Le 17 novembre 2022 à 09:40:06 :
« Ne sous-estimez pas le ras Tafari. Il se faufile comme une souris mais il a les mâchoires d’un lion. » Tels furent les derniers mots de Balcha du Sidamo avant de se faire moine.
J'ai un sérieux mépris pour les enculés qui font des analogies et métaphores animalières aussi creuses putain, j'ai envie de les prendre par le col et les secouer. La putain d'eux, c'est si difficile que ça de faire des comparaisons aux chrysanthèmes, de parler de volupté, non, faut toujours qu'il y ait un enculé du tiers monde pour comparer son pote à un putain de lion, comme si ses darons l'avaient pas fait pendant 4 000 ans auparavant
C'est la culture qui fait ça khey et c'est un seigneur de guerre, pas un philosophe qui traite de phénomènes sociétaux et politiques pour avoir une référence en matière de métaphore proonde'
J'espère que ce topic à but informatif et intellectuel ne sera pas 410 sans justification, on en perd la tête avec la censure ce derniers temps. D'autant plus que pour les midis qui n'ont pas la FORCE de lire un tel pavé, il n'y a aucune glissade, c'est juste un morceau d'histoire avec une morale derrière, faites un effort svp.
Au milieu des années 1920, les puissants chefs militaires éthiopiens comprirent qu’un jeune homme de l’aristocratie appelé le ras Tafari - le futur empereur Haïlé Sélassié - était en train de les surpasser tous : il était sur le point de se proclamer leur chef, unifiant le pays pour la première fois depuis des décennies. La plupart de ses rivaux ne pouvaient comprendre comment cet homme simple, calme, aux manières agréables, avait pu acquérir autant de pouvoir. Pourtant, en 1927, Sélassié convoqua les chefs militaires un par un à Addis-Abeba pour faire allégeance et le reconnaître comme roi.
Certains s’y précipitèrent, d’autres hésitèrent mais un seul, Dajazmach Balcha, seigneur du Sidamo, osa le défier ouvertement.
Balcha était un homme impétueux, un grand guerrier, et il considérait le nouveau chef comme faible et sans valeur. Il resta ostensiblement loin de la capitale.
Finalement Sélassié, à sa manière courtoise mais ferme, ordonna à Balcha de venir. Le seigneur de la guerre se résolut à obéir, mais ce serait pour retourner la situation aux dépens du prétendant au trône d’Éthiopie : il viendrait à Addis-Abeba à son rythme et à la tête d’une armée de dix mille hommes, suffisante pour le défendre, peut-être même pour déclencher une guerre civile.
Il fit camper cette formidable armée dans une vallée à cinq kilomètres environ de la capitale et attendit, comme il sied à un roi. Sélassié envoya en effet des émissaires, conviant Balcha à un banquet d’après-midi en son honneur. Mais Balcha, qui n’était pas un imbécile, connaissait l’histoire de son pays ; il savait que les rois et seigneurs d’Éthiopie avaient souvent prétexté des banquets pour capturer leurs adversaires. Une fois qu’il serait là et qu’il aurait bien bu, Sélassié le ferait arrêter et assassiner. Pour bien faire savoir qu’il n’était pas dupe, il accepta l’invitation, mais à la condition expresse d’amener avec lui sa garde personnelle, six cents de ses meilleurs soldats, armés jusqu’aux dents et prêts à se défendre et à le protéger. À la grande surprise de Balcha, Sélassié répondit avec la plus exquise courtoisie qu’il serait honoré d’accueillir de tels guerriers.
Sur le chemin du banquet, Balcha avertit ses soldats de ne pas boire et d’être sur leurs gardes. Quand ils arrivèrent au palais, Sélassié se montra des plus agréables. Il témoigna à Balcha la plus grande déférence, le traita comme s’il avait désespérément besoin de son accord et de sa coopération.
Mais Balcha refusa de se laisser charmer. Il prévint Sélassié que, s’il n’était pas rentré au camp à la nuit tombée, son armée avait l’ordre d’attaquer la capitale. Sélassié sembla blessé de cette méfiance. Après le repas, quand vint le moment de célébrer les chefs par des chants traditionnels, il n’autorisa que ceux glorifiant son hôte. Balcha crut Sélassié effrayé, intimidé par ce grand guerrier qu’on ne pouvait duper. Il était persuadé que, dans les jours à venir, ce serait lui qui aurait en main les cartes maîtresses.
À la fin de l’après-midi, le chef militaire et ses soldats repartirent vers leur camp sous les vivats et les salves d’honneur. Se retournant pour regarder la capitale par-dessus son épaule, Balcha réfléchissait à sa stratégie.
Il voyait déjà ses propres soldats marcher triomphalement sur la ville dans quelques semaines
Un témoin raconta à Balcha ce qui s’était passé. Pendant qu’ils étaient au banquet, une grande armée commandée par un allié de Sélassié s’était glissée jusqu’au camp de Balcha par une piste secondaire que celui-ci n’avait pas vue. Cette armée n’était pas venue pour combattre : le ras Tafari savait que Balcha, entendant les tirs d’une bataille, aurait précipitamment fait demi-tour avec ses six cents hommes d’élite.
Sélassié avait muni les siens de paniers pleins d’or et d’argent. Ils avaient encerclé l’armée de Balcha et acheté toutes leurs armes. Ceux qui refusaient avaient été facilement intimidés. En quelques heures, l’armée entière de Balcha avait été désarmée et éparpillée.
Réalisant qu’il était en danger, Balcha décida de partir vers le sud avec ses six cents soldats pour regrouper ses hommes ; seulement la troupe qui avait désarmé son armée bloquait la route. L’autre issue consistait à marcher sur la capitale, mais Sélassié avait aligné une grande armée pour la défendre.
Tel un joueur d’échecs, il avait prévu les mouvements de Balcha et l’avait neutralisé.
Interprétation
De tout le long règne de Sélassié, personne ne put jamais le percer à jour.
Les Éthiopiens aiment les chefs féroces, pourtant Sélassié, en apparence courtois et pacifique, régna plus longtemps qu’aucun d’eux. Jamais irrité ni impatient, il trompait ses victimes par d’aimables sourires, les séduisait par son charme et sa courtoisie, puis passait à l’attaque. Dans le cas de Balcha, Sélassié se joua de la méfiance de son adversaire, de ses soupçons : le banquet était en effet un piège, mais pas celui qu’il attendait. La façon qu’eut Sélassié d’apaiser les craintes de Balcha, le laissant amener sa garde personnelle, lui donnant la place d’honneur de sorte qu’il se sente maître de la situation, était un écran de fumée cachant ce qui se passait réellement à cinq kilomètres de là.
Souvenez-vous : les paranoïaques et les méfiants sont souvent les plus faciles à duper. Gagnez leur confiance dans un domaine et vous aurez là un écran de fumée qui les aveugle et les empêche de regarder ailleurs ; vous les prendrez alors par surprise, et porterez le coup dévastateur. Un comportement aimable ou apparemment honnête, tout ce qui amène l’adversaire à croire à sa propre supériorité, voilà de parfaits éléments de diversion.
Correctement utilisé, l’écran de fumée est une arme de grand pouvoir.
Il a permis au doux Sélassié d’annihiler son ennemi, sans coup férir.
« Ne sous-estimez pas le ras Tafari. Il se faufile comme une souris mais il a les mâchoires d’un lion. » Tels furent les derniers mots de Balcha du Sidamo avant de se faire moine.
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