Newbitdecheval
2021-08-04 20:10:58
J'allais me promener dans les bois touffus proches de la capitale. Quelques vaches égarées paissaient dans les carrés défrichés qui entouraient la forêt, toujours en processus de reconquista contre ses territoires perdus.
D'autres bêtes, occasionnellement, se montraient. Araignées démesurées, sangliers peu farouches, et même quelques loups. Pour ces derniers, à vrai dire je n'en avais vu qu'un. Mais la rencontre fût mémorable. Son faciès, si je puis dire cela d'un loup, donnait des expressions si vivantes et éloquentes, qu'on aurait cru un personnage anthropomorphe de cartoon. Par ailleurs, c'était peut-être plus un gros chien qu'un loup. Ou alors, apprivoisé, c'était un loup qui avait décidé de remonter toute la chaîne de l'évolution le menant jusqu'au chien.
Joseph, gros, avançait, ou plutôt son ventre qui le précedait presque comme une autre personne.
Sa femme aussi ventrue s'avançait après lui. Quelques fantasmes honteux m'avaient déjà poussé au vice envers elle, du moins en pensées. Pour le reste, c'était le sosie de Joseph, si bien qu'en les voyant côte à côte, on ne se doutait pas que moins d'une poignet de chromosomes devaient les différencier.
Moi j'aimais Joseph, peut-être pour son ventre. Comme je l'ai dit, ce ventre semblait posséder sa propre personnalité. J'étais sûr de parfois savoir deviner son humeur. Au ventre. Pour Joseph, c'était un homme impénétrable. Douillet, cependant, il se laissait facilement attendrir par quelque marque de franche amitié.