Le 15 mai 2022 à 20:56:27 :
Et les qlf ?https://image.noelshack.com/fichiers/2019/10/7/1552216445-ayaa.png
les qlf sont aussi des goys
Le 15 mai 2022 à 20:54:47 :
c'est quoi gadjo ?
les non gitans
Le 15 mai 2022 à 20:29:02 :
C'est la période du bac en ce moment c'est ça ?
aucune idée
Le 15 mai 2022 à 20:09:06 :
Lire 20 page d'un livre intéressant et pertinentOu lire l'auteur
Vous choisissez quoi ?
je t'ai envoyé 10 pages à tout cassé.. aucun livre ne te permettra en 10 pages d'obtenir un tel condensé de pensée
Le 15 mai 2022 à 20:08:35 :
MDR on va pas lire petit fou
toi tu ne vas pas lire mais je suis sûr que certains sont intéressés de philosophie ici
4.2) L’attitude prométhéenne et l’attitude orphique
Ce sont deux types d’attitudes fondamentales dans la relation de l’homme par rapport au monde.
Analyse faite par Pierre Hadot dans le Voile d’Isis. Le point de départ, c’est l’idée de « secret de la nature ». Le voile, c’est ce qui cache.. « phusis kruptesthai philei »
4.2.a) Le symbole de l’humanisme moderne, la figure de Prométhée
Platon, Protagoras
Prométhée accorde le feu aux hommes, le savoir technique car c’est la race la plus démunie. Prométhée dérobe à la fois le savoir technique à Hephaïstos et à Athèna. La conséquence est que de cette manière, l’homme est en possession du savoir qui concerne la vie mais il n’avait pas le savoir politique. Zeus finira finalement don aux hommes de la honte et de la justice qui permettent de fonder la justice. Ce qui va ensuite permettre de rendre possible la transmission de l’art politique Prométhée représente la ruse qui dérobe les secrets de la nature aux dieux qui cachent des secrets aux mortels.
Hésiode, Les Travaux et les Jours.
Par le feu, Prométhée apporte à l’humanité les biens faits de la technique sur la civilisation. De même, il symbolise la violence qui cherche à vaincre la nature afin d’améliorer la la vie des hommes. mèchanè: la ruse en grec, la manigance. Il s’agit ici d’utiliser les connaissances mathématiques pour ruser avec la nature, mais c’est une ruse qui n’est jamais désintéressée. Une technique qui permet de satisfaire les passions humaines (création de machines de guerre..)
Les cyniques et Diogène ne considèrent pas Prométhée comme un bienfaiteur: «Prométhée n’est qu’un sophiste». D’ailleurs, Prométhée sera puni par Zeus et se fera manger tous les jours son foie par un aigle. On peut considérer que Rousseau est un héritier de cette pensée cynique, avec cette idée de corruption de l’homme. Cette attitude prométhéenne, c’est celle de la technique mais aussi celle de la magie et des sciences occultes qui se développent à la Renaissance, même si ce n’est pas du fait de méthodes rationnelles. Aussi bien dans le cas de la mécanique que de la magie, l’homme cherche à ruser avec la nature, et à les dominer pour les soumettre à sa volonté. Ce n’est pas un rapport désintéressé, car il s’agit de les soumettre aux désirs de l’homme. En définitive, l’attitude prométhéenne consiste à utiliser des procédés techniques avec ruse et violence pour arracher à la nature ses « secrets » pour la dominer et l’exploiter. Bacon dans le Novum Organum répudie la théorie aristotélicienne considérée comme caduc (volonté de rompre dans l’idée du projet moderne avec ce qui avait été fait). « Les secrets de la nature se découvrent mieux sous la torture des arts que sous son cours naturel» On retrouve ici la métaphore du secret de la nature et une analogie de la procédure judiciaire. L’attitude prométhéenne caractérise un rapport d’opposition hostile et le modèle de dévoilement des secrets de la nature est de type judiciaire. Quand un juge est en présence d’un accusé qui cache un secret il doit s’efforcer de le faire avouer et peut par cela employer des méthodes de torture. La mécanique apparait comme une technique qui consiste à ruser avec la nature en produisant des mouvements apparemment contraires à la nature pour l’obliger à faire ce qu’elle ne peut pas faire par elle même. Grâce à des instruments artificiels et fabriqués (balances, poulies, treuils) autrement dit des machines (qui dérive du mot mèchanè). Les pratiques qui manifestent l’attitude prométhéenne ont en commun de chercher à obtenir des effets étrangers à ce que l’on considère comme le cours normal de la nature. 