Alors que les animés continuent de séduire des millions de fans à travers le monde, un phénomène atypique attire aujourd'hui l'attention des spécialistes. Selon une enquête récente, la populaire série d’animation Alya Sometimes Hides Her Feelings in Russian pourrait être en partie financée par des fonds liés au Kremlin. Ce soutien financier, peu évident à première vue, viserait à améliorer l'image de la Russie au Japon et à l'international.
L’animé qui met en scène une jeune lycéenne russe nommée Alya vivant des aventures aux côtés d'un camarade japonais a de quoi séduire les téléspectateurs. Cette histoire douce et romantique cacherait pourtant des éléments pro-russes, de l’avis de certains analystes culturels.
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Une propagande douce au service du Kremlin ?
"Cet animé contribue à donner une image de la Russie qui diffère largement des stéréotypes. Alya n’est pas seulement un personnage : elle est une ambassadrice inconsciente des valeurs russes," explique Yoshito Tanaka, chercheur en science politique à l’Université de Tokyo. "L’utilisation de la langue, des souvenirs d’enfance et de la nostalgie contribuent subtilement à humaniser la Russie."
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Dans une scène qui en a intrigué plus d’un, le protagoniste aide Alya en lui remettant délicatement sa chaussette, un moment que l’animation met en valeur par une insistance visuelle notable sur son pied. Cette attention au détail n’est pas passée inaperçue, et certains y voient un message sous-jacent.
Selon Arata Kimura, spécialiste en sémiotique des médias à l’Université de Nagoya, "la focalisation prolongée sur le pied d’Alya et sur ce geste de soin de la part de Masachika n’est pas anodine. Dans la culture russe, les gestes d’entraide simples et les marques de respect mutuel sont des valeurs centrales. Cette scène subtile, par son intimité et sa symbolique, semble transformer Alya en une figure idéalisée de la Russie, prête à être aidée et comprise. C'est une manière implicite de présenter la Russie comme une nation à la fois forte et digne de compassion."