Chapitre 5 : Sega - Corte partie 1 : il faut sauver le soldat brancaziu ?
Les branches de la forêt m'abritent du soleil qui est maintenant bien haut dans le ciel. Le chemin jusqu'à Corte sera ma dernière étape de la journée avec un peu plus de 12 km. Le topo guide m'indique environ 1000m de d- et à peine 400m de d+. J'ai un pic au cœur en voyant cette information
Cependant, la pause d'une heure semble avoir été bénéfique car malgré une marche tout en déséquilibre, la douleur semble s'être stabilisée
Cette étape sera mentale, c'est sûr. Alors que je continue mon périple le long de la rivière, mon téléphone se met à vibrer, étonnant que le réseau puisse passer en pleine forêt
On a beau dire, l'instinct maternel est quand même puissant
Ce n'est pas dans mes habitudes mais je vais rester une heure au téléphone avec ma mère à discuter de banalités, à l'instar de ces auditeurs qui passent à la radio pour raconter leur vie
Ça ne fait que 3 jours que je marche mais à ce moment-là je commence à ressentir la solitude, surtout quand la souffrance est de la partie
Tout en parlant, j'avale les premiers kilomètres et je ne pense presque pas à mon genou. Mais les choses ne sont jamais aussi simples malheureusement. La connexion a fini très logiquement par se couper et la douleur à recommencé à se faire vive après ces quelques km de sursis
La descente est là, moins spectaculaire que celle de l'étape précédente mais tout aussi caillouteuse
Les kilomètres s'enchainent, je rencontre beaucoup de randonneurs dans le sens inverse. Ils sont pour la plupart rougis et mouillés par leur ascension
Je me souviens bien de cette jeune allemande ou néerlandaise rencontrée en milieu de parcours. Par pour sa beauté ni son rythme certes mais pour sa grande résistance.
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Je prend un malin plaisir à accentuer le ralentissement de ma phrase
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Je jette un coup d'œil à son sac qui est presque plus gros qu'elle. Pas étonnant qu'elle mette si longtemps. J'en connais un qui a abandonné pour moins lourd
Je décide donc de ne pas lui rajouter une charge mentale supplémentaire en évitant de parler des nombreux km qui l'attendent encore. Je me contente de lui souhaiter bon courage
Il est environ 10h30 quand je quitte la forêt pour longer les flancs de la montagne. Corte est maintenant en vue même si la ville semble encore lointaine
Cette ville fait partie des grands centres touristiques de corse et elle attire donc pas mal de personnes venant se mesurer à ses montagnes. Les profils sont très variés
Avant de vous les détailler, je vous précise que j'avais remis ma musique en marche afin de me motiver et ne pas penser à la douleur
Cette fois-ci, je ne prends plus la peine de baisser le volume à leur approche.
Ça n'a pas l'air de déranger les quelques trailers que je vois passer en flèche
Par contre, les quelques retraités me lancent des regards noirs
En approchant de la ville, je salue également une famille qui monte en claquettes sans sac ni bouteille d'eau
Je mettrais presque ma main à couper que le Renault Scenic avec le coffre de toit les attend sur le parking
11h40, je débarque en boitant sur le parking de la citadelle. J'éteins ma musique et compose le numéro du gîte d'étape. La dame qui me répond m'informe que l'étape suivante reprend vers la gare qui se situe à la sortie de la ville en contrebas et que je ferai mieux de profiter des hôtels du centre
Me revoilà donc en train de dévaler les escaliers de la vieille ville, mes bâtons ayant définitivement pris la fonction de béquilles
Tout en rejoignant le cours Paoli, je rumine mes pensées.
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Ma petite voix a raison…
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La pharmacie est à 50m. 3 personnes sont déjà à l'intérieur : une jeune employée
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La pharmacienne me fait asseoir et se met à l'ouvrage. Elle disparaît un instant dans l'arrière boutique puis revient avec mon nouveau genou bionique qu'elle m'aide à enfiler
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J'effectue quelques pas
Je n'en ai pas la moindre idée, toujours est il que le pharmacien me la facturera 50€
Ma démarche étant maintenant facilitée et moins douloureuse, je pars en quête d'un restaurant pour remplir mon estomac d'une excellente pizza figues, miel et brousse (je rappelle qu'il n'y pas de brocciu en été)
L'hôtel maintenant. Et puis non, je décide d'aller prendre le soleil sur la place devant la statue de Pascale Paoli
En chemin je m'arrête dans une boulangerie pour acheter des migliacci et une part de fiadone
Mon estomac est plus que plein mais j'ai un capital sommeil à rattraper
Une fois de plus, Google m'indique l'hôtel le plus proche : l'hôtel du nord, 100m.
