Je veux dire, il suffit de lire ses ouvrages au lieu des résumés des vulgarisateurs, ainsi que d'avoir une formation sérieuse en métaphysique pour se rendre compte qu'on n'a pas du tout affaire avec Nietzsche à un militant athée et matérialiste. Il était trop malin et intelligent pour cela... il est beaucoup plus assimilable en vérité à des Rimbaud, William Blake ou Walt Whitman, cad à des mystiques et des artistes soucieux de prendre la Réalité dans son intégralité, et donc soucieux de la "terre" et pas seulement du "ciel", en bref, de leur union.
Sans doute qu'il a volontairement pris l'apparence d'un "moderne" mais lui même assimila tout ce qui est moderne à ce qui est faux. Dans bien des textes on reconnaîtra donc en Nietzsche un esprit traditionnel avec tout ce que cela implique de spiritualité. Seulement sa spiritualité se caractérise par un refus du dualisme ou plutôt par son dépassement. Toute sa critique des "arrières mondes" s'inscrit dans cette vision non-duelle de la Réalité qui déprécie l'immanent au profit du transcendant et que d'aucun imputerait à l'exotérisme religieux. Ce n'est pas et ça n'a jamais été une négation pure et simple de la transcendance comme on l'enseigne la plupart du temps.
C'est surtout parce que son milieu de réception fût constitué de matérialistes athées qu'on a interprété son œuvre de cette manière. La vérité est toute autre, et c'est pourquoi il écrivit que personne encore ne pourrait comprendre ses textes et qu'il naîtrait sans doute posthume, ce qui montre que derrière le sens (ou le contre-sens) apparent il y en avait bien un autre. Il semble aussi qu'il ait été influencé de manière non négligeable par la métaphysique orientale, ce qu'on omet trop souvent pour ne pas dire tout le temps. Or, cette métaphysique peut s'opposer en partie à une certaine métaphysique telle qu'elle s'est développée en occident, ce qui peut donner l'impression à des gens qui ne connaissent rien d'autre que la pensée occidentale (cad l'écrasante majorité des philosophes et intellectuels) que ce qui est l'expression d'une métaphysique plus complète soit anti-métaphysique.
Je tiens d'ailleurs à préciser que je ne suis moi-même pas nietzschéen, n'accordant pas une valeur excessive à son œuvre dont je reconnais néanmoins le génie (et l'ambivalence qui va avec tout ce qui est "génial"). Cependant, je trouve important de mettre en lumière les véritables intentions qui furent celles de Nietzsche et qui sont à l'opposé du renversement de son œuvre que l'on continue jusqu'aujourd'hui à opérer par une malheureuse méprise.
(j'adore la plume et le pinceau de Blake
Tout à fait
Nietzsche déplorait la chute de la religion, je pense
Après avoir lu tout ses écrits il apparait confus et c'est en ça que la lecture de Jung apporte quelques précisions : Nietzsche (inconsciemment) a prophétisé sa propre chute
C'est un écrivain intéressant (quoique surcôté) qui se heurte au monde "moderne"
Le seul reproche qu'il s'adressait aux religions selon moi c'était d'avoir manqué de force, autant dans la nature de leur dogme que dans leur capacité à s'imposer, ce qui se serait fait naturellement si leur doctrine avait été plus juste et exhaustive. En fait chez Nietzsche y'a une espèce de synthèse (en avance) entre Guénon et Spengler.
Le 01 décembre 2024 à 09:41:29 :
Le seul reproche qu'il s'adressait aux religions selon moi c'était d'avoir manqué de force, autant dans la nature de leur dogme que dans leur capacité à s'imposer, ce qui se serait fait naturellement si leur doctrine avait été plus juste et exhaustive. En fait chez Nietzsche y'a une espèce de synthèse (en avance) entre Guénon et Spengler.
