Éric Dupont-Moretti renifle le derrière des vieilles
En ce beau début d'après-midi printanier, l'avenue des Champs-Elysées est arpentée à profusion par les parigots. Entre les badauds flânant sous le Soleil et les bourgeoises dévisageant les vitrines des grands magasins de mode hors de prix, une masse Républicaine se démarque.
Éric Dupont-Moretti, Soleil Républicain, remonte avec nonchalance la plus belle avenue du monde. Lui aussi venu flâner pour irradier de sa lumière républicaine la populace. Son regard se porte au loin, et, perdu sur l'Arc de Triomphe, projette à terre un pauvre gaillard sur son passage, comme il en a l'habitude avec le mobilier urbain et les véhicules mal stationnés.
"Hors de ma vue, contribuable !" S'exclame-t-il entre mépris et moquerie.
"Monsieur ! Ce ne sont pas des manières acceptables !" Laisse entendre derrière lui une voix féminine usée par l'âge.
Un sentiment d'outrage s’empare du Maître. Il marque trois secondes de latence avant de se retourner.
"Oui, c'est à vous que je parle, vous n'avez aucunes manières pour bousculer ce pauvre jeune homme ? Excusez-vous."
Tels sont les propos de la dame d'âge vénérable, cheveux courts et bouclés, sobrement vêtue d’un gilet gris, de petite taille et le dos légèrement courbé, laissant deviner une dure vie de labeur.
Le Maître réplique aussitôt à cet affront par un puissant rot, laissant dessiner dégoût et stupéfaction sur le visage de la vieillarde devant une telle intempérance.
Immédiatement, un long filet salivaire émanant du bec du Maître inonde sa chemise. Il se rapproche de la vieille, puis pousse un hurlement de Kraken, faisant trembler les vitrines. Il ôte sauvagement sa chemise, les boutons sautent comme des rivets malmenés, laissant apparaître un tapis de pilosité fort déplaisant.
La vieille, pétrie sous le choc, entre ébranlement et terreur, ne daigne pas fuir et fixe des yeux le Maître. Il rend son verdict :
"Vichyste, ton sort en est remis à la République"
Le Maître passe derrière la vieille, toujours ébahie, et cale son nez sur la nuque de la malheureuse. Il renifle abondamment. Il a conscience qu’il a en face de lui huit décennies de pétainisme, une infâme exhalaison de Révolution nationale lui agresse les cavités nasales. L’Immortel Républicain, voulant frapper au plus profond de la bête immonde, fait glisser son nez sur son dos, en direction de son postérieur.
Mais la vieille se retourne brusquement et interrompt le rituel. Elle agrippe Le Maître par la joue avant de lui téter l'oreille gauche. De forts bruits de succion sont émis, cire et bave luttant l'une contre l'autre dans un duel épique. L'oreille de l'avocat siffle face à tant de détermination octogénaire. La joue droite de l’Avocat finit elle aussi pincée dramatiquement. Une fois la contre-attaque menée, Le Maître finit cassé, abattu, anéantit. Tout concept de volonté s'est égaré dans les abîmes de l'humiliation.
"Souviens-toi de la cinquième colonne, rojo !" Lance la vieille avec dédain.
Le Maître, ébranlé, assiste impuissant à la sanction franquiste. Toute une troupe de passants assiste à la scène tragique, parfois filmée. Victorieuse, la vieille s'éloigne et s'apprête à s’évanouir dans la foule.
Après un instant interminable, Le Maître se ressaisit avec désespoir et planifie une ultime contre-offensive, peinée voire suicidaire.
Il se ressaisit, s’avance, se positionne et pousse comme il n’a jamais poussé. Un puissant rayon excrémentiel fuse du postérieur du maître, son pantalon capitule sans condition à brûle-pourpoint par un trou béant, déroulant le tapis rouge au geyser de la Cinquième.
La sanction antifasciste submerge la vieille franquiste encore fière, de même que sur quelques passants innocents, mais probablement populistes. La néo-franquiste pousse immédiatement un cri strident, faisant voler en éclat tout ce qui ressemble de près ou de loin à du verre, de Chaillot aux Batignolles. Son timbre vocal vire au contralto, d’un grave rugissant et inhumain, puis, la bête fasciste se déforme violemment tel un hydre décapité, ses membres adoptent des positions inaccessibles et le spectacle révèle une chute de Führer.
Le Gardien de la Cinquième, au postérieur vésuvien encore fumant, se retire orgueilleusement du champ de bataille sous les acclamations plébéiennes. Le coup d'État fasciste est vaincu, et la Raie Publique, triomphante.
