BolEnBois
2023-11-30 03:05:33
Mardi soir sur l’autoroute, à cent bornes de chez moi, un voyant orange s’allume. Ça faisait bien cinquante kilomètres que le moteur de mon épave peinait à dépasser les deux mille tours. Aussi, pour ce qui est des voitures, je suis une bille ; alors bon je me suis rangé sur la BAU et j’ai appellé une dépanneuse à la borne SOS.
Le dépanneur vient me chercher, c’est un jeunot de vingt-sept ans. Il semble social et prend rapidement les choses en main. Je lui explique qu’un voyant d’huile est allumé, que ma titine avance plus trop ; il me demande si elle roule. Je lui dis oui, et d’emblée il l’a monte et la fixe sur sa dépanneuse.
On s’installe à l’intérieur, puis il me lance qu’il peut l’emmener au garage le plus proche. J’acquiesce et il m’invite à appeler l’assurance pour qu’elle prenne en charge mon retour chez moi.
Je lui dis que le numéro est sur la vignette sur le pare-brise, et voyant mon inaction - je suis anxieux et je n’aime pas téléphoner -, après quelques recherches au téléphone il appelle lui-même mon assureur.
Les deux professionnels dialoguent, et la fatigue et la méconnaissance du sujet font que j’ai du mal à suivre la conversation. À un moment mon assureur semble quand même récalcitrant à l’idée que je cède ma voiture au garage ; ça semble ennuyer le remorqueur. Il me passe le téléphone et je demande les alternatives à mon assureur, qui me répond qu’il est préférable que j’emmene ma voiture chez un garage Toyota.
Le remorqueur, prêchant pour son garage, prétend que Toyota ne prendra pas en charge ma voiture avant 2024, et de son discours, qui m’apparait assez abscon, j’entends deux options : soit j’accepte ce qu’il me propose, soit il lâche ma voiture à côté de l’autoroute.
Il est tard, j’ai mal au crâne, et après plusieurs minutes à tourner autour du pot, je finis par céder mon accord.
S’en suivent quelques échanges entre moi et mon assureur qui conclut le dossier et m’envoie un taxi.
Suite à ça, le remorqueur appelle le garagiste et lui annonce l’arrivée de mon tacot qu’il pourra prendre en charge le lendemain. Un détail m’interpelle néanmoins : il précise ma ville de résidence, et que je suis jeune. En outre, l’accent de l’est du garagiste et quelque minauderie agaçante dans sa voix m’inspirent peu confiance.
Je prends la chose assez mal et me vois déjà refait, donc une fois son appel terminé, je récrimine.
C’est à ce moment que la discussion s’envenimer, car tandis que je fais part à mon conducteur de mes inquiétudes, de mes doutes, manquant peut-être de tact, mais dans un certain respect, il se met à protester avec un peu trop de zèle, s’infatuant par-ci, clamant son honnêteté par-là, vantant l’intégrité du garage, qu’il m’avoue être celui de son père.
Je tente de lui expliquer qu’objectivement, je suis dans une situation où je n’ai que peu d’options, et n’y connaissant rien, je suis simple à fourvoyer ; il continue d’exhaler un bagout empli de rencoeur, comme si son âme était entâchée par mon ingratitude.
Arrivé à destination, il gare donc ma voiture en face du garage ; en tout professionalisme, il s’assure que je n’ai rien oublié, mais fait la moue quand je lui souhaite une bonne continuation, une fois le taxi approchant.
Le lendemain, j’appelle le garage de bon matin, et tombe alors sur le père du jeune remorqueur, qui, faisant toujours quelques manières, de sa voix orientale, me dit qu’il se chargera de ma voiture dans l’après-midi et me recontactera pour me faire part du diagnostic.
Il ne m’a pas rappelé.