C'est très pointu, je n'ai jamais lu Guénon (je suis sur Evola en ce moment)
Le 01 décembre 2024 à 09:42:55 TisaneMenthe a écrit :
Le 01 décembre 2024 à 09:41:29 :
Le seul reproche qu'il s'adressait aux religions selon moi c'était d'avoir manqué de force, autant dans la nature de leur dogme que dans leur capacité à s'imposer, ce qui se serait fait naturellement si leur doctrine avait été plus juste et exhaustive. En fait chez Nietzsche y'a une espèce de synthèse (en avance) entre Guénon et Spengler.C'est très pointu, je n'ai jamais lu Guénon (je suis sur Evola en ce moment)
Evola a à peu près tout reprit à Guénon pour en donner une vision tronquée par son aspect politique. L'inversion du sommet des castes est une grave erreur de sa part que Guénon n'a jamais cessé de lui reprocher. Ya beaucoup de choses intéressantes chez Evola, c'est très plaisant à lire parce que très vigoureux, mais faut aussi prendre beaucoup de recul. Guénon est beaucoup plus complet, même s'il est aussi à prendre avec des pincettes.
Le 01 décembre 2024 à 09:48:49 GrandChambellan a écrit :
Le 01 décembre 2024 à 09:42:55 TisaneMenthe a écrit :
Le 01 décembre 2024 à 09:41:29 :
Le seul reproche qu'il s'adressait aux religions selon moi c'était d'avoir manqué de force, autant dans la nature de leur dogme que dans leur capacité à s'imposer, ce qui se serait fait naturellement si leur doctrine avait été plus juste et exhaustive. En fait chez Nietzsche y'a une espèce de synthèse (en avance) entre Guénon et Spengler.C'est très pointu, je n'ai jamais lu Guénon (je suis sur Evola en ce moment)
Evola a à peu près tout reprit à Guénon pour en donner une vision tronquée par son aspect politique. L'inversion du sommet des castes est une grave erreur de sa part que Guénon n'a jamais cessé de lui reprocher. Ya beaucoup de choses intéressantes chez Evola, c'est très plaisant à lire parce que très vigoureux, mais faut aussi prendre beaucoup de recul. Guénon est beaucoup plus complet, même s'il est aussi à prendre avec des pincettes.
On m'avait conseillé de lire Jean Hani avant de lire Guénon pour avoir des bases "ésotériques", ceci fait j'ai embrayé sur Evola. Par quel bouquin de Guénon me conseillerais-tu de commencer ?
Il deplorait la chute de la religion, mais ca l empechait pas de nous expliquer le christianisme nous avait rammoli,pas assez vitaliste.
Et son delire de creer son propre systeme de valeur,merci Nietsche,c est la porte ouverte à tout led delires prometheens.
Qu il le veuille ou non,il sert la soupe aux nazis,aux communistes et meme aux wokistes.
Je pense qu il serait revulsé par ce qu il a enfanté
Le 01 décembre 2024 à 09:53:15 TisaneMenthe a écrit :
Le 01 décembre 2024 à 09:48:49 GrandChambellan a écrit :
Le 01 décembre 2024 à 09:42:55 TisaneMenthe a écrit :
Le 01 décembre 2024 à 09:41:29 :
Le seul reproche qu'il s'adressait aux religions selon moi c'était d'avoir manqué de force, autant dans la nature de leur dogme que dans leur capacité à s'imposer, ce qui se serait fait naturellement si leur doctrine avait été plus juste et exhaustive. En fait chez Nietzsche y'a une espèce de synthèse (en avance) entre Guénon et Spengler.C'est très pointu, je n'ai jamais lu Guénon (je suis sur Evola en ce moment)
Evola a à peu près tout reprit à Guénon pour en donner une vision tronquée par son aspect politique. L'inversion du sommet des castes est une grave erreur de sa part que Guénon n'a jamais cessé de lui reprocher. Ya beaucoup de choses intéressantes chez Evola, c'est très plaisant à lire parce que très vigoureux, mais faut aussi prendre beaucoup de recul. Guénon est beaucoup plus complet, même s'il est aussi à prendre avec des pincettes.
On m'avait conseillé de lire Jean Hani avant de lire Guénon pour avoir des bases "ésotériques", ceci fait j'ai embrayé sur Evola. Par quel bouquin de Guénon me conseillerais-tu de commencer ?
Je ne connais pas Hani. Je conseille souvent les essais d'Eliade pour des bases métaphysiques, ainsi que l'essai "le Sacré" d'Otto.