4 aspects fondamentaux sur le statut prométhéen : (1) La mécanique se situe dans la perspective d’un combat entre l’homme la nature. (2) La mécanique a pour but de satisfaire les intérêts pratiques de l’homme: de soulager la peine humaine et de satisfaire les passions. (3) La mécanique est une technique qui consiste à ruser avec la nature grâce à des instruments fabriqués par l’homme: « des machines » qui permettent de produire des effets apparement contraires à la nature. Si au contraire, l’homme se considère comme une partie de la nature car l’art est déjà présent dans la nature d’une manière immanente. Alors il n’y aura plus opposition entre la nature et l’art, la tekhnè mais au contraire l’art humain (au sens le plus large, l’artifice) sera le prolongement de la nature surtout dans sa finalité esthétique. L’occultation de la nature ne sera plus perçue comme une résistance qu’il faut vaincre mais comme un mystère auquel l’homme doit être peu à peu initié.
4.2.b) L’attitude «orphique» envers la nature
L’attitude orphique est une attitude poétique de contemplation de la nature. La contempler telle qu’elle est et la décrire par le langage. Il s’agit de vivre conformément à la nature dans une attitude de respect et même de soumission. C’est le thème d’un retour à la vie simple, avec le principe d’autorkeria, « d’autarcie » -> l’autosuffisance.. se retrouve chez les cyniques, stoïciens, épicuriens,.. Cette attitude implique un regard désintéressé porté sur la nature, un détachement contemplatif. L’attitude orphique consiste à laisser la nature telle qu’elle est, là où l’attitude prométhéenne consiste à transformer la nature pour le plaisir de ses passions.
Pierre de Ronsard (XVIe) va dire dans Hymnes de l’éternité:
Rempli d’un feu divin, qui m’a l’âme échauffée
Je veux mieux que devant, suivant les pas d’Orphée
Découvrir les secrets de Nature et des Cieux.
On pourrait observer dans ce poème un lien avec un poème théogonique d’Hésiode, dans laquelle un Orphée demande aux muses la nature des dieux et leur généalogie. C’est cette séduction et le jeu de la Lyre exercée par Orphée, qui lui permet d’exercer un pouvoir sur les vivants (les animaux sauvages) et les non vivants (les arbres).

Apollon ôtant le voile d’Artemis.
Nul ne peut soulever le voile des mystères de la nature excepté le poète et l’artiste. Cette attitude n’est pas inspirée par l’audace et par la curiosité sans limite par la volonté de puissance qui sera symbolisée par la recherche de l’utilité mais au contraire, par le respect pour les mystères et aussi le désintéressement.
Cultes à mystère:
L’orphisme: https://fr.wikipedia.org/wiki/Orphisme
Les mystères d’Eleusis: https://fr.wikipedia.org/wiki/Mystères_d%27Éleusis (Les initiés doivent gravir une montagne, et ils y découvrent des objets voilés petit à petit).
Textes de Sénèque sur le document, Questions naturelles + Baudelaire, Correspondances
Dès lors, il ne s’agit plus de forcer mais de respecter ce que Nietzsche appelle «la pudeur de la nature». «On devrait mieux respecter la pudeur à travers laquelle la nature se cache avec des énigmes et des incertitudes chatoyantes». Goethe est un poète du «Sturm und Drang». Il considère que « la nature se tait sous la torture » et il critique la science expérimentale dans l’étude du vivant car elle ne permet pas de connaître le vivant. (La science expérimentale est celle qui vérifie la véracité d’une hypothèse par une expérience expérimentale (dissection..) ) Or pour Goethe, cette méthode ne permet pas d’expliquer le vivant car elle se base sur du mort (notamment contre la dissection). Il s’intègre dans la lignée des médecins empiristes (il ne faut pas confondre les empiristes et les rationnels expérimentaux). «Microscope et télescope ne servent qu’à ahurir la saine raison» (microscope: découverte de l’infiniment petit, télescope: découverte de l’infiniment grand). Goethe rejète ce modèle et considère que vouloir chercher derrière ce qui nous apparaît à la vue, un sens profond d’un autre ordre, c’est passer à travers de la vérité (et nous empêche à voir la réalité en voulant voir ce qu’on ne peut pas voir). Les seuls vrais moyens de découvrir la nature sont la perception (aisthésis) et la description esthétique de la perception.
