Quatre jours après la mort d'Alisha, 14 ans, frappée puis jetée dans la Seine à Argenteuil (Val-d'Oise), le profil de la jeune fille de 15 ans, mise en examen pour assassinat et écrouée dans un quartier pour mineur d'un établissement pénitentiaire, reste un mystère. On en sait un peu plus sur son complice présumé, décrit comme un « geek qui avait peur de tout ». En revanche, peu d'éléments sont connus sur cette adolescente, qui encourt comme lui jusqu'à vingt ans de prison.
« Afin notamment de respecter le deuil et la souffrance de la famille d'Alisha, la jeune mineure mise en examen, ses parents et moi-même ne souhaitons pas nous exprimer dans les médias en l'état actuel de la procédure, a commenté ce vendredi l'avocate de la jeune fille, Me Lucille Sudre. L'instruction doit se poursuivre sereinement et permettre d'obtenir dans les mois à venir les éléments nécessaires à la manifestation de la vérité. »
«Je pense qu'elle avait un problème dans sa tête»
Avant de faire sa rentrée en troisième « prépa métiers » au lycée privé professionnel Cognacq-Jay d'Argenteuil, la jeune fille était scolarisée jusqu'à l'année dernière au collège Jean-Vilar d'Herblay, où elle habitait. On sait qu'Alisha s'était fait pirater des photos en sous-vêtements par T. et que ces photos avaient été diffusées auprès de camarades de classe.
Des faits analogues à ceux décrits par certains anciens camarades de la jeune fille mise en examen. « C'est une fille qui nous a créé beaucoup de problèmes », confient ce vendredi Rose et Emma. Elles n'étaient pas en cours avec elle, mais disent avoir été sa cible. « Elle a pris une photo de nous. Elle l'a mise dans sa story Snapchat en mettant des tarifs », relate Rose.
Elles n'ont aucune explication sur les raisons qui l'ont poussée à les traiter de prostituées. « On ne la connaissait même pas. On n'a jamais été amies », ajoutent-elles. Selon les deux collégiennes, trois autres filles de l'établissement avaient subi ce genre d'attaque. « Moi, je pense qu'elle avait un problème dans sa tête », estime Emma. « Ça l'amusait », ajoute Rose. Malgré cela, elles ne s'attendaient pas à la voir mêlée à un homicide.
Dans ce nouveau lycée depuis la rentrée de septembre, le couple et Alisha étaient d'abord un trio d'amis. La situation s'était complexifiée pour des « futilités » adolescentes entre le duo et Alisha, avec qui le garçon avait eu une brève amourette, selon le procureur de Pontoise. Jusqu'à la bagarre, les filles seraient restées proches. Les lycéens d'Argenteuil rencontrés après le drame savaient que les deux mis en cause harcelaient Alisha ces dernières semaines. « C'est la jeune fille qui met le garçon dans les embrouilles », estimait une amie de la victime.
Elle aurait servi d'appât pour son petit ami
Selon Eric Corbaux, le procureur de la République de Pontoise, c'est l'adolescente qui a donné rendez-vous à Alisha samedi 6 mars « à la demande de son copain ». Elle propose d'abord une entrevue le week-end, mais Alisha refuse et la rencontre est fixée au lundi 8 mars. Les deux filles se retrouvent à la gare d'Argenteuil. Probablement en confiance avec son ancienne amie, Alisha accepte de la suivre dans un guet-apens sur les quais de Seine où T. les attend, tapi à l'ombre du viaduc.
Toujours selon le procureur, la jeune fille n'aurait pas donné de coups à Alisha, mais elle aurait participé comme son petit ami à pousser cette dernière dans l'eau alors qu'elle était encore consciente, ce qui a causé sa mort. Ils ont ensuite changé leurs vêtements chez la génitrice de T. puis mangé à Paris. Qui a prémédité cette agression ? Il n'y aurait pas « d'ascendant » de l'un sur l'autre, même si l'entourage et l'avocat de T. ont décrit le jeune homme comme timide.