Gendarmes et parquet ont-ils sous-estimé la violente agression au couteau dont a été victime un habitant de Cournonterral ? Pour ce dernier, il n’y a pas de doute.
Et à la vue de la photo montrant sa blessure - 14 cm de longueur sur 8 mm de profondeur - on comprend mieux pourquoi il vient d’écrire au procureur pour demander que de nouvelles investigations soient effectuées.
Sortie de bal, les esprits s'échauffent
Les faits remontent au 22 février, dans la nuit suivant la traditionnelle fête des Pailhasses, le mercredi des Cendres. "On sortait du bal et on a décidé d’aller boire un dernier verre chez une amie", raconte le plaignant, 25 ans. Il est 2 heures du matin et, dans l’appartement, trois autres jeunes sont également venus. Tout le monde est passablement enivré lorsque les esprits s’échauffent pour un motif obscur.
"Ça s’est chauffé pour rien... J’ai pris une pêche, je suis tombé et j’ai dit à la personne : Viens on va s’expliquer dehors", poursuit l’éboueur.
Un individu le frappe par surprise
Selon sa version, son rival et un ami de ce dernier viennent dans la rue. Et puis il y a un troisième individu qui arrive par-derrière, armé d’un couteau, qui le frappe par surprise. "Le médecin m’a dit qu’à un centimètre près, l’artère aurait été touchée et j’y passais."
Pas de suites judiciaires
Quatre jours plus tard, les gendarmes de Gigean procèdent à l’audition du mis en cause, un jeune du village, âgé d’une vingtaine d’années. Et la suite judiciaire qui en découle n’est qu’une procédure de rappel à la loi, c’est-à-dire une convocation devant le délégué du procureur pour une sorte de sermon. Décision que la victime a ensuite apprise en lisant Midi Libre...
Déni de justice ?
"Mon client a eu la désagréable surprise d’apprendre dans le journal qu’il n’y aurait pas de suites judiciaires, si ce n’est un rappel à la loi avant classement sans suite, dénonce Me Luc Abratkiewicz, l’avocat du jeune homme, qui a saisi le procureur. En l’état de la blessure, particulièrement impressionnante, je m’étonne de cette réponse judiciaire. Mon client estime qu’il s’agit d’un véritable déni de justice l’empêchant de faire valoir ses droits de partie civile."
Surtout que, d’après le plaignant, les conséquences de cette agression sanglante lui pourrissent la vie. Déjà, il n’a toujours pas repris le travail, trop marqué psychologiquement par ce qui lui est arrivé. Et au quotidien, il a du mal à encaisser le coup : par exemple, il angoisse à l’idée de se raser.
"Physiquement et moralement, ça va pas du tout. Pour l’instant je reste enfermé chez moi, dit-il. Un rappel à la loi, je ne comprends pas. Ils attendaient quoi ? Un meurtre ? C’est pas passé loin quand même..."