descend vers la rivière.
Vers le milieu du chemin il y a un petit banc devant un parking. Je pense l'attendre là. C'était là qu'on avait discuté l'autre fois. Qu'il m'avait parlé de son père à lui.
Peut-être que je remonterais la route, c'est un petit chemin en gravillons avec des talus d'herbes laissées libres de chaques côtés. Jusqu'où ? Peut-être jusqu'à la gare. Après, plus loin, ça sera trop proche. J'ai aussi pensé à l'attendre carrément devant chez lui. Mais ça ne serait pas pratique et finalement ça me mettrait mal à l'aise.
Non, c'est mieux de faire comme si les choses tenaient du hasard. C'est plus délicat. Si cela arrive qu'il vienne et qu'on se croise. Finalement c'est tout de même une question de hasard, à peine forcé.
Puis ce n'est pas un coin désagréable quand il fait beau. Même si je venais à y venir pour rien, ça ne serait sans doute pas une attente déçue. Puis je ne sais même pas ce que j'attends au juste. Ne m'a t'il pas déjà donné toutes les raisons de ne plus l'attendre, de ne plus rien attendre de lui ? Peut-être que j'idéalise trop, encore. C'est comme ça. Dans toutes mes relations, j'attendais un partage spécial, mal défini, abstrait au fond, sans règles ni valeurs absolues, et qui prend toujours naissance à travers une simple scène mentale floue et statique : ici, c'est une discussion devant une bibliothèque dans son salon. C'est une scène imaginée. C'est ce que j'aimerais vivre je crois. Mais c'est stupide si on creuse, puis on ne lit même pas les mêmes livres. Et j'ai horreur de discuter des livres que je lis. Je n'y arrive pas. Pas très bien. Et il est trop différent de moi. Je me suis déjà livré à lui, il ne me comprend pas. Toujours, il faut qu'il jette cette ironie à peine voilée, et ces sortes de tentatives de raisonnement grossier quand je lui parlais de poésie.
Moi j'essayais d'être ouvert ! De l'écouter, de le comprendre. Toutes ses blessures, à bien me souvenir de ces scènes où il m'en parlait, il me semble bien qu'elles viennent de son égoïsme. Et son égoïsme, il vient lui-même d'une blessure plus profonde, je ne sais pas, sans doute d'un rejet, d'une perte, de ces deux choses et d'autres encore. D'où le cynisme, l'ironie qui voilent ses relations et ses yeux.
Oui, lui aussi a souffert de son père. Mais son père apparemment, c'était un alcoolique et un maniaque. Sûrement un dépressif, aussi. Par déduction. C'est comme une chaîne. Dans un an j'aurais l'âge qu'il avait quand il devint père. Mais je suis loin d'être dans les mêmes dispositions matérielles, sociales, et peut-être même physiques que lui à cet âge. Si par hasard je deviens père, sans doute il faudra compter que ça sera arrivé dans une bonne décennie. Ce qui est déjà trop. J'ai déjà trop le sentiment, et j'ai peur même de parler d'intuition, de mon propre terme pour penser à donner la vie.
Enfin, nous verrons où en serons mes résolutions d'ici cet été. Nous ne sommes même pas encore au début de la nouvelle année. Peut-être qu'il ne marche déjà plus seul, d'ailleurs, et d'ici là encore moins. Qui sait. Les crises s'aggravaient déjà il y a un an.
Ou alors il aura encore la même chemise de lin bleu clair, à peu près la même gueule, la même coupe de cheveux trop négligéepour avoir jamais été démodée, et que je lui ai toujours connu.
Nous verrons. Il faut se dire qu'il reste des choses à voir.
Je me rappelle encore ses gros seins laiteux
Blancs et fermes aux tétons rose pâle,
Qui se balançaient sous mes coups de reins
Et l'odeur excitante de son sexe sur mes doigts
Que j'enfoncaient dans sa bouche
Étroite et chaude, presque trop ferme
J'ejaculai parfois trop vite
Dans cette chatte, devant ce trou du cul lisse
Et ses fesses avec une petite fosette sur le dessus
Putain c'était bon de te baiser, je recommencerais si c'était possible