Messages de GazHeilMalais

Le 20 septembre 2020 à 10:22:26 BatmanMoche a écrit :
Tu inclue une définition religieuse à la droite ce qui, je pense, est un gros sophismehttps://image.noelshack.com/fichiers/2019/08/5/1550842414-ronaldo-bg-lunettes.png

La véritable politique n'est bonne si l’État poursuit véritablement le bien commun et mauvaise dans le cas contraire. Tout ceci facile à comprendre si l’on a une vision juste du bien commun temporel. En particulier sur deux points fondamentaux :
Chez Thomas d’Aquin, comme chez Aristote, le Prince peut ne poursuivre le bien commun que « secundum quid ». Dit d’une manière moins technique, il faut prendre en compte la possibilité d’une poursuite analogique du bien commun, sans conclure trop rapidement à une tyrannie.

Mais il faut tenir également que l’État, dans le cadre de sa poursuite du bien commun politique, ne peut se conduire comme si Dieu n’existait pas et qu’il lui sera facile de connaître par la raison la vraie religion.

La politique est l’art de faire durer les États. Le chef d’œuvre capétien s’est arrêté en 1789, sous le règne de Louis XVI, pourtant roi très chrétien. Le perfectionnement de la prudence naturelle de l’homme d’État par la Charité ne fait l’objet d’aucune garantie institutionnelle. Il convient d’en prendre son parti et d’étudier une solution politique à cette privation naturelle. Ce qu’ont précisément su faire les capétiens.

Le 20 septembre 2020 à 10:18:15 Dextre296 a écrit :
Excellent texte, mais je déplore l’absence de propositions et de solutions.

Un diagnostic appelle une prescription.

Il n’y a rien à faire, politiquement parlant (si la politique se dit de l’art d’agir en s’investissant dans la réalité politique institutionnelle du moment), dans l’immédiat. Parce que le système démocratique est contre nature, il ne peut pas ne pas en venir à se détruire lui-même. Il se détruira sous la pression de ses contradictions économiques, et c’est alors que les peuples auront faim.

Il faut qu’ils aient faim pour qu’il leur soit donné de procéder à la remise en cause de leurs attachements individualistes et démocratiques. Sans une crise économique foudroyante, rien n’est possible. Les Européens sont esclaves de la télévision, de leur confort, de leurs emprunts bancaires, de leur carrière professionnelle, de leurs habitudes d’aisance. Le véritable enjeu n’est pas les élections, il est la grande crise, celle qui ébranlera le monde occidental, et qui de ce fait ébranlera le monde entier. Une telle crise engendrera en même temps, probablement, la reviviscence de la guerre civile qui, elle, prendra la forme d’une guerre des races. Et il faut s’y préparer.

Le 20 septembre 2020 à 10:16:55 GoyFroissard a écrit :
Que penses-tu de l'activisme de droite ces dernières années ?

Un échec.

De plus, depuis 60 ans, depuis que les idées de droite radicale, c’est-à-dire de droite, ont été diabolisées par la chute du Troisième R, aucune doctrine intégratrice du meilleur de la vraie droite n’a été capable de voir le jour : les monarchistes légitimistes, les maurrassiens, les franquistes, les gaullistes de droite, les nationalistes bonapartistes, les nostalgiques de l’Algérie française, passent leur temps à s’anathématiser à qui mieux mieux, et ils finissent leurs révolutions dans les arrière-salles de cafés après avoir raté leur vie professionnelle et familiale.

Le 20 septembre 2020 à 10:08:37 GoyForCresus a écrit :
pourquoi se définir par le terme droite qui est on ne peut plus ambigu plutôt qu'un mot comme politique traditionnelle par exemple ?

Quelle différence si la définition est la même ? Si je n'avais pas défini les termes, la remarque serait valable. Or je l'ai fait. Ce n'est apparemment pas la définition qui gêne mais le nom de "droite".

Si jamais cela te dérange, alors je veux bien t'accorder que cela n'est peut-être pas stricto sensu la droite mais la politique traditionnelle, mais je ne vois pas vraiment le problème.

Le 20 septembre 2020 à 10:06:16 DePerenFils a écrit :
l'auteur : Faut-il être croyant pour être de droite ? Si l'homme n'est pas createur des valeurs et qu'il doit se soumettre.

