Cartov
2023-03-01 15:50:11
Dans l’archipel de Chiloé, dans le sud du Chili, voilà 200 ans que des Mapuches dénoncent « l’accaparement » et la vente de leurs terres ancestrales par l’État. Le retour de la gauche au pouvoir n’y a pour l’instant rien changé.
« Ici, il s’est passé des choses très graves et il s’en passe encore. » En passant sa main calleuse sur une carte jaunie par le temps, Cristian Chiguay s’emploie à narrer la longue histoire des Williches. Installé aux portes de la Patagonie, dans le sud du Chili, ce peuple fait partie de la grande famille des Mapuches, principale ethnie autochtone du pays à laquelle s’identifient près de deux millions d’habitants - sur 20 millions de Chiliennes et Chiliens. Ces « choses très graves », c’est l’accaparement de leur territoire par l’État et sa vente par petits bouts à des millionnaires. Le phénomène prend de l’ampleur : des îles entières sont même proposées à la vente...
D’une voix tranquille, ce paysan vivant en quasi-autarcie dans le sud de la Grande île de Chiloé énumère les toponymes locaux. Dans sa langue, en mapudungún, il décrit bosquets, îles et rivières. En tant que « lonko » - représentant élu à vie - des soixante-dix familles de la communauté de Yaldad, il conserve chez lui toutes les archives des conflits territoriaux qui ont violemment émaillé l’histoire de son peuple. « Dans les années 1960, toutes ces forêts ont été vendues à un entrepreneur français qui voulait en exploiter le bois, raconte-t-il en pointant du doigt les collines environnantes. Aujourd’hui, elles font partie du parc naturel de Tantauco. Elles sont la propriété personnelle du milliardaire et ancien président Sebastián Piñera » - au pouvoir jusqu’en mars 2022.
https://reporterre.net/Au-Chili-les-millionnaires-accaparent-les-terres-du-peuple-Mapuche