C’est une attention centrée sur les « phénomènes originaires » : tout ce qui apparaît aux yeux de tous. L’art peut nous aider de cette façon à reconquérir ce que la science nous a fait perdre. Goethe cherche également à retrouver les «symboles». Il prend l’exemple des aimants, qui s’attirent et se repoussent. Or, la science expérimentale ne permet pas de traduire ce fonctionnement. Les phénomènes originaires et les symboles sont la langue muette de la nature. Dans son premier tome de Faust, Goethe dira: « Mystérieuse au grand jour, la nature ne se laisse pas dérober son voile et ce qu’elle ne veut pas révéler à ton esprit tu ne pourras pas la contraindre à le faire avec des leviers et des hélices». La nature paradoxalement est « mystérieuse au grand jour », son véritable voile est de ne pas avoir de voile. La nature se cache, car nous ne savons pas la voir. « Quel est le plus difficile de tout? Ce qui te paraît le plus facile: voir avec tes yeux ce qui se trouve devant tes yeux». Goethe contredit ici Francis Bacon qui veut faire parler la nature sous la contrainte. « La nature se tait sous la torture » (Goethe). Dès lors, pour Goethe c’est l’Art (les Beaux-Arts..) qui permet de révéler la nature. C’est l’art au sens des beaux arts qui est le meilleur interprète de la nature. On observe donc aussi deux méthodes d’interprétation différente de la nature (l’Art et la Science). Nietzsche disait « nous avons l’art pour ne pas mourir de la science ». À la différence de la science, l’art ne découvre pas derrière les phénomènes des lois, des structures cachées mais bien au contraire il apprend à voir des phénomènes, l’apparence et ce qui est au grand jour, ce qui est sous nos yeux. Ce qui est le plus mystérieux, ce qui est le plus secret pour Goethe, c’est précisément ce qui est au grand jour, c’est le visible et plus précisément le mouvement par lequel la nature se rend visible. Le propre de la nature, c’est qu’elle est capable de montrer les choses dans leur état. On peut dire ici que la perception esthétique permet de.. Goethe dira dans son poème «respecte le mystère (…) ne cherche pas d’initiation secrète, sous le voile laisse ce qui est figé». Dans Wilhelm Meister, Goethe dira: « Il s’identifiera pleinement à son nouvel ami et impressionnable comme il était, il apprit à voir le monde dans les yeux de l’artiste et tandis que la nature déployait le mystère au grand jour de sa beauté, il se sentait irresistiblement attiré par l’art qui en est le plus digne exégète». L’irrésistibilité de ces deux attitudes (il ne s’agit pas de les opposer) car notre rapport à l’homme est forcément ambigu, et cette ambiguïté ne vient pas de nous mais la manière dont la nature se manifeste à nous. Ce qui fonde l’attitude prométhéenne, c’est que la nature peut se présenter à nous sous un aspect hostile. Notre condition est fragile face à la nature. Descartes affirmait dans la Vie partie du Discours de la Méthode que la science et la technique rendraient l’homme maître de la nature (il parle de la médecine). Il évoque le « bien général de tous les hommes »: si la médecine peut soulager notre condition difficile alors nous en avons le devoir. Le problème est, qu’avec le développement aveugle et de l’industrialisation nous aboutissons aujourd’hui à une mise en péril de notre rapport à la nature et de la nature elle-même. D’autre part, ce qui fonde l’attitude orphique c’est le spectacle de la nature qui nous fascine par sa beauté émouvante, même si elle nous terrifie. En tout cas, on peut dire dans ce point de vue, que ce qui fonde l’attitude orphique, c’est qu’elle cherche à préserver la conception vivante de la nature (risque de primitivisme)
4.3) Les deux faces du projet moderne