Je pense que pour n'importe système politique et sociétal, s'il n'y a pas une réelle conscience derrière la société, et aucune âme qui soutient le tout, cela ne servira à rien.

Il est fatal d’adopter les idées de l’adversaire

Mais il existe une deuxième raison, encore plus grave. On croit trop souvent que les adhésions officielles ne sont rien en comparaison des convictions intérieures réelles. Ainsi, nombreux sont ceux qui pensent que l’attachement à l’idée démocratique, « ça ne mange pas de pain », et que tout dépend du contenu que l’on investit en cette idée. Raisonner de cette façon revient à méconnaître que, contrairement à ce que pense l’homme de gauche (qui toujours, en termes techniques, est un nominaliste), les idées ne sont pas de simples images vaporeuses ou des symboles tenant lieu dans le langage des choses singulières qu’elles se contenteraient de représenter.

Les idées ne sont pas des choses mortes

En vérité, les idées sont la manière d’exister, dans la pensée, de la raison intelligible des choses. Elles ont donc un poids, une force et une logique propres. Lorsqu’un esprit pense en et par une idée, c’est en vérité l’idée qui pense en lui et qui le fait plier sous le poids de sa réalité. Par conséquent, lorsqu’on se laisse habiter par une idée, cette dernière en vient nécessairement à déployer ses exigences dans la tête de celui qui l’adopte, quand bien même de telles exigences se révèlent finalement incompatibles avec les mobiles ayant, au départ, présidé à son adoption.
En pratiquant l’entrisme, on perd son âme. C’est l’une des raisons pour lesquelles ceux parmi les membres sincères de la vraie droite qui ont voulu faire de l’ « entrisme » ont finalement rejoint les rangs de la fausse droite, voire de la gauche. Ils ont été contaminés par les idées qu’au départ, ils prônaient pour des raisons d’opportunisme.

La démocratie ne sert jamais le Bien, le beau, le vrai

Nous avons vu que pour l’homme de droite, le vrai et le faux, le bien et le mal ne sont pas le résultat d’un choix personnel, mais d’une volonté supérieure qui les a fixés à jamais. Or, même à supposer que les citoyens votent « bien », en fait ils votent toujours mal en démocratie, parce qu’en elle ils ne sont pas supposés adhérer à la bonne cause en vertu de sa vérité objective intrinsèque, mais bien plutôt parce qu’ils l’ont choisie pour les motifs les plus divers. Par conséquent, celui qui prétend promouvoir la vérité et l’ordre naturel des choses grâce à la démocratie, dénature la vérité puisqu’il fonde tacitement sa valeur non sur elle-même mais sur le nombre qui, par accident, y consent (donc sur un pur arbitraire). L’homme de droite doit se rendre à l’évidence : on ne peut pas faire dire la vérité à une forme qui de soi l’exclut. Voilà pourquoi, quels que soient les hommes qui l’animent, la démocratie n’engendre que désordre et confusion.

Le mythe de la neutralité

Dans un registre voisin, l’homme de droite doit savoir que la neutralité n’est jamais neutre, parce qu’il n’y a pas de neutralité dans ce qui concerne l’opposition du bien du mal. Par nature, l’Homme doit aimer le bien et combattre le mal. En conséquence, la neutralité est déjà le refus (donc quelque chose d’éminemment engagé) de ce à quoi un être est ordonné par nature. Et puisque nous nous sommes engagés sur le terrain de la religion, rappelons que, quoique gratuite et strictement surnaturelle, la grâce qui donne la foi est telle qu’il est contre nature de refuser la foi (voy. saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique, IIa IIae qu.10 a.1 ). C’est au reste pour cette raison que la laïcité supposée neutre est un mensonge : elle est déjà, en tant même que neutre, une profession de foi athée. Les francs-maçons et les communistes, qui dirigent le ministère de l’Education nationale depuis plus d’un siècle, ne s’y sont jamais trompés.
Telles sont les raisons pour lesquelles l’homme de droite doit renoncer à exercer démocratiquement le pouvoir sous peine de renier la doctrine qui l’inspire.

