Cartov
2022-11-03 18:03:37
La députée Aurore Bergé a remis sur la table l'idée d'alléger les droits de succession. Parmi les économistes, un quasi-consensus existe pourtant pour affirmer que, malgré la grande popularité de cette mesure, baisser les taxes sur l'héritage n'est pas souhaitable.
La question agite encore la majorité : ce dimanche 2 octobre, Le Figaro se faisait l’écho de la querelle interne opposant, parmi les députés Renaissance, les partisans d’un allégement des droits de succession et ceux pour qui l’initiative d’Aurore Bergé, patronne du groupe macroniste à l’Assemblée ayant déposé un amendement au budget en ce sens, était inopportune. Gabriel Attal, ministre délégué chargé des comptes publics, a temporisé depuis la Martinique, en déclarant : « Il y a un engagement de campagne du Président de la république qui est le relèvement du plafond d'abattement pour les droits de succession. Cet engagement sera tenu sur la durée du quinquennat mais le choix qui a été fait est de ne pas le tenir pour l'année 2023 pour des raisons budgétaires. » Et si, au lieu de la mettre au frigo, l’idée d’alléger la taxation de l’héritage était plutôt enterrée ? Parmi les économistes, un quasi-consensus existe en effet pour affirmer que, malgré la grande popularité de cette mesure, baisser les droits de succession n'est pas souhaitable.
L’OCDE, la commission internationale présidée par Olivier Blanchard et Jean Tirole, respectivement ex-économiste en chef du FMI et ancien prix Nobel, le Conseil d’analyse économique (une instance rattachée à Matignon) : tous affirment que l’héritage, largement épargné par l’impôt, participe au creusement des inégalités et représente une ressource potentielle considérable. Et pourtant : dans l’ensemble des études d’opinion, les Français interrogés plébiscitent un allégement des taxes sur les successions. Le sondage OpinionWay-Square publié en janvier par Les Echos sur la question est édifiant : « Au total, 81 % des Français souhaitent une diminution de l'impôt sur les successions, considérant qu'il 'est juste pour les parents de transmettre le plus possible à leurs proches' », expliquait le quotidien économique. Qui précisait : « Cette opinion vaut quel que soit le niveau de revenu. » Jusque chez les sympathisants de La France insoumise, les sondés sont majoritaires (61 %) à vouloir diminuer l’impôt sur l’héritage. La même étude souligne pourtant que moins d’un tiers des sondés ont bénéficié d’un pécule à la mort d’un ascendant.
https://www.marianne.net/politique/lrem/moins-taxer-lheritage-la-mauvaise-idee-la-plus-populaire-de-france