Le projet moderne en tant que projet prométhéen comporte deux faces: une tournée vers le haut (ce qui est supérieur à l’homme) et une tournée vers le bas (ce qui est inférieur à l’homme)
a) La face tournée vers le bas: projet de soumettre la nature
La nature n’est plus présentée comme quelque chose qui l’englobe, mais quelque chose de soumis à la domination de l’homme. Ce n’est plus le cosmos (ordre englobant) qui donne sa mesure à l’homme mais c’est l’homme qui doit se créer un habitat à sa mesure autrement dit l’idée d’ordre change de sens, mais en même temps sa réalité change de lieu. Pour l’homme, l’ordre est avant tout celle des réalités célestes inaccessibles à l’homme et cela justifie qu’on nomme le monde: cosmos.. (On nomme Ciel le Cosmos lui même). On peut dire en revanche que le caractère ordonné de la région sublunaire est douteux, à l’inverse selon le projet moderne ce qui environne l’homme est en soi un chaos. Il n’y a désormais que d’ordre là où il est crée par le travail humain (qui prend la place du démiurge) ou par les théories mathématiques (qui est formulée par les hommes. « la nature est écrite en langage mathématique (Galilée).
b) La face est tournée vers le haut:
Nietzsche présente notre époque comme l’âge des tentatives. La pensée est un essai, une expérimentation. Selon Fichte, l’Homme est une oeuvre inachevée mais projetée. Pascal disait: « Nous sommes embarqués » - personne n’a décidé d’être là, nous sommes jetés dans le monde et nous avons à donner du sens au monde (Sartre, existentialisme). Pindare «deviens ce que tu es». Le projet est un jet, c’est-à-dire un mouvement dans lequel le projectile perd le contact avec le moteur et poursuit sur sa lancée. On peut dégager trois idées fondamentales de la modernité à partir de cette image: vers le passé c’est l’idée d’un nouveau commencement car l’on quitte le moteur et fait oublier tout ce qui précède (tabula rasa), dans le présent: autonomie du sujet agissant, dans l’avenir: c’est l’idée d’un milieu porteur qui prolonge l’action et qui en assure l’aboutissement.
C’est l’idée de créer l’homofaber (l’homme qui fabrique) et un homosapiens (l’homme qui sait) à partir d’une table rase ou du moins à partir d’une nature défaillante et avare (la nature ne nous a pas gâté).
Si l’homme peut changer sa nature, cela implique que la nature de l’homme est protéiforme.
4.1) La dignité de l’homme réside dans sa nature protéiforme
Texte support: De la dignité humaine, Jean Pic de la Mirandole. Texte représentatif de l’esprit de la renaissance et du syncrétisme. Syncrétisme = combinaison d’éléments hétérogènes issus de différentes traditions religieuses et philosophiques.
Nous avons affaire à un cosmos saturé, l’homme n’a pas de place assignée dans cet ordre. L’homme est dans une situation d’extraterritorialité cosmique en tant que «contemplateur du monde». Dieu produit une belle oeuvre, tel un artiste mais les artistes aiment que des personnes louent leurs oeuvres. De la même manière, Dieu veut que les Hommes louent sa création. L’homme est ensuite placé au milieu du monde, Dieu dit «Je t’ai mis au milieu du monde, afin que tu fasses mieux contempler autour de toi ce que le monde devient». Cela signifie que la place de l’homme dans l’ensemble des êtres ne lui est pas assigné d’emblée mais cette place dépend de sa capacité à s’assimiler ou bien à ce qui le surplombe ou bien à ce qu’il devrait surmonter. Plotin est un auteur néo-platoniste qui reprend de manière mystique les ouvrages de Platon. Il considère qu’il y a un concept divin, « Un » qui l’être, l’intellect et l’âme. « Je ne t’ai donné ni place déterminée, ni visage propre , ni don particulier, ô Adam, afin que ta place, ton visage et tes dons, tu les veuilles, les conquières et les possèdes par toi-même ».