Éric Dupont-Moretti pulvérise les sanitaires
Affalé sur sa chaise et la table débarrassée des ruines de son fastueux déjeuner à La Poule au Pot, restaurant aux ornements façon Art déco à deux pas du Palais de Justice, le Maître se défait du premier bouton de son pantalon qui menaçait de rompre.
“Il ne faudrait quand-même pas blesser un contribuable !” s’amuse-t-il dans sa barbe.
Après une vaste salade méditerranéenne, deux andouilles de Jargeau accompagnées de fastes pommes de terre, un maroilles entier et deux profiteroles glacés, le Maître répète studieusement sa plaidoirie.
“D’accord… vice de procédure… article sept, c’est OK” rumine-t-il silencieusement.
Un violent spasme interrompt brutalement son rituel, tel un éclair estival. Pas de doute. C’est bien son intestin grêle en détresse. D’éphémères mais réguliers timides relâchements sphinctériens confirment le diagnostic. Ça se bouscule au portillon au vu du bestiau.
Les seuls sanitaires sont retranchés au fond d’un étroit couloir du restaurant, entre le comptoir et deux petites tables. Un client en sort aussitôt tandis que deux français moyens font déjà la queue avant d’être virilement évincés par l’Ogre de Maubeuge, tels des ministres embarrassants. Les pauvres bougres ne font pas le poids sous l’influence corporelle phénoménale de la bête et sont projetés en arrière toute.
La porte claque bruyamment et le verrou est enclenché avec une phénoménale force républicaine.
Ça y est.
Tout se joue dès cet instant. Le Maître, au fessier bien calé sur une cuvette gémissante, tel un bogie sur des rails, savoure cet instant de maîtrise de l’être.
Relâchant son muscle annulaire prudemment, une goutte de sueur émerge de son front, le regard en déperdition fixé sur la porte en bois, ignorant les protestations des gueux mussolinistes derrière, Le Maître se focalise sur sa mission.
Mais rien ne se déroule comme prévu. L’intestin grêle du monstre semble maintenant faire la grève aussi remarquablement qu’un cheminot. La marchandise ne peut donc être livrée.
Mais c’est mal connaître la détermination de la chose républicaine.
Mobilisation générale, comme en quatorze. Telle une machine bien huilée, tout le mécanisme s’exécute et une pression phénoménale s’exerce sur la cargaison. Mais la masse ne veut rien savoir du monde extérieur et surtout pas du bout de la caverne.
L’avocat, hébété, émet un des rares doutes de son existence sur sa capacité à exercer une force herculéenne sur un autre colossal tas de merde, malgré sa capacité quotidienne à supporter sa propre personne.
“Ce n’est pas un étron néo-fasciste qui me résistera !” se ressaisit-il.
Il inhale deux hectolitres d’air. Se prépare. S’exécute. Ayant rassemblé une force titanesque, son sphincter s’écarquille. Sa face se métamorphose, toute la palette des émotions s’y dessine à toute vitesse. Son grimacement apocalyptique lui fait naître trois nouveaux doubles mentons, en plus des cinq autres habituels. Sa teinte vire au rouge, tel l’empire tsariste à la fin de la Grande Guerre.
Un grondement assourdissant est émis. Toute une synergie de muscles, d’os, de tendons, de graisse et de chair, menant un combat épique contre la masse lourde et infâme, parasitant les entrailles de l’Être de Lumière, ambassadeur de l’Olympe républicain. C’est à ce moment précis où tout se joue. Le Verdun sphinctérien sera décisif.
Une telle mobilisation des forces de la nature fait trembler toute la baraque, si ce n’est tout le quartier. Les riverains, terrorisés et ignorant la gravité de la situation, croient d’abord à un tremblement de terre et se ruent en catastrophe hors de toute bâtisse.
Dans les entrailles de la gargote, la malheureuse lunette des sanitaires, sous la pression et la température impitoyables du postérieur du Divin Républicain devenu réacteur nucléaire incontrôlable, capitule face aux éléments. L’ensemble de la structure sanitaire est entraîné dans le dramatique trépas de la misérable lunette, le quartier entier suit son destin et finit lui aussi martyr de ce duel épique.
Dans un ultime élan de désespoir, Le Maître rassemble ses dernières troupes et pousse un ultime barrissement qui marquera l’Histoire des Hommes d’une trace de merde indélébile, gravée aux fins fonds des roches asthénosphériques :
“POUR LA CINQUIÈME ! FASCISTES !”