En un clin d'œil je me retrouve devant la réception avec tout mon barda. J'appuie par pure gaminerie sur la petite sonnette pour invoquer la réceptionniste
D'une trentaine d'années, elle a un accent des pays de l'est.
Je suis fatigué, je la joue franc jeu
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Le studio est très bien aménagé. Je l'informe que j'ai besoin d'aller retirer et elle me propose de laisser mes affaires ici. La bonne affaire
Je descends au distributeur du coin de la rue, j'indique le montant de 50€. Un message s'affiche à l'écran "capacité de retrait insuffisant"
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J'obtiens le même message
J'ouvre l'appli de mon compte en banque. C'est bizarre, j'ai encore un solde de 150 €.
Me voilà encore bien loti. Je remonte à l'hôtel.
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Le 23 août 2022 à 14:34:00 :
Toujours un plaisir de tout lire. Un pincement au coeur la mama (et au compte bancaire).Attendons la suite.
Rien à voir mais c'est qui sur ta PP, Thuram ? Ahi c'est marrant que tu parles de compte en banque. Tu verras dans le prochain chapitre justement !
Sur ma pp c'est Patrick vieira
Le 23 août 2022 à 14:03:29 :
OK khey on attend ça avec impatience alors
Je la rédige ce soir si tout se passe bien les clés
Chapitre 4 partie 2 : Albertacce - Sega : Quand la douleur s'invite à la fête
J'aperçois le gardien du gîte à travers la porte fenêtre. Il est jeune, quelques années de plus que moi je dirais
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Je le laisse donc à ses occupations et j'ai le temps d'envoyer quelques nouvelles à mon père. J'évite de lui parler de mon genou car je le connais, il voudrait me déconseiller d'aller plus loin. Pour rappel, celui-ci doit me rejoindre dans 5 jours.
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*Me voit sortir ma CB*
Je farfouille dans ma ceinture, il me semble qu'il me reste pile le bon montant
Et merde, j'avais oublié mon achat des pâtes au spar d'evisa…
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Quel khey ce gardien
Pour la première fois, je prends une pause d'une heure afin de glacer puis frictionner mon genou.
J'étais sur le point de repartir quand j'ai eu une envie assez pressante qui nécessitait des toilettes
Fait exprès je ne trouvais pas les lieux en question. Mon regard parcourait le terrain lorsque je remarquai des tente ouvertes dont une avec un randonneur prenant son café
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Ptn mais il a pas chié de la soirée celui là !
Je retourne récupérer mon sac tout en croisant le regard du randonneur. Il me sourit, amusé
8h20. À la sortie du "camp" la pancarte indique Corte en 4h. Mon genou est un peu moins douloureux mais je sens que la journée est loin d'être terminée et je suis loin de me douter que mon genou sera bientôt le cadet de mes soucis
Chapitre 4 partie 1: Albertacce - Sega : Quand la douleur s'invite à la fête
Je suis planté devant l'auberge le téléphone à la main. J'attends, je ne sais pas ce que j'attends mais j'attends
Je suis en train de me demander si je ne suis pas maudit. Tout cet effort dans l'espoir d'avoir un petit cocon tranquille pour ce soir et je me retrouve devant une porte close.
J'ai l'impression d'être un migrant recalé par un garde de côte après avoir traversé la Méditerranée
*Volet qui s'ouvre*
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Je suis soulagé, je me voyais mal poser ma tente en plein milieu du village sur le béton comme un rom
Je me baisse pour ramasser les bâtons et j'emprunte l'escalier qui mène à la porte de derrière. J'arrive à monter les deux premières marches mais passé celle ci, ma jambe droite se dérobe sous la douleur
Mon corps a eu le temps de refroidir, l'adrénaline a dû retomber et mon genou me fait souffrir le martyre. Je pénètre dans l'hôtel sur une jambe en m'aidant de mes bâtons devant les yeux ébahis de la patronne
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La dame est très gentille. Elle a un accent corse très prononcé et se montre presque maternelle à mon égard. Je ne le sais pas encore mais son rôle sera décisif pour la suite de mon aventure
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Ahii 70 €, le budget de 30€ par jour a complètement explosé
Sans rien laisser paraître, je sors ma CB pour alléger mon compte en banque
La chambre a tout le confort que je recherche : un lit, une douche et des prises de courant
Ptn le bac à douche était devenu tout noir avec tout le gange que j'avais expédié dans les canalisations
Le simple fait d'avoir enfilé une tenue à peu près propre me faisait déjà me sentir mieux. Comme prévu, la patronne m'attendait dans une petite Opel corsa devant l'auberge.
