La jeune femme de 18 ans, Française d’origine maghrébine, a annoncé avoir fait l’objet d’« attaques » racistes sur les réseaux sociaux, depuis son sacre samedi soir. « Mes origines font partie de mon histoire mais elles ne définissent pas qui je suis », insiste-t-elle.
À peine élue, déjà victime de commentaires injurieux. Sacrée samedi soir, la candidate du Nord-Pas-de-Calais pour Miss France 2025, Sabah Aib, a révélé mercredi soir sur son compte Instagram faire « face à une vague de haine raciste sur les réseaux sociaux en raison de (ses) origines ». « Ces attaques ne sont que le reflet d’ignorance et de jalousie », écrit celle qui espère succéder à Ève Gilles, l’actuelle Miss, elle aussi originaire de la région.
Partie favorite, cette étudiante en droit âgé de 18 ans avait été élue samedi à Liévin, désignée pour représenter sa région lors du concours qui se déroulera en direct le 14 décembre sur TF1.
En quelques jours seulement, Sabah Aib s’est retrouvée sur le feu de messages de haine. « Mon nom fait partie de mon identité et il n’a rien à voir avec ma nationalité. La France est un pays multiculturel et avoir un nom qui vient d’ailleurs ne change en rien le fait que je sois Française », a-t-elle répliqué sur son compte Instagram.
« Je suis née en France tout comme mes parents, nous nous considérons avant tout comme Français. Mes origines font partie de mon histoire mais elles ne définissent pas qui je suis », a insisté la Miss de Villeneuve-d’Ascq, d’origine algérienne du côté de son père et marocaine du côté de sa mère, selon La Voix du Nord.
« La haine n’a pas sa place dans notre société »
« Mon élection est une preuve que notre région est riche de diversité et de valeurs, et je suis fière de la représenter. La haine n’a pas sa place dans notre société et je continuerai à porter ce titre avec fierté, détermination et respect pour tous. Nous sommes tous égaux, peu importe notre nom ou nos origines », conclut l’étudiante en deuxième année de licence de droit.Avant même cette campagne de haine, elle avait indiqué qu’elle comptait défendre la lutte contre le harcèlement lors du concours national de Miss France, bien qu’elle n’en avait pas été victime jusqu’alors, selon La Voix du Nord.
Le comité régional des Miss du Pas-de-Calais n’est pas surprise par ces attaques. « Malheureusement il y a encore beaucoup de gens racistes », avait confié à La Voix du Nord la déléguée régionale Miss France, Anne-Sophie Sevrette, au lendemain du sacre de la jeune femme. « Aujourd’hui l’exposition apporte des critiques faciles et les gens pensent qu’ils ont le droit de tout. L’important c’est de savoir assumer car Sabah sait qui elle est et on sait qui elle est. Et il faut être fière de ses origines », a-t-elle toutefois appuyé.
« Si les Français s’ouvrent, Sabah pourrait être la première Miss France avec des origines maghrébines. Ça n’est jamais arrivé, ça ouvrirait enfin les esprits », veut aussi croire la déléguée régionale, qui estime que ce serait là un « message fort ».
Sabah Aib n’est pas la première candidate au concours à faire l’objet de commentaires haineux sur ses origines. En 2020, la Miss Provence d’alors April Benayoum avait été visée par une vague de messages antisémites sur les réseaux sociaux, après avoir révélé pendant l’émission que son père était de nationalité israélienne et italienne. Elle avait porté l’affaire en justice et sept personnes avaient été condamnées.
« Ça a gâché une aventure exceptionnelle. Ça a touché mon entourage. J’ai du mal à dormir. Quand on me parle dans la rue, on ne me parle que de ça, pas de l’aventure Miss France », avait confié lors de l’audience du procès la jeune femme, qui avait représenté la France à Miss Monde en 2022.
Plus largement, les candidates sont nombreuses à faire l’objet de campagne de cyberharcèlement. La Miss France actuelle qui s’apprête à rendre sa couronne, Ève Gilles, avait elle-même reçu une pluie de messages dénigrants au moment de son élection mais aussi pendant les mois suivants, moquant son physique et notamment ses cheveux courts et sa silhouette mince.
« Les gens ne se rendent pas compte que les mots peuvent blesser plus que certains gestes. Personnellement, les mots et le body shaming (des critiques et stigmatisations sur le physique) que j’ai pu subir m’ont blessée, même si j’ai réussi à m’en relever parce que je suis très entourée », avait-elle confié en décembre 2023 à La Voix du Nord.