Le Président fonce désespérément au Restaurant du Sénat, connu comme “la cantine” dans le milieu. Bâtiment Haussmannien jouxtant le Luxembourg et richement décoré de lustres, de dorures et de peintures en tout genre, la pièce principale se compose de papier peint et de rideaux couleur grenat. Le bâtiment est à la hauteur de la démesure accordée aux parlementaires de la Cinquième, tels seraient les propos d’un contribuable moyen, adepte de populisme de bas étages et de critiques faciles.
Son ventre crie famine, rugissant de douleur, et, malgré les six croissants, trois cafés, trois tartines de beurre et de confiture aux coings, quatre pommes, et cinq biscuits palmiers de son maigre festin matinal en période de régime, le bourdonnement stomacal n’a cessé de distraire les élus durant les deux interminables heures précédant ce traditionnel déjeuner Républicain.
Le Plus Grand Des Sénateurs s’assoit rapidement à une frêle chaise d’une grande table prévue pour six personnes au total, mais dont sa seule présence ne la réduit qu’à quatre. La table est complète les cinq minutes suivantes.
Un jeune serveur fait irruption, les sénateurs commandent, il s’exécute. Vient le moment des désirs du Président. Le serveur, habitué et connaissant le bestiau jusque dans ses moindres recoins, se munit d’un carnet entièrement vierge.
Il commande trois Bordeaux, deux douzaines d’amuse-bouches au foie gras et à la confiture de figues, trois côtes de bœuf aux épinards à la sauce béchamel, une cinquantaine d’huîtres de Marennes et enfin six crèmes brûlées. Pas plus. Le Président se doit de rester modeste en tant qu’élu républicain.
Les dix minutes suivant l’intense collecte de données, deux mondes naissent. Le premier, celui des rugissements incessants de l’estomac des plus absolutistes, rompant le silence de mort régnant dans la salle. Le sénateur d’à côté voit des gouttes de sueur trahir sa sérénité apparente. Le second est celui des cuisines, dont le chef expérimenté voit douter chaque midi de ses compétences, dissimulant son manque de confiance à satisfaire le Président en hurlant maladroitement sur les pauvres novices, tétanisés.
Après cet interminable lustre d’attente et quelques démissions, le convoi arrive. Le Président défigure les serveurs tel un U-Boot en chasse au milieu de l’Atlantique, torpillant du regard son déjeuner républicain, devenu royal.
Aussitôt la pitance installée sur la nappe, c’est le déchaînement. Les huîtres disparaissent aussi vite que la virginité d’une enfant en Arabie mahométane, les amuse-bouches fondent comme neige au Soleil et les malheureuses côtes de bœuf font courte vie ; l’ogre du Luxembourg garde jalousement son moyen de survie tel un lion dévorant une gazelle.
La chaise, chauffée à blanc par les relâchements sphinctériens réguliers tels un métronome, de ce fessier farouchement républicain, menace de s’effondrer.
Le carnage terminé, le Président, satisfait comme un roi, pousse la table avec énergie, emportant les pauvres sénateurs chétifs avec.
Le plaisir n’est que de courte durée car les faiblesses sphinctériennes cessent. Un silence inquiétant prend d’assaut la pièce. Un élu conservateur, prenant conscience de la situation, émet une prière furtive.
Un torrent de merde jaillit soudainement du fessier républicain d’une puissance semblable à une éruption du Krakatoa, bien que bref, la chaise est vaporisée tout comme le parquet et le sol qui laissent entrevoir le sous-sol. Les fondations du bâtiment n’ont pas été prévues pour un tel déchaînement de la nature et la merde en fusion détruit maintenant tout sur son passage, n’épargnant pas les fondations en béton armé, faisant passer le corium de Tchernobyl pour une simple fuite.
La chute du Président jusqu’au sol ne fait qu’achever le sort du bâtiment déjà mis à rude épreuve. Vacillant, le poids du bâtiment fait exploser les vitres collectivement, les canalisations rompent, les installations électriques sautent. Des milliers de fissures envahissent les murs, laissant présager le pire.
La panique et les cris d’horreur assaillent brusquement les sénateurs, devenus bêtes primitives, ne cherchant qu’à s’extirper du bâtiment menaçant de devenir tombeau. Les fumées toxiques provenant du sous-sol foudroient les plus fragiles, le personnel employé déserte leurs emplois, et les moins chanceux sont piétinés, écrasés sous la foule en détresse fonçant vers les fenêtres explosées.
Le bâtiment s’effondre finalement quelques minutes par la suite, dont les grondements agonisants effraient la ville lumière.