La démocratie chrétienne est une illusion funeste

Mais certains voudront encore trouver une voie médiane en tentant de faire rentrer l’idéal démocratique dans la philosophie de l’homme de droite. Pour cela, ils distingueront la démocratie dite chrétienne de la démocratie athée. Ils dissocieront le régime démocratique du dogme de la souveraineté populaire, limitant ainsi la compétence politique et morale de la multitude à la désignation du sujet du pouvoir, tout en maintenant que l’autorité procède de Dieu.
Mais, là encore, cette tentative est vaine. Pour deux raisons :

Le peuple élit des gens qui lui ressemblent

Tout d’abord, soulignons que l’idée d’une imperfection congénitale de l’homme, surtout dans l’ordre moral, est peu compatible avec celle d’une compétence politique de la multitude : l’homme médiocre, même de bonne foi, n’élit que ce qui lui ressemble.

On retrouve, in fine, le dogme de la souveraineté populaire

Ensuite, force est de remarquer que dans cette démocratie dite chrétienne, le droit donné au chef (sujet de l’autorité) d’exercer un pouvoir supposé procéder de Dieu, ne procède pas vraiment de Dieu, mais de la multitude ; en effet, le droit princier d’exercer le pouvoir présuppose, ici, le pouvoir populaire de donner droit à exercer le pouvoir princier. Ainsi une part d’autorité, donc de souveraineté, doit être reconnue au peuple, ce qui revient à avaliser le principe de la souveraineté populaire, fondement de la démocratie athée.

Un faux parallèle

Certains pourront nous répondre qu’au Vatican, les membres du Sacré Collège élisent « démocratiquement » le Pape. Ils en déduiront qu’un groupe peut parfaitement désigner un chef par le vote. Ce parallèle n’est toutefois pas pertinent, parce que les cardinaux n’élisent pas le nouveau pape en vertu d’une autorité qu’ils posséderaient par soi, mais au nom d’une autorité qu’ils ont reçue lorsque le pape défunt les a nommés.
Plus généralement, les aspirations populaires politiquement recevables, quand elles le sont, ne sont pas le critère de la légitimité du pouvoir exercé. Elles n’en sont que le signe et la matière, mais non point la cause et la forme. Seul le service du bien commun, dont le chef — nécessairement personnel — a conscience et qu’il incarne, détermine le critère de légitimité du pouvoir politique. Il est donc contradictoire de se proposer de développer une politique de droite quand on revendique la paternité du principe démocratique.

La voie électorale est une perte de temps

Faire une politique de droite en démocratie, c’est essayer de libérer l’homme de la démocratie, c’est utiliser les rouages de la démocratie pour la détruire. Et la démocratie évidemment ne se laisse pas faire : il est impossible de contester l’idée démocratique sans être marginalisé par le Conseil constitutionnel, privé légalement de toute représentativité.
Il n’est pas contradictoire, il est ainsi possible, dans l’absolu, d’utiliser les procédures électorales de la démocratie pour établir un gouvernement non démocratique. C’est bien ce qu’a fait AH. Mais il faut pour cela :
- que toute expression libre et indépendante du système ne soit pas rendue impossible par un verrouillage idéologique constitutionnellement acquis ; ce qui n’est plus le cas ;
- que le peuple ne soit pas encore complètement gangrené dans son âme par l’esprit démocratique, subjectiviste, consumériste, individualiste. Aujourd’hui, c’est une chimère. Les peuples occidentaux sont tous pourris moralement, il n’y a pas de différence entre le pays réel et le pays légal. Chacun veut « en croquer » pour lui-même, et, si le peuple souffre des effets de la démocratie (fiscalité étouffante, règne de la médiocrité intellectuelle, règne de l’argent, immigration en forme d’invasion, égalitarisme, et en même temps inégalités parfaitement injustes dans certains domaines), il tient tellement à la démocratie qu’il ne peut plus faire le procès des maux dont il souffre qu’au prix du procès de ses propres défauts et vices, ce que évidemment il ne fait pas.
La preuve en est, entre autres choses, que les Français refusent globalement le RN, quelque effort que fasse ce dernier pour se rendre acceptable par la démocratie. Et pourtant le RN va très loin, beaucoup trop loin, dans les concessions au système. Mais il faut bien comprendre que même si le RN obtenait la victoire que de fait il n’obtiendra pas, il ne saurait pas quoi en faire. On ne peut lutter contre la décadence en avalisant les principes qui font qu’il y a de la décadence.
La voie électorale et parlementaire est donc une perte de temps, d’argent, elle n’engendre que lassitude et découragement, elle désamorce la pugnacité –doctrinale et pratique– par les concessions à n’en plus finir qu’elle impose aux militants ; il faut quand même voter pour le RN mais sans illusions ; son seul intérêt est de donner une indication du taux des mécontents, et de leur donner d’accéder à la conscience de leur existence collective.

