Sinon un des mes poèmes préférés :
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
On retrouve la même idée de l'immortalité de l'amour dans un des poèmes d'amour les plus connus, de l'espagnol Quevedo, du XVIIème siècle :
Clore pourra mes yeux l'ombre dernière
Que la blancheur du jour m'apportera,
Cette âme mienne délier pourra
l'Heure, à son vœu brûlant prête à complaire;
Mais point sur la rive de cette terre
N'oubliera la mémoire, où tant brûla;
Ma flamme sait franchir l'eau et son froid,
Manquer de respect à la loi sévère.
Ame dont la prison fut tout un Dieu,
Veines au flux qui nourrit un tel feu,
Moelle qui s'est consumée, glorieuse,
Leur corps déserteront, non leur tourment;
Cendre seront, mais sensible pourtant;
Poussière aussi, mais poussière amoureuse.