Guénon faut commencer par Orient et Occident, puis Le Règne de la Quantité. Tu peux esquiver la Crise du monde moderne, son bouquin le plus connu mais pas son meilleur de son propre aveu, sorte de résumé du Règne qui reste lui son chef d'œuvre.
Le 01 décembre 2024 à 09:56:09 :
Il deplorait la chute de la religion, mais ca l empechait pas de nous expliquer le christianisme nous avait rammoli,pas assez vitaliste.
Et son delire de creer son propre systeme de valeur,merci Nietsche,c est la porte ouverte à tout led delires prometheens.
Qu il le veuille ou non,il sert la soupe aux nazis,aux communistes et meme aux wokistes.
Je pense qu il serait revulsé par ce qu il a enfanté
Il a eu un rôle de fracture, pas de systémiste.
Le 01 décembre 2024 à 09:58:04 GrandChambellan a écrit :
Le 01 décembre 2024 à 09:53:15 TisaneMenthe a écrit :
Le 01 décembre 2024 à 09:48:49 GrandChambellan a écrit :
Le 01 décembre 2024 à 09:42:55 TisaneMenthe a écrit :
Le 01 décembre 2024 à 09:41:29 :
Le seul reproche qu'il s'adressait aux religions selon moi c'était d'avoir manqué de force, autant dans la nature de leur dogme que dans leur capacité à s'imposer, ce qui se serait fait naturellement si leur doctrine avait été plus juste et exhaustive. En fait chez Nietzsche y'a une espèce de synthèse (en avance) entre Guénon et Spengler.C'est très pointu, je n'ai jamais lu Guénon (je suis sur Evola en ce moment)
Evola a à peu près tout reprit à Guénon pour en donner une vision tronquée par son aspect politique. L'inversion du sommet des castes est une grave erreur de sa part que Guénon n'a jamais cessé de lui reprocher. Ya beaucoup de choses intéressantes chez Evola, c'est très plaisant à lire parce que très vigoureux, mais faut aussi prendre beaucoup de recul. Guénon est beaucoup plus complet, même s'il est aussi à prendre avec des pincettes.
On m'avait conseillé de lire Jean Hani avant de lire Guénon pour avoir des bases "ésotériques", ceci fait j'ai embrayé sur Evola. Par quel bouquin de Guénon me conseillerais-tu de commencer ?
Je ne connais pas Hani. Je conseille souvent les essais d'Eliade pour des bases métaphysiques, ainsi que l'essai "le Sacré" d'Otto.
Guénon faut commencer par Orient et Occident, puis Le Règne de la Quantité. Tu peux esquiver la Crise du monde moderne, son bouquin le plus connu mais pas son meilleur de son propre aveu, sorte de résumé du Règne qui reste lui son chef d'œuvre.
Merci je t'invite à lire Hani, ses écrits sur la mystique Chrétienne sont sourcés et inintéressant
Grzndchambellan ca avait commencé avant lui c est vrai,les socialistes russes par exemple,mais il a fourni un corpus philosophique.ca a aidé
Le 01 décembre 2024 à 09:41:29 :
Le seul reproche qu'il s'adressait aux religions selon moi c'était d'avoir manqué de force, autant dans la nature de leur dogme que dans leur capacité à s'imposer, ce qui se serait fait naturellement si leur doctrine avait été plus juste et exhaustive. En fait chez Nietzsche y'a une espèce de synthèse (en avance) entre Guénon et Spengler.
Je pense qu'une des formules clés de Nietzsche c'est sa remarque que "les grecs étaient superficiels par profondeur". Quand Nietzsche fait l'éloge de l'apparence ce n'est pas tant qu'il nie purement et simplement qu'il existe quelque chose de plus profond que cette apparence mais c'est plus pour signifier que le monde des apparences et celui de la vérité ne sont qu'un, et non pas deux. C'est lorsqu'ils sont deux qu'alors l'apparence est dépréciée au profit de la Vérité en vertu de leur relation hiérarchique.