C'est une erreur répandue dans certains milieux de droite puisque la démocratie n'est pas neutre.

Je tiens à préciser pour qu'on se mette d'accord ce que j'entends par vraie droite :

« Est « de droite » toute doctrine politique qui sait qu’il existe un ordre naturel des choses, dont l’homme n’est pas créateur et auquel la liberté humaine doit se soumettre, sous peine de produire les pires catastrophes. Dans cette perspective, le bonheur de l’homme, sa fin ultime (possession de son vrai bien), consiste non à faire ce qu’il veut, mais à s’intégrer en cet ordre, ainsi à conformer son action aux impératifs de la nature humaine. »

On croit trop souvent encore, que la démocratie est un régime certes faible mais indifférent de soi aux solutions qui peuvent sortir de son chapeau vide. Certains, et non des moindres, en sont encore à professer qu’il en est de la démocratie comme il en est de la technique moderne [comme si la technique était elle-même moralement et politiquement neutre, mais c’est une autre question], à savoir qu’elle est bonne quand elle est utilisée à des fins légitimes, et mauvaise quand elle est subordonnée à des fins perverses. Tout dépendrait, dit-on, de ceux qui votent ; il suffirait de les convertir à la vérité pour que la vérité fût démocratiquement promue au rang de principe d’organisation de la société.

Parce qu’elle se déclare vide, la démocratie a un contenu

En vérité, et en dépit des apparences, la démocratie n’est pas une forme de gouvernement qui serait neutre, et dont le contenu dépendrait uniquement du bon vouloir des votants. La démocratie n’est pas une forme d’expression qui serait vide de contenu ; elle a, si l’on peut dire, un contenu bien déterminé en raison de son vide même.

La conséquence du dogme de la souveraineté populaire

Je m'explique. La démocratie clame : « Je suis chapeau vide, car c’est le peuple, et lui seul, qui décide de ce qui en sortira. C’est ça la souveraineté populaire ». Mais qu’est-ce que la souveraineté populaire, si ce n’est l’affirmation selon laquelle le pouvoir vient du peuple (donc de l’homme) qui en est l’origine, le détenteur, et qui peut en user comme bon lui semble ? Par conséquent, la démocratie n’est pas un « chapeau vide », bien au contraire ; ne reconnaissant comme légitime que ce qui émane du vote du peuple, elle exclut, par essence, toute idéologie qui, pour une raison ou pour une autre, s’oppose au dogme de la souveraineté populaire.

La conséquence du dogme de la liberté

Il en est de même lorsque, dans un domaine voisin, la démocratie clame : « Je suis un chapeau vide, puisque le peuple est libre, libre de choisir ses représentants, libre de se donner les lois qu’il souhaite, libre de les changer etc. » Comment ne pas voir que si la liberté est le fondement des valeurs, elle est au-dessus de toutes les valeurs ? Dès lors, elle exclut par principe, et quel que soit le choix des votants, la promotion de toute idéologie qui, au nom notamment d’un idéal religieux, limiterait la liberté humaine. D’où la fameuse phrase de Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ».