Je suis escorté au village voisin de Calacuccia où le proxy fait mon bonheur : taboulé à la corse et poulet rôti pour ce soir et un quatre quart pour demain matin
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La voiture enchaîne les virages et se rapproche du lac artificiel d'EDF. Même dans l'obscurité de la nuit qui s'installe, j'arrive à distinguer les nombreux tags "IFF"( i Francesi fora ), "gloria à te Yvan, statu Francese assassinu" ou encore "a Droga fora" qui décorent les murs du bas côté
Ça se trouve elle me ramène à une réunion secrète du flnc
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Effectivement, c'est bien le symbole orange du mare a mare qu'elle m'indique sur un poteau.
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19h30, j'expédie mon repas, entame le quatre quart par gourmandise ainsi que le baume du tigre pour d'autres raisons
La nuit fut courte même si j'ai plutôt bien dormi. 3h30, le réveil est dur je ne vous le cache pas
En sortant de la chambre, je m'approche du comptoir pour reposer la clé. Il fait noir à l'exception de la faible lueur du frigo que j'avais repéré la veille.
Sans vergogne, je planque une banane, un pot de yaourt et du jambon dans mon sac
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J'estime qu'à 70€, le petit déjeuner est compris
3h50 et il fait déjà chaud quand je rejoins les traces. Celles-ci descendent dans une sorte de pré. La lumière de ma frontale illumine des yeux dans la nuit : des taureaux sont à quelques mètres de moi et me regardent passer
Ma progression est très aléatoire, les animaux ont tracé de nombreux sentiers naturels et je finis par me perdre sans pouvoir retrouver les traces. Je perds environ 20 mins à tourner en rond au milieu des bouses et je commence à fulminer intérieurement
Je repense aux traces de Calacuccia. C'est décidé, je rattraperai le chemin là bas.
Le chemin par la route est long et monotone. Malgré son caractère plat, le bitume commence à raviver la douleur de mon genou.
Au lever du jour, j'arrive au barrage. Les traces continuent dans la montagne et je flaire l'ascension sans fin
J'opte donc pour une courte pause le temps de déguster mon larcin et d'observer les premiers rayons du soleil se déposer sur l'eau bleutée
Ce sera le dernier moment de sérénité avant la fin de la journée. En effet, comme je l'avais deviné, les traces m'ont fait traverser une décharge aux abords du lac avant de me faire grimper la montagne à travers du maquis puis de la forêt.
Au bout de 10 minutes, mon cauchemar commence
Mon genou me lance aussi fort que la veille au soir et à chaque pas la douleur se fait sentir sur le côté. Le pire dans tout cela est que cette douleur m'empêche dorénavant de prendre des micro pauses dans la montée. Je m'explique : la montée étant très raide, il m'arrive de me fixer un objectif du type "à cet arbre je ferai 15s de pause pour boire". Or, cette fois ci, à chaque fois que je reprenais la marche après ces pauses, une violente douleur me traversait la jambe comme si mon genou avait eu le temps de se refroidir pendant l'arrêt.
Je me souviens très bien de cette étape, de ce jour tout entier même
J'ai continué à avancer jusqu'au sommet en tirant comme un forcené sur mes bâtons. Devant la pancarte indiquant la bergerie de Bonifacce, je me jette à terre.
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Et merde, c'est le cas de le dire, en m'ecroulant mon sac vient d'écraser une bouse de vache semi sèche et les mouches se jettent sur moi avec une agressivité que j'ai rarement vu chez ces insectes
Pas le temps de m'apitoyer sur mon sort, j'avale un Doliprane et j'attaque la descente.
En temps normal la descente aurait été une vraie partie de plaisir car elle est parsemée de roches sur lesquelles on peut sauter comme une chèvre de montagne
À présent, je descendais sans m'arrêter mais avec un rythme lent, en choisissant chaque pierre qui me paraissait la plus stable pour éviter de forcer sur mon genou
Malheureusement le choix s'avérait bien inutile car si la montée était douloureuse, la descente fut un enfer
Ajouté à cela, ces saloperies de mouches continuaient leurs assauts. J'avais l'impression d'être Walter white pour ceux qui auront la référence
Sur les coups de 7h15 j'arrive au refuge de Sega. Ce refuge me fait penser à un de ceux que je fréquentais sur le gr20. La cabane en bois est au milieu de la forêt et dispose d'une grande terrasse tandis que des tentes et une cuisine sont disposées autour.
