RoiCouille
2021-08-26 19:34:26
SUITE
Après cette deuxième réinitialisation, je me suis aperçu que le processus allait en s’allongeant. Évidemment, les souvenirs liés aux enfers s’ajoutaient aux souvenirs « terriens ». Comme si la punition n’était pas déjà assez sévère, plus je passerai du temps là-dedans, plus les réinitialisations seraient longues. J’ai donc de nouveau pu vivre une petite éternité à souffrir de façon tout bonnement abominable. D’une façon, encore une fois, absolument incomparable avec tout le reste, et j’ai fini par rouvrir les yeux sous l’acide. J’étais à bout, terrifié. Je n’avais pas réussi à échapper à une seconde réinitialisation, qu’est-ce qui ferait que j’échapperai à une troisième ? L’atroce brûlure liée à l’acide a très rapidement pris le dessus sur mes questionnements.
Main sur le front, je me mis à scruter les alentours. Rien, personne, seulement quelques bouts d’os qui finissaient d’être dissous. Le désespoir, l’envie de se mettre en boule et de subir. J’ai continué à marcher, à la recherche de quelque chose, de n’importe quoi qui pourrait me protéger, me soulager, même l’espace de quelques minutes. Rien. Rien du tout. J’ai marché, marché, et j’ai fini par m’écrouler, terrassé par la douleur. Je me suis recroquevillé, et j’ai subi. Vous connaissez malheureusement la suite, c’est exactement la même que celle du chapitre précédent. Puis vint la troisième réinitialisation.
A mon quatrième réveil, ma première envie fut de prendre une pierre et de me cogner la tête de toutes mes forces pour en finir. J’ai très vite contrôlé mes pulsions suicidaires. Ici, on n’était pas sur terre. La mort, ce n’était pas la fin, mais bel et bien le début d’une nouvelle éternité de souffrances. Main sur le front, j’ai de nouveau observé les environs, et il y avait cette fois-ci du nouveau. Je voyais du relief non-loin de moi, et surtout, je distinguais deux formes humaines côtes-à-côtes. Vous savez, entre la brûlure liée à l’acide et la noirceur qui règne là-dessous, c’est pas facile d’y voir clair.
Directement, j’ai couru. Je savais que les minutes étaient comptées. Le temps que j’arrive, je ne distinguais plus qu’une silhouette. Je compris vite pourquoi. Un homme venait tout juste de planter une espèce de bâton blanc, très certainement un os, dans le corps d’une femme désormais allongée. il avait quelque chose de super bizarre sur la tête, qui lui faisait comme un parapluie. Le gars retira l’os et le replanta une bonne dizaine de fois. Son arme avait l’air pointue, comme si elle avait été aiguisée. La femme n’émis aucun son surpassant celui des hurlements environnants.
Il continuait de la massacrer quand, tout à coup, il tourna brusquement la tête vers moi. J’ai alors immédiatement levé les mains en l’air. Son couvre-chef glissa et tomba sur le sol. Je m’aperçus avec horreur que, son espèce de parapluie, c’était de la peau humaine dépecée. Il s’en servait comme protection de fortune. Il ramassa brièvement la peau et la remis sur son crâne. Les mains toujours levées, j’ai hurlé mes premières paroles depuis mon arrivée dans cet enfer. Je ne me souviens plus des mots exacts, mais ça devait bien être un mélange de français / anglais comme ça :
-JE NE VEUX RIEN DE MAL ! I’M OKAY, I’M OKAY PLEASE !
L’homme, tout en balançant son bras de gauche à droite, ne me répondit que par :
-NO NO NO !
Ces 3 syllabes ont claqué comme des détonations, je m’en souviens cette fois-ci parfaitement. Je n’étais pas le bienvenu. J’ai continué malgré tout.
-PLEASE, I NEED HELP, PLEASE !
Je hurlais du plus fort que mes cordes vocales me le permettaient. Il ne prit pas la peine de répondre, se contentant de me refaire un grand signe négatif du bras. Il se pencha ensuite pour attraper le pied de la femme et commença à la tirer en direction du relief. J’ai alors couru vers lui. Il était ma seule et unique chance pour espérer avoir un peu de répit, et je comptais bien saisir cette chance.