Le 07 février 2024 à 20:22:53 :
Dans cet interminable instant, où le temps semblait se dilater et se contracter avec la fluidité capricieuse d'un rêve éveillé, j'ai été saisi, avec une acuité de sensation qui ne m'avait jamais auparavant été connue, par la manifestation inopinée d'une libération gazeuse, émanant de mon propre être, dans l'atmosphère déjà saturée des parfums entêtants de l'après-midi finissant. Cette émission, qui, dans sa discrétion initiale, aurait pu prétendre à passer inaperçue, s'est révélée, à mon grand désarroi et à celui de mes compagnons occasionnels de ce salon où nous nous étions retrouvés comme par hasard, engagés dans ces conversations qui tissent le fil invisible de nos existences, d'une puissance olfactive telle qu'elle imposa immédiatement à tous la conscience aiguë de sa présence indélicate. Cette fragrance, si l'on peut abuser du terme pour évoquer une telle intrusion dans le registre habituellement réservé aux effluves de roses et de vétiver, n'était pas sans rappeler les abîmes cachés de notre condition mortelle, où se mêlent, dans une égalité démocratique, les ducs et les manants, réduits tous à la simple matérialité de leur être. Et dans cette reconnaissance d'une vulnérabilité partagée, d'une humanité commune jusque dans ses manifestations les plus triviales, se trouvait peut-être, pensais-je alors que je tentais de dissimuler mon trouble sous une contenance empruntée, une invitation à repenser les liens qui nous unissent les uns aux autres, dans une empathie renouvelée, au-delà des convenances et des apparences, vers une acceptation plus authentique de nos imperfections.https://image.noelshack.com/fichiers/2018/14/7/1523146488-mmhhhhhh.png