Aucune des tentes n'était encore ouverte et j'ai pu me mettre à mon aise sur la terrasse, la jambe droite allongée sur le banc
Le 14 août 2022 à 22:45:30 :
Excellent chapitre, tu as souffert par pêché d'orgueil, c'est une leçon à retenir.Quel volume d'eau bois tu chaque jour environ ?
N'avez tu pas qq récipient, briquet pour cuire les pâtes ?
Comment pensais tu les faire avant de les acheter ?
Oui carrément, si j'avais pas couru mon genou aurait pas lâché de suite, mais comme j'avais en tête de dormir le plus tôt possible j'en ai fait qu'à ma tête.
Pour l'eau j'avais mon camel bag de 3L et mes deux flasques de 500 mL donc 4L au total. J'ai pas calculé combien je buvais chaque jour mais le matin je buvais assez peu. Environ 1,5L par étape sachant que je buvais aussi dans les fontaines des villages, et ça à volonté
L'après midi c'est là que j'étais à sec le plus souvent. Je veux pas dire de connerie mais je devais pas être loin de 9 L par jour.
Pour les pâtes je pensais les cuisiner dans la cuisine du gîte car il y en avait une dans le gîte de Calanzana avec de la vaisselle à disposition. C'était déjà le cas sur les gîtes du gr20 et je pensais que ça serait sensiblement la même chose dans ceux du mare a mare et mare e Monti
Le 14 août 2022 à 22:33:51 :
ayaoooooo excellent chapitre, faire une étape de plus en pleine canicule tout ca pour dormir dans la rue avec sa dégaine de SDF et ses chevilles en porcelaines, quel pleasurehttps://image.noelshack.com/fichiers/2022/21/4/1653554488-ahi-wonki-tison.png
Pour le coup c'était mon genou qui a ramassé Ahi. Vous verrez dans le prochain chapitre comment j'ai fait pour l'hébergement ce soir là
Chapitre 3 : Serriera -
Malgré les ronflements de ma compagne de chambre, la nuit a été plutôt agréable
Quand le réveil a sonné à 3h
Les ronflements allaientt toujours bon train
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Je suis surpris de me faire interpellé alors que 2s avant elle semblait dormir. Je la remercie, la salue une dernière fois et m'engouffre dehors avec ma musette de militaire
Le temps est très agréable. Mon paquet de gâteaux en guise de déjeuner, je suis posé devant le gîte avec vue sur les étoiles.
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Je quitte donc Serriera par un chemin bétonné qui m'emmènera jusqu'en forêt. Je passe devant plusieurs maisons de chasseurs et je déclenche les aboiements des chiens
Je vous avoue qu'à ce moment là, je flippe un peu qu'un de ces clebs trouve un moyen de passer à travers la clôture "pour venir jouer" et j'accélère naturellement mon allure, terminant ainsi mon échauffement
Pour cette première étape, j'ai environ 1000m de d+ à effectuer. Ma stratégie de partir avant le lever du soleil commence à payer car avec la chaleur en moins je progresse très rapidement et de plus, pour ce deuxième jour, mon corps semble avoir retrouvé les bons réflexes
Arrivé près de Otta, je croise un randonneur et sa femme dans le sens inverse.
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Je quitte le couple avec le sourire jusqu'aux oreilles
Pour 8€ je suis vraiment servi comme un roi : vue master race sur la montagne que je viens de descendre, café, pains grillés à foison, confiture d'oranges et de figues, viennoiseries beurrées et canistrelli
Je vous garantie que je n'ai rien laissé, j'ai même embarqué le sucre en poudre (parfait petit remontant pour les étapes qui m'attendent)
8h, festin terminé et me revoilà reparti. J'appelle la famille pour donner des nouvelles et tout d'un coup je me rend compte que je suis un peu trop à l'aise pour marcher en téléphonant.