Pic de la Mirandole est un représentant de l’humanisme de la renaissance, mais en réalité il existe à la renaissance des humanismes au pluriel. On a l’humanisme littéraire (Pétrarque) apparu au XIIIe siècle, l’humanisme politique apparu au XVIe siècle par Machiavel, mais également l’humanisme marchand qui veut une promotion des relations commerciales entre les nations. Pic de la Mirandole place la dignité de l’homme non pas dans le développement des facultés humaines au moyen des lettres car sinon ça serait une valeur contingente que l’homme est susceptible ou non d’acquérir et rejetterait les non lettrés dans la sous-humanité. Il place cette dignité dans la capacité proprement humaine de choisir sa forme, une capacité propre à tout homme en tant qu’homme (une capacité ontologique). Mais cet humanisme est ambigu car il y existe deux façons de concevoir la dignité humaine: tantôt la dignité de l’homme est placé dans son pouvoir infini de métamorphose. Cette capacité de tout devenir, c’est cette capacité d’adopter toutes les formes de vie possible. «Il n’y avait pas dans les archétypes de quoi forger une nouvelle lignée». « Selon leur espèce il les créa ». Ici Dieu ne dispose d’aucun archétype pour l’homme. Cela signifie que l’homme n’a pas à correspondre à un archétype mais qu’il doit s’inventer librement. Cela pourrait conduire à une supériorité de l’homme. La capacité de l’homme à pouvoir être imparfait lui donne une certaine qualité par rapport à d’autres, qui n’ont pas la capacité de l’être. Cependant, ce n’est pas exactement le sens de cette analyse car Pic distingue bien une destination particulière à l’homme. La destination est de s’unir à Dieu par la contemplation intellectuelle. « Nous ne sommes plus nous mêmes mais Celui qui nous a fait ». Pic place d’abord la dignité de l’homme dans sa capacité de tout devenir. C’est d’abord la capacité indéterminé de choisir sa propre forme. L’homme jouit d’une prérogative que tous les autres êtres pourraient lui envier, y compris Dieu.
On ne voit plus ce qu’il reste de l’homme commun une fois qu’il s’est uni ou fondu avec le principe. Nous allons désormais considérer une forme différente de l’humanisme, celle de Michelle de Montaigne.
4.1.2) La sécularisation de la métamorphose
En revanche, chez Montaigne contrairement à Pic de la Mirandole, la question de la métamorphose est séparée de celle de l’union à dieu. Le propre de l’homme est qu’il peut changer de façon de vivre à sa guise et se travestir sans cesse. Montaigne: « J’aime mieux forger mon âme que la meubler ». Il reprend la métaphore de la sculpture de soi mais ici il ne s’agit plus de valoriser une forme de vie à l’exclusion d’autres formes de vies possibles. « Je ne peins pas l’être je peins le passage, non le passage d’un âge à un autre, comme dit le peuple de sept ans en sept ans mais de jour en jour de minute en minute, il faut accommoder mon histoire à l’heure».
Le mysticisme s’éprouve chez le Pic de la Mirandole lorsqu’il parle de la relation de l’homme envers dieu (l’homme se dépouille de son vêtement d’homme pour faire un avec dieu). Il ne s’agit plus de s'angéliser ou de se diviniser mais simplement de s’humaniser en explorant différentes potentialités de la vie humaine, car se figer dans un seul ordre de vie, ça serait se priver d’une vie proprement humaine. Car, la capacité de la vie humaine est sa plasticité.
