Messages de jodrima

C’est une scène d’une violence inouïe qui s’est déroulée dans la nuit du 22 janvier dernier dans une salle des fêtes du parc des Célestins, à Marcoussis (Essonne). Des invités fêtaient joyeusement les 40 ans d’un des leurs, un anniversaire surprise, déguisé et familial avec enfants, parents, oncles, tantes, grands-parents… Une soirée qui a viré au cauchemar vers 2h30 quand une horde d’une trentaine de jeunes a déferlé sur les invités et les a sauvagement agressés. Trois d’entre eux, âgés de 18 et 20 ans, ont été condamnés à trois ans de prison dont deux avec sursis probatoire avec maintien en détention.

Les trois n’avaient pas de casier, mais étaient néanmoins connus des services de police. Un quatrième prévenu, mineur, et considéré comme un des leaders de la bande a déjà été condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis. Ce dernier a déjà un casier judiciaire bien fourni. Un autre mineur sera jugé ultérieurement.

Cette soirée d’anniversaire avait bien commencé pour la trentaine personnes conviées à cette fête. Dans une salle à côté, une autre fête d’anniversaire se déroule. Et déjà, certains s’y sont incrustés alors qu’ils n’étaient pas invités. Mais vers 2h30, cette fête se termine. Un groupe de quatre à six jeunes, dont certains très alcoolisés, se dirige alors vers l’autre salle et exige d’être admis à la fête.

C’était mes 40 ans, raconte Julien. Un anniversaire surprise sur le thème des années 1980. Tout se passait très bien. Un premier groupe est arrivé. Mon frère parlait avec eux. Je l’ai rejoint. On a essayé de désamorcer la situation. Un n’arrêtait pas de dire : on veut rentrer, pourquoi on peut pas rentrer. Ils ont commencé à nous insulter. » Et sans crier gare, ce mineur frappe le frère. « J’ai pris le deuxième coup de poing, poursuit Julien. Et tout le groupe a couru vers nous pour nous agresser. »

Homme, femme, les agresseurs n’en ont cure. Certains invités sont traînés au sol pour être isolés et frappés à terre à coups de poing et de pied par des groupes de plusieurs jeunes. « Ils ont tapé tous ceux qu’ils pouvaient. Notre obsession, c’était qu’ils ne rentrent pas dans la salle. » Sur les marches et devant la porte, des pères de famille, des femmes, font barrage. À l’intérieur, les neuf enfants, dont le plus âgé a 12 ans, sont conduits dans les toilettes pour s’y enfermer. Une des invités, enceinte de 8 mois, leur fait chanter une chanson pour tenter de les distraire.

Quand un invité est frappé, les autres tentent de l’extirper pour le mettre en sécurité à l’intérieur. Une victime s’écroule au sol, inconsciente, ce qui n’empêche pas les coups de continuer à pleuvoir. Un des invités se jette et se couche sur elle pour la protéger. « Mon frère a failli mourir pour rien, souffle Julien. C’était l’effroi, on s’est fait massacrer. Ce n’était pas une bagarre, on s’est juste fait agresser. À mon fils de 11 ans, quelqu’un lui a fait signe qu’il allait l’égorger. Il a vu des scènes très violentes, il a glissé dans une flaque de sang. »

Quand les gendarmes et les secours arrivent, ils découvrent quinze blessés, assis ou allongés dans la salle. Des flaques de sang constellent les lieux. Certains souffrent de fractures, de nez et de dents cassés, des arcades sourcilières sont ouvertes… avec des incapacités totales de travail (ITT) allant jusqu’à 15 jours. Un enfant de 5 ans a été diagnostiqué pour un trouble du stress post-traumatique, rapporte son père. « Cette scène de violence est une des pires que j’ai connue en dix-huit ans de carrière », a déclaré un gendarme.

À l’audience, deux des prévenus ont minimisé les faits, le troisième allant jusqu’à nier sa participation. L’un a reconnu une « gifle et des petits coups de pied ». Un autre a prétendu avoir voulu défendre un ami et le troisième dit avoir « tenté de séparer ». « Pourquoi voulez-vous entrer dans une autre fête sans y être invités, et où il y a des gens plus âgés que vous ? » les a interrogés la présidente du tribunal. « Comme ça, répond l’un d’eux. Il était pas si tard que ça, on voulait continuer la soirée. » « Et vous en pensez quoi ? » poursuit la magistrate. « C’était une mauvaise idée » « C’est tout ? » « Oui. Ça a été trop loin. »