La démocratie exclut par essence toute pensée de droite

Dès lors, la conclusion s’impose :
1°) en soumettant à l’arbitraire des volontés individuelles la nature du bien et du mal, du vrai et du faux ; en affirmant que cette nature est décrétée par l’expression populaire définie comme résultante du conflit des libertés individuelles supposées souveraines ;
2°) en faisant du peuple le sujet du pouvoir, et du décompte des voix individuelles l’expression de la volonté générale ou volonté supposée légitime du tout social pris comme tout ;
La démocratie rejette par principe l’existence d’un ordre naturel dont l’homme n’est pas le créateur et auquel sa liberté doit se conformer. Par conséquent, elle écarte dès le départ la vraie droite du pouvoir et n’accepte comme légitime que la gauche (dont la fausse droite fait partie).
Voilà pourquoi le 21 avril 2002 au soir, de nombreux politiciens et analystes ont pu tranquillement affirmer que le résultat du premier tour de l’élection présidentielle française n’était pas conforme à la démocratie. Et voilà pourquoi en 2004, le sénateur belge Jacques Brotchi parla de « l’extrême droite qui n’a pas sa place dans un État démocratique » [ça ne vous rappelle rien ?]. Au sein de la vraie droite, beaucoup s’offusquent en entendant de tels propos ; ils accusent leurs auteurs de ne pas être de vrais démocrates. Ils se trompent. Comme je viens de le démontrer, ces prises de position sont parfaitement conformes à la démocratie.

Il n’y a rien à attendre du parlementarisme

A droite, certains se disent démocrates

Notons d’ailleurs que les ennemis de la vérité savent immédiatement pressentir, d’où qu’il vienne, le dévoilement de la vérité dangereuse pour leur cause. Plus simplement, ils savent toujours « d’où vient le vent ». Ce rappel est nécessaire car au sein de la vraie droite, de plus en plus de personnes jugent nécessaire de se servir des « valeurs » de la démocratie : « Afin de promouvoir la défense de l’identité nationale, disent-elles, faisons-nous les champions de la démocratie illimitée, de la liberté d’expression sans entraves, des droits de l’homme et de l’antiracisme. Mettons-nous à épouser sans retenue les thèmes de nos ennemis. Ainsi pourrons-nous les déstabiliser, contrecarrer leur propagande et ratisser plus large ».
Cette rhétorique machiavélienne est souvent vue comme le sommet de la finesse en matière de stratégie. Mais elle reste au fond inefficace, voire dangereuse, et cela pour deux raisons :

Nos ennemis sentent toujours d’où vient le vent

Tout d’abord, parce que les ennemis de la vraie droite auront tôt fait de dénoncer en ces naïves entreprises une opération de subversion ; opération qu’au nom même de la démocratie, des droits de l’homme, de la liberté d’expression et de l’antiracisme, ils s’empresseront d’écraser.

Pas de démocratie pour les adversaires de la démocratie

Car, s’appuyant sur le cortège des fausses valeurs ci-dessus évoquées, les démocrates pourront déclarer en toute bonne conscience, ce qu’ils ont déjà fait, que la démocratie est en droit de se défendre non démocratiquement lorsqu’elle doit se sauver des attaques des non-démocrates. Un démocrate pourra toujours user contre les non-démocrates de procédés non démocratiques, parce qu’il aura beau jeu de rappeler :
a) qu’il se contente d’appliquer aux non-démocrates les procédés qu’ils promeuvent eux-mêmes ;
b) que la démocratie ne fonctionne qu’avec des démocrates, et que tous les coups sont permis, lorsqu’il est question du salut du paradis démocratique, au détriment des nostalgiques réels ou supposés de la « Bête immonde ». A ce sujet, rappelons que l’article 17 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme énonce : « Aucune des dispositions de la présente Convention ne peut être interprétée comme impliquant pour un État, un groupement ou un individu, un droit quelconque de se livrer à une activité ou d’accomplir un acte visant à la destruction des droits ou libertés reconnus dans la présente Convention ou à des limitations plus amples de ces droits ou libertés que celles prévues à ladite Convention ».
Plus clairement : « Vous ne pouvez pas invoquer les droits de l’homme pour les détruire ou, même, les restreindre ».