Montaigne: «il ne faut pas se clouer si fort à ses humeurs et complexions, notre principale suffisance c’est de savoir s’appliquer à divers usages» (us et coutumes). Notre principale compétence selon Montaigne est de pouvoir s’adapter à des us et coutumes divers mais également à des activités différentes. Il ne faut également pas s’adapter à un seul style de vie (d’où l’importance du voyage..). Ainsi, l’homme possède une dignité non pas car il se divinise à travers la contemplation pure des essences mais car il peut s’ouvrir à diverses activités, formes de vie humaine et cela en s’aidant par «tout le secours étranger». Montaigne souhaite « prendre l’homme en sa plus haute assiette et l’exemple d’hommes excellents». Ces hommes excellents ont «manié leur âme à tout sens et à tout biais l’ont appuyé et étançonnée à tout le secours étranger qui leur a été propre, et enrichi et orné de tout ce qu’ils ont pu emprunter […] c’est en eux que loge la hauteur extrême de l’humaine nature». « La hauteur extrême de l’humaine nature ne réside plus dans un mode de vie particulier mais dans le passage d’un mode de vie à un autre et ce passage est démontré comme un moyen d’enrichir son âme». Il s’agit donc d’une pluralité des opinions et des moeurs qu’il définie par le mot « variété », qui implique un rapport amical et bienveillant envers autrui, car c’est d’autrui que dépend ma capacité de transformation. C’est à autrui que je vais emprunter ce qu’il me manque (Montaigne emprunte beaucoup des auteurs antiques) pour réussir telle ou telle opération, pour respecter telle ou telle règle de vie. On peut noter la formule: « il faut voyager pour frotter et limer sa cervelle contre celle d’autrui». Ainsi l’exploration par Montaigne de sa propre ipséité implique nécessairement l’emprunt au secours étranger, mais c’est un secours qui lui est propre. Il fonde toute démonstration dans l’ouverture envers les autres, et l’imagination y joue un rôle décisif en tant qu’agent de la déprise de soi. L’imagination permet également la formation du jugement. L’éducation se doit pour Montaigne de former le jugement (et non pas d’accumuler des connaissances) «Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine » (livre I chapitre 26 sur l’éducation).
« Plutarque aime mieux que nous le vantions de son jugement que de son savoir ». Par l’imagination, l’homme peut sortir des limites étroites de son monde qui n’est pas le monde. L’homme peut élargira sa vue au delà de ce qui est sous lui, et éviter l’enfermement mental. « Il se tire une merveilleuse clarté, pour le jugement humain, de la fréquentation du monde. Nous sommes tous contraints et amoncelés en nous, et avons la vue raccourcie à la longueur de notre nez. On demandait à Socrate d’où il était. Il ne répondait pas : « d’Athènes » mais: «Du monde ». «Lui, qui avait son imagination plus pleine et plus étendue, embrassait l’univers comme sa ville, jetait ses connaissances, sa société et ses affections à tout le genre humain, non pas comme nous qui ne regardons que sur nous». L’imagination peut être attendue par des lectures, par des voyages et des rencontres: elle se définie comme le pouvoir d’élargir sa représentation au-delà de l’ici et du maintenant. La déprise, c’est se déprendre de soi-même et chercher à voir les choses sous un nouveau angle. Le but est de nous aider à entrer dans les pensées d’autrui, nous mettre à sa place, imaginer ses épreuves et éprouver ses sentiments et ses pensées. « Je m’insinue par imagination fort bien à leur place, et si (ainsi) les aime et les honore d’autant plus qu’ils sont autres que moi. Seuls les hommes ont ce pouvoir remarquable «de se transformer et de transsubstantier en notant de nouvelles figures et de nouveaux êtres qu’ils entreprennent de charges». Cette dignité qui permet à l’homme de se transsubstantier (changer de substance) et propre à tout homme et ce sans exception, car: «chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition». «Je propose une vie basse et sans lustre, c’est tout un (c’est indifférent), on attache aussi bien toute philosophie morale à une vie populaire et privée qu’à une de plus riche étoffe: chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition». Cependant, le propre de l’attitude moderne n’est pas simplement d’attribuer à l’homme le pouvoir de se transformer lui même indéfiniment et de valoriser ce pouvoir. Mais, c’est aussi de valoriser le pouvoir qu’il a de transformer la nature. Ce n’est plus la nature considérée comme un ordre englobant qui le dépasse et dont il fait partie (représentation antique et classique). C’est l’espoir prométhéen d’un salut de l’humanité par la science et la technique. Cet humanisme prométhéen peut être saisi par contraste avec l’attitude opposée, « l’attitude orphique ».