Après avoir bien rigolé, il est temps de plonger dans mes souvenirs de dates foireux !
Voici je pense celui qui m'a le plus marqué. Même si il y en a peut être eu des plus glauques, celui çi m'avait traumatisé car j'étais encore un jouvenceau.
En effet j'ai fréquenté les sites de rencontres de mes 19 ans à mes 29 ans. (Mon premier site était adopte un mec jusqu'à Tinder ou j'ai rencontré ma femme avec qui j'ai aujourd'hui un enfant. )
J'ai eu comme beaucoup ici mon lot de bouboules menteuses, de crasseuses, de publicités mensongères.
Sur la fin, peu avant de rencontrer ma femme, je n'hésitais pas à dire dès les premières minutes aux prétendantes que " ça n'allait pas le faire" si je constatais une tromperie honteuse sur la marchandise, mais à l'époque de l'anecdote qui va suivre, j'étais un jeune homme sans expérience.
C'est donc après de longues discussions profondes avec une jeune fille sur adopte un mec que je décide de lui proposer une rencontre IRL. La fille accepte et me propose de venir le week-end chez elle.
Le courant passant très bien par écrit, les photos étant sympas, me voici qui part en mode plan sur la comète et commet l'erreur du celestin débutant de base : L'idéalisation.
Je projette déjà sur cette fille mon futur romantique tel un poète incompris qui pense avoir trouvé sa muse.
A cette époque je faisais mes études à Nantes et la jeune fille en question habitait Rennes à environ une heure et demi de route.
N'ayant pas de voiture je prends un billet de train. Etant en mode plan sur la Comète 2000 je prends le billet de retour pour le dimanche soit la fin du week-end, m'imaginant déjà passer deux soirée et nuit intensse et romantiques avec la femme de ma vie. Visualisant presque déjà ma peine de la quitter.
C'est l'hiver ( ce détail aura son importance). La pluie contre la vitre du train, le crépuscule, créent assurément une ambiance romantique de film ( du moins dans mon cerveau malade de celestin). Le voyage se passe, mon coeur bat à la chamade et le TER finit par arriver en gare vers 18h00. La nuit est bien tombée à présent.
Sur le quai, à la lueur blafarde des lampadaires, je cherche du regard mon date, le stress étant à son comble. Je finis par distingué une jeune femme 50 mètres plus loin.
Premier choc:
La fille à un espèce de look de babos de fille de ZAD.
Ayant eu une ex avec un style classique, je suis un peu surpris, ce look ne colle pas trop à ma projection celestinesque mais après tout pourquoi pas.
Je m'approche et deuxième choc:
La fille à une sorte de tête de gobelin malade. Avec une étrange frange à la Justin Bieber.
Dès les premières minutes je suis donc projeté dans la réalité crue. Je suis loin de chez moi, il fait nuit, et j'ai un demi gobelin face à moi.
Bien sur avec l'XP d'aujourd'hui j'aurais pris le premier TER retour pour fuir cette histoire sordide mais...
Après une bise malaisante, la fille m'invite à monter dans sa voiture ( petite voiture pourrie mais ça encore elle était jeune donc normal).
Alors que je pensais me diriger vers le centre ville de Rennes et avoir au moins la plaisir de découvrir la ville que je ne connaissais pas, la jeune fille prend la direction de la campagne...
"-J'habite un ptit bled à 10 minutes, on est tranquilles" me dit-elle avec une voix de fumeuse de joint ( "On" elle parlait de elle et ses colocs)
Après 20 minutes de routes de campagne sinistres ont finit par arriver devant une maison en pierre isolée.
Je rentre et là...Un froid glacial et humide. Attention, pas la petite sensation de " il fait frisqué", un véritable froid glauque de mission antarctique que si t'as pas la combinaison ou des gènes d'inuit ça va mal se passer.
Je lui fais la remarque malgré tout, de façon polie:
" Ouais, le chauffage marche plus mais toutes façon on le mettait pas car ça fait des économies."
Je sens que la soirée va être très longue.
On échange des banalités et je finis par voir une cheminée! Bon dieu ça pourrait au moins apporter une petite touche appréciable à la soirée cette cheminée. Je lui propose de faire un feu.
Elle accepte et on essai de faire un feu avec du vieux bois trempé et son briquet de babos. Le feu ne prend pas, on place des magazines, à part de la fumée et une odeur infâme rien ne se passe. C'est pathétique.
La fille à deux de tension et je ne comprends pas, je ne retrouve pas la jeune femme brillante des conversations adopte. Je suis triste.
La jeune fille, ou devrais je dire le demi gobelin propose de faire à manger.
Elle prépare alors un flan au courgettes mal cuit et d'une fadeur révoltante.
J'avale son flan sans passion et bien sur il n'y a pas d'alcool pour m'aider à affronter cette atmosphère sordide.
D'habitude malgré mon jeune âge et mon manque d'expérience je parviens toujours à lancer des conversations, faire des petites blagues mais présentement toute cette aura Gobelinesque me dêgoute et me sidère. Je suis comme paralysé et j'ai un mal fou à articuler ma pensée.
Après des silences gênés et autres conversations stériles on monte dans sa chambre.
Il fait encore plus froid dans sa piaule malsaine. Et ce n'est pas sa tenture de hippie bretonne délétère qui va réchauffer la pièce. Je m'allonge habillé sous sa couverture. Elle me rejoint.
Ca va un peu mieux, je commence à discuter, j'essai de relativiser, je me dis que ça reste une expérience quand soudain je sens un mal du démon me saisir les boyaux.
Je suis sous la couette avec un demi gobelin, il fait un froid glacial et j'ai des envie de flatulences abominables.
Bien sur aujourd'hui j'aurais pété sans honte en me disant balek mais à l'époque j'étais un celestin et je mourrais de honte à l'idée que la fille m'entende péter ( tout gobelin qu'elle était).
J'ai donc du subir, essayant de lâcher quelques silencieux, avec la fille qui tentait des approches lourdes avec ses pieds gelés. Dès que je bougeais la couverture, le froid me mordait la peau.
J'avais l'impression d'être un putain de sans papier dans la jungle de calais qui commence limite à regretter d'avoir quitté son pays en guerre.
Bref après cette nuit d'enfer j'ai pretexté un sms de ma soeur pour qu'elle me ramène à la gare le lendemain et je l'ai ghosté comme il se doit.