Aviachinois14
2021-08-15 04:19:32
Tout à l'heure j'ai pris le bus pour rentrer chez moi. J'ai fait sensation.
J'étais assis seul dans un carré, j'aime bien avoir mon espace vital. Au bout de 10 minutes les portes s'ouvrent et je vois 2 contrôlleurs monter dans le bus, avec leur air grave, leur costard à 50 euros et leur petits scanners à la main.
"Bonjour monsieur, vérification des tickets. Monsieur? Vous m'entendez?"
"Oui je vous entends. J'ai un ticket valide."
"D'accord monsieur, mais il faut que je vérifie."
Je lui ai lancé un regard appuyé pour lui faire comprendre qu'il faisait une connerie. Il n'a pas compris.
"Jean-Pierre! Viens voir, on a un cas difficile."
Un autre contrôlleur l'a rejoint et les deux on commencé à me foutre la pression. Comme je ne réagissais pas ils m'ont exposé d'autres options.
"Bon monsieur écoutez-moi bien, parce qu'on a pas que ça a faire. Si vous avez un ticket valide, vous avez 5 secondes pour nous le montrer, sinon c'est l'amende direct. Et si vous refusez de coopérer, c'est la police."
J'ai prend une grande inspiration, et je regarde au loin par la fenêtre du bus. La rue, les arbres, une femme qui promène son bébé. La vie. Passé 9 secondes je dit d'un air nonchalant:
"Vous savez, tout ça me rappelle un topic que j'ai lu y'a pas si longtemps."
Ils se regardent l'un l'autre d'un air étonné.
"Un topic?" me dit l'un d'eux.
"Oui, un topic, comme on en trouve beaucoup sur les forums internet".
Tous les passagers nous regardent en silence, je sens que le bus ralentit. Le chauffeur entend la conversation, je vois le haut de son visage dans le rétroviseur, Il y a de la peur dans son regard. Lui a déjà compris.
"Quel forum?" demande l'autre contrôleur, les sourcils froncés, approchant prudement son visage du mien.
Je me tourne lentement vers lui, et au moment ou je le fixe droit dans les yeux pour la première fois, il sait déjà que je le tiens. Il sait que quoi qu'il se passe dans les décennies qui vont suivre, l'histoire de sa vie sera toujours divisée en deux parties séparées par cet instant, ici, maintenant, dans ce bus. Il sait que je tiens son destin dans le creux de ma main. Son scanner tremble entre ses doigts, un nuage de sueur se forme sur son front, son regard insistant et hautain s'est métamorphosé en un visage qui mèle desespoir et rage, et alors que je prolonge quelques secondes encore le silence pesant de ce face à face, je sais que cet homme m'appartient.
"Le 18-25."
Les deux contrôleurs manquent de s'écrouler au coup de frein du conducteur. Ce dernier me fixe alors à travers le rétroviseur d'un air grave, comme s'il m'implorait "Pas ici. Pas dans mon bus." Mais il n'avait pas à s'inquiéter, pas aujourd'hui en tout cas.
"Vous...tout compte fait vous m'avez tout l'air d'être un citoyen honnête et responsable qui contribue efficacement à la société", me dit alors le contrôleur qui était resté en retrait. "N'est-ce pas Bernard? Bernard...?"
Bernard avait baissé les yeux.
"Oui... Monsieur n'est pas du genre à frauder dans les transports en commun", répondit-il d'une voix faible. "Notre mission ici est terminé. Passez une bonne fin de journée."
"Vous aussi." répondis-je d'un ton cordial, en les observant reculer jusqu'à la porte du bus. Le conducteur attendit que je lui face un léger signe de la tête dans le rétroviseur pour qu'il leur ouvre la porte. Quelque instants plus tard, ils avaient disparu, le bus avancait à bonne allure et les passagers reprenaient leurs conversation. Sauf une 9/10, assise dans le carré opposé au mien, qui se permit une remarque:
"C'est étrange, j'aurai pourtant juré de vous avoir vu valider votre ticket."
Je sors alors de ma poche un ticket de bus valide.
"Vous avez entendu le monsieur. Je contribue."
Au moment où j'écris ces lignes, elle me suce la bite.