Les démocrates n’ont pas peur des contradictions logiques

Certains pourront nous répondre que, justement, le choix stratégique exposé plus haut permet de contraindre les démocrates à se démasquer et à révéler leur hypocrisie, ce qui fera ouvrir les yeux à beaucoup. Nous leur rétorquerons que si c’était vrai, le peuple aurait dû ouvrir les yeux depuis longtemps, et en tous les cas depuis le 5 mai 2002, ce qui n’est pas. Là encore, la raison est simple : c’est seulement du point de vue de l’homme de droite qu’est recevable la réfutation bien connue selon laquelle la démocratie :
a) se contredit en combattant l’antidémocrate ;
b) fait l’aveu de sa contradiction intrinsèque en usant de procédés non démocratiques pour combattre les ennemis de la démocratie (autrement dit : en se reniant formellement pour se préserver matériellement).
Il n’y a en effet de liberté de conscience et d’expression, que pour les partisans de la liberté de conscience et d’expression (autant de valeurs incompatibles avec celles de la pensée de droite qui ne reconnaît d’authentique liberté que dans le sillage de la vérité, qui n’admet comme véritablement telle qu’une liberté d’expression de la vérité seule).
Cette réfutation de la démocratie par elle-même n’est pas recevable par l’homme de gauche, parce que le propre de la pensée de gauche est de se fonder sur l’utopie et sur le sentiment. L’homme de gauche considère que la légitimité de la démocratie, vécue comme un impératif religieux, n’est pas liée aux exigences de la pensée logique. Il n’est pas accidentel à la pensée de gauche de privilégier l’action par rapport à la théorie (telle est la doctrine marxiste), ou l’empirisme (dont au reste le marxisme est issu) au détriment de la métaphysique. A ce sujet, rappelons que le maître de la pensée libérale, J. Locke, excluait déjà, de sa cité idéale, les catholiques en même temps que les athées. Pourquoi ? Parce qu’il éprouvait une aversion pour toute forme de dogmatisme, et cela au nom de la « tolérance ».
La liberté d’expression prônée par les démocrates, dogmatisme de la tolérance, n’est applicable qu’aux démocrates, parce que les démocrates et les ennemis de la démocratie n’ont pas la même conception de la liberté d’expression. Et ils n’en ont pas la même conception parce qu’ils n’ont pas la même conception de la liberté elle-même.

Qu’est-ce que la liberté ?

La liberté selon l’homme de droite

Pour l’homme de droite, être libre ne consiste pas à faire ce que l’on veut, mais à faire ce qui est conforme à l’ordre naturel voulu par Dieu. Un acte est libre s’il a été décidé après un jugement qui doit nécessairement faire appel à l’autorité de la raison (voilà pourquoi les actes imposés ou commis sous l’emprise de la folie ne sont pas libres, donc pas imputables à celui qui les a commis). C’est pourquoi la volonté n’est plus libre aussitôt qu’elle se soustrait à la raison. Mais un acte ne peut pas être dit raisonnable s’il n’est pas conforme à l’ordre des choses. Donc, la volonté n’est libre que si elle se soumet l’ordre des choses. Autrement dit : la liberté consiste à faire non ce que l’on veut, mais ce qui est conforme à l’ordre naturel.

La liberté selon l’homme de gauche

Pour l’homme de gauche, il en va tout autrement. La liberté chez lui est monstrueuse, car c’est une liberté qui sert la tyrannie du Moi, une liberté pour le terrorisme de la subjectivité arbitraire émancipée de l’ordre naturel. Dans son esprit, donc dans l’esprit du démocrate, la liberté est le pouvoir de se fixer les fins qu’on décrète bonnes, ainsi le pouvoir d’inventer sa nature : la liberté, nous apprend la sacro-sainte Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, est le pouvoir de faire tout ce qui ne nuit pas autrui, ce qui revient à dire que tout est permis pourvu qu’on ne fasse que ce qui est compatible avec les décrets d’autrui ; autant dire qu’une bande de voyous organisée selon les principes de la voyoucratie est parfaitement respectueuse du catéchisme laïc.

La droite ne pourra jamais adopter la définition de gauche de la liberté

Si la droite s’empare du concept, propre à la gauche, de liberté d’expression, alors elle se fera piéger par son machiavélisme à finalité honnête, pour cette raison que, dans les faits, l’homme de droite devra renier tout ce qu’il croit et, fatalement, accepter les règles du jeu de la démocratie. Or, nous avons vu que ces règles l’excluent dès le départ. Voilà pourquoi jusqu’à présent, les membres de la vraie droite qui ont voulu honnêtement jouer le jeu de la démocratie (c’est-à-dire qui n’ont pas annoncé préalablement leur intention de l’utiliser pour la détruire aussitôt arrivés au pouvoir) ont toujours échoué : soit ils n’ont jamais pris le pouvoir (comme le FN en France), soit, s’ils l’ont pris, ils ont été amenés à renier leurs convictions et, ainsi, à gouverner comme les autres (le cas de Fini en Italie et de Haider en Autriche).