En fait, Nietzsche dans sa métaphysique s'oppose surtout aux différentes formes d'essentialisme, comme chez Platon par exemple. Encore que cela est discutable, car je pense qu'à un certain niveau Platon aussi va au-delà de la dualité intelligible/sensible. C'est peut être plus visible chez les néoplatoniciens ou même encore plus chez les Pères de l'Eglise ayant reçue une formation philosophique comme St Denys l'Aéropagite, mais si on lit attentivement le Parménide je crois qu'on le retrouve aussi chez Platon.
Pour Guénon, ce n'est pas pour rien que l'un des seuls qui à mon sens ait compris Nietzsche, ait été Ananda Coomaraswamy, un hindoue dans la lignée de Guénon. Il fallait bien un oriental pour comprendre là où Nietzche voulait en venir. Aussi, c'est quelque chose qu'on semble totalement ignorer, en tout cas je ne l'ai jamais vu ou entendu cela évoqué quelque part, mais il y a chez Nietzsche tout un tas de propos qui relèverait de l'ésotérisme et qui n'était était surement pas mis là par hasard. Que se soit certains symboles dans son Zarathoustra, ou pour faire le lien avec Guénon, sa mention de l'Hyperborée à l'ouverture de son Antechrist : "Regardons-nous en face. Nous sommes des hyperboréens, nous savons suffisamment combien nous vivons à l’écart. « Ni par terre, ni par mer, tu ne trouveras le chemin qui mène chez les hyperboréens » : Pindare l’a déjà dit de nous" ; tout cela n'avait rien d'anodin.
Enfin, un autre lien très réel qu'on pourrait établir c'est celui qui existe entre sa philosophie et la pensée de Tchouang-Tseu. Outre la terminologie, notamment les termes de "surhomme" ou "d'homme supérieur" qu'on retrouve chez Tchouang-Tseu j'y vois une communauté d'esprit (qui permet d'ailleurs de comprendre qu'elle était la portée métaphysique du "scepticisme philosophique" à l'origine, bien loin du bavardage des petits sophistes zététiciens) . Et pour le coup, s'il y a du y avoir une influence de l'hindouisme ou du bouddhisme sur Nietzsche au vu de certains de ses écrits, il apparaît qu'il ait été pour ainsi dire étranger au taoisme, ce qui rend ce lien encore plus intéressant selon moi.
Le 01 décembre 2024 à 09:56:09 :
Il deplorait la chute de la religion, mais ca l empechait pas de nous expliquer le christianisme nous avait rammoli,pas assez vitaliste.
Et son delire de creer son propre systeme de valeur,merci Nietsche,c est la porte ouverte à tout led delires prometheens.
Qu il le veuille ou non,il sert la soupe aux nazis,aux communistes et meme aux wokistes.
Je pense qu il serait revulsé par ce qu il a enfanté
Aujourd'hui je pense qu'il ne s'exprimerait plus comme il avait pu le faire à son époque.
Son rapport au christianisme est très compliqué. Ne serait-ce que le fait qu'à la fin de sa vie il signait ses lettres : "le Crucifié". De manière globale je pense qu'on peut dire qu'il avait des propos excessif sur le christianisme, et lui qui luttait autrement contre l'essentialisme il en faisant preuve lorsqu'il s'agissait du christianisme, le réduisant à son aspect négatif. Mais c'est peut-être dû à sa vision des oppositions à la suite d'Héraclite.
Après, ça ne l'empêche pas de faire l'éloge du Christ et de qualifier Jésus de surhomme. Et bon nombre de ses critiques sont pertinentes par rapport à ce qu'est devenu le christianisme. Lui qui était bien du genre à blasphémer pour louer son dieu je me demande presque dans quelle mesure il n'a pas voulu revitaliser le christianisme par sa critique acerbe. Bien que je dois dire qu'il se dégage de son oeuvre une forme de gnosticisme, ces-derniers bien qu'adorant le Christ ayant eu tendance à rejeter St Paul, l'Eglise ou l'exotérisme. Il y a un peu de ça chez Nietzsche lorsqu'il parle du christianisme. J'aurais pas été étonné qu'il se soit retrouvé dans les hérésies du type "les frères et sœurs du Libre-Esprit" s'il était né quelques siècles plus tôt.