De ce moment tragique de l’Histoire de la République Française, naissent les ruines fumantes de ce bâtiment, tombeau Du Plus Grand Des Sénateur, prisonnier entre poutres, charpentes, tuiles, pans de murs entiers et masse en fusion qu’a accouché le plus capricieux des estomacs.
Affalé sur sa chaise et la table débarrassée des ruines de son fastueux déjeuner à La Poule au Pot, restaurant aux ornements façon Art déco à deux pas du Palais de Justice, le Maître se défait du premier bouton de son pantalon qui menaçait de rompre.
“Il ne faudrait quand-même pas blesser un contribuable !” s’amuse-t-il dans sa barbe.
Après une vaste salade méditerranéenne, deux andouilles de Jargeau accompagnées de fastes pommes de terre, un maroilles entier et deux profiteroles glacés, le Maître répète studieusement sa plaidoirie.
“D’accord… vice de procédure… article sept, c’est OK” rumine-t-il silencieusement.
Un violent spasme interrompt brutalement son rituel, tel un éclair d’été. Pas de doute. C’est bien son intestin grêle en détresse. D’éphémères mais réguliers timides relâchements sphinctériens confirment le diagnostic. Ça se bouscule au portillon au vu du bestiau.
Les seuls sanitaires sont retranchés au fond d’un étroit couloir du restaurant, entre le comptoir et deux petites tables. Un client en sort aussitôt tandis que deux français moyens font déjà la queue avant d’être virilement évincés par l’Ogre de Maubeuge, tels des ministres embarrassants. Les pauvres bougres ne font pas le poids sous l’influence corporelle phénoménale de la bête et sont projetés en arrière toute.
La porte claque bruyamment et le verrou est enclenché avec une phénoménale force républicaine.
Ça y est.
Tout se joue dès cet instant. Le Maître, au fessier bien calé sur une cuvette gémissante, tel un bogie sur des rails, savoure cet instant de maîtrise de l’être.
Relâchant son muscle annulaire prudemment, une goutte de sueur émerge de son front, le regard en déperdition fixé sur la porte en bois, ignorant les protestations des gueux mussolinistes derrière, Le Maître se focalise sur sa mission.
Mais rien ne se déroule comme prévu. L’intestin grêle du monstre semble maintenant faire la grève aussi remarquablement qu’un cheminot. La marchandise ne peut donc être livrée.
Mais c’est mal connaître la détermination de la chose républicaine.
Mobilisation générale, comme en quatorze. Telle une machine bien huilée, tout le mécanisme s’exécute et une pression phénoménale s’exerce sur la cargaison. Mais la masse ne veut rien savoir du monde extérieur et surtout pas du bout de la caverne.
L’avocat, hébété, émet un des rares doutes de son existence sur sa capacité à exercer une force herculéenne sur un autre colossal tas de merde, malgré sa capacité quotidienne à supporter sa propre personne.
“Ce n’est pas un étron néo-fasciste qui me résistera !” se ressaisit-il.
Il inhale deux hectolitres d’air. Se prépare. S’exécute. Ayant rassemblé une force titanesque, son sphincter s’écarquille. Sa face se métamorphose, toute la palette des émotions s’y dessine à toute vitesse. Son grimacement apocalyptique lui fait naître trois nouveaux doubles mentons, en plus des cinq autres habituels. Sa teinte vire au rouge, tel l’empire tsariste à la fin de la Grande Guerre.
Un grondement assourdissant est émis. Toute une synergie de muscles, d’os, de tendons, de graisse et de chair, menant un combat épique contre la masse lourde et infâme, parasitant les entrailles de l’Être de Lumière, ambassadeur de l’Olympe républicain. C’est à ce moment précis où tout se joue. Le Verdun sphinctérien sera décisif.
Une telle mobilisation des forces de la nature fait trembler toute la baraque, si ce n’est tout le quartier. Les riverains, terrorisés et ignorant la gravité de la situation, croient d’abord à un tremblement de terre et se ruent en catastrophe hors de toute bâtisse.
Dans les entrailles de la gargote, la malheureuse lunette des sanitaires, sous la pression et la température impitoyables du postérieur du Divin Républicain devenu réacteur nucléaire incontrôlable, capitule face aux éléments. L’ensemble de la structure sanitaire est entraîné dans le dramatique trépas de la misérable lunette, le quartier entier suit son destin et finit lui aussi martyr de ce duel épique.
Dans un ultime élan de désespoir, Le Maître rassemble ses dernières troupes et pousse un ultime barrissement qui marquera l’Histoire des Hommes d’une trace de merde indélébile, gravée aux fins fonds des roches asthénosphériques :
“POUR LA CINQUIÈME ! FASCISTES !”