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Je perd donc mon temps pour récupérer mes bâtons à l'image de Franck sur le gr20 et je met mon orgueil de côté en voyant le gérant du bar se moquer gentiment de moi
Cette fois-ci, je suis vraiment parti. Les 3 / 4 de l'étape jusqu'à Evisa longe une rivière sur de la descente. Une vrai plaisir pour le coup, je saute de pierre en pierre et je double pas mal de randonneurs dans la montée qui suit pour atteindre Evisa
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Du coin de l'œil j'aperçois la serveuse qui semble être la fille du patron. Vraiment jolie, tout à fait mon style pour être honnête
Malheureusement pour moi, elle restera derrière son bar car c'est son père qui va m'apporter mon sandwich
Tant pis, je vais au moins me conduire en gentleman en lui apportant mon plateau vide directement au bar
Petit détail important, je m'étais passé "un peu" de crème solaire car il était environ 10h30 et le soleil tapait déjà très fort.
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La serveuse me sourit et encaisse ma CB. En plus de mon manque de courage avec les filles qui me plaisent
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Sans perdre plus de temps, je quitte le bar et traverse le village pour rejoindre les traces. Je passe devant un spar et je repense à la vieille du gîte de la veille au soir qui voulait me faire payer 25 € le repas
Mieux vaut être prudent, je m'alourdit de 500g avec un sachet de spaghetti mais au moins je pourrai manger à prix malin en cas d'urgence
L'étape suivante est aussi rapide que les deux précédentes. Non pas qu'elle ne soit pas compliquée,bien au contraire puisque je m'attaque à l'ascension du col de vergio. A vrai dire, avec le recul, je pense que cette deuxième journée (une bonne partie en tout cas) fut la journée où j'étais au maximum de mon potentiel
Arrivé à Vergio à 13h30, ce n'est toutefois pas la joie qui me submerge. Il y a une couille dans le pâté comme on dit
Il y a bien une petite paillote pour se restaurer rapidement, par contre aucune trace d'hôtel ou de gîte. J'interpelle un homme qui manœuvre pour garer sa voiture.
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Je me rends compte que l'hôtel dont il me parle est exactement celui dans lequel on avait dormi avec 777 sur le gr20 le jour où Franck nous avait lâché. Décidément tout est fait pour me rappeler cette journée de merde
Car oui je vous le rappelle, cette nuit-là nous avait coûté 105€ en pension complète. Je me trouve donc face un dilemme
Soit je descends à l'hôtel mais je me fais ouvrir et en plus je vais devoir me taper 3 km de montée le lendemain à 4h pour rejoindre les traces.
Soit je pose la tente ici mais le plateau est très venteux et limite au milieu de la route
Je me laisse un peu de temps pour réfléchir et je me pose à la paillote avec le reste des viennoiseries du matin. Je regarde un peu les étapes du lendemain et là… je ne le sais pas encore mais je viens d'ouvrir la boîte de Pandore, je vais rentrer dans une boucle qui va vouloir m'achever
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Je prends donc la décision de pousser jusqu'à l'étape suivante. Pour couronner le tout, j'oublie complètement de remplir mon Camel bag et je n'aurai donc que mes flasques pour étancher ma soif
Pour vous résumer rapidement l'étape : l'enfer
J'ai traversé pendant des heures des plateaux en plein cagnard et sur du plat. Je peux vous dire que j'ai senti passer les 15 km. Naturellement avec cette chaleur j'ai vite été à court d'eau et mes jambes commençaient sérieusement à me lancer
Le poids du sac que je n'avais presque pas senti de la journée semblait maintenant m'arracher les épaules à chaque pas.
17h00, je commence à plus en voir la fin et je tombe sur un panneau
Stratégie payante mais très très coûteuse. En environ une heure j'arrive à quelques km d'Albertacce mais mon genou droit se met à faire des siennes si bien que je n'arrive plus à courir sans douleur
Sur cette dernière ligne droite, je rencontre un corse qui habite albertacce et qui était parti se balader
Je vous passe la conversation car elle n'apporte pas grand chose d'intéressant au récit. Cet homme a fait le gr20 plusieurs fois et connaît son île comme sa poche, ce qui nous a permis de pas mal échanger le temps d'arriver à Albertacce.
Là bas, il m'a accompagné jusqu'à la fontaine du village où j'ai pu me désaltérer comme il se doit
Par contre j'étais dans un état lamentable. Je n'arrivais presque plus à marcher pour me rendre à l'auberge du village, j'étais couvert de boue et la transpiration accumulée depuis 4h du matin faisait de grosses auréoles blanches sur mes vêtements : une vraie allure de SDF boiteux
Devant l'auberge, la porte étant fermée, je compose le numéro indiqué sur celle-ci.
Ça sonne mais pas de réponse…
Sweet ?