Le 24 mars 2018 à 12:58:53 -Lindle- a écrit :
Le 24 mars 2018 à 12:41:56 Toya_Unchained a écrit :
Le 24 mars 2018 à 12:39:11 -Lindle- a écrit :
Le 24 mars 2018 à 12:29:48 Toya_Unchained a écrit :
Le 24 mars 2018 à 12:25:23 -Lindle- a écrit :
Tout d'abord, il va falloir qu'on s'accorde sur les termes. Pour cela je vais prendre la définition de John Dewey, un philosophe penseur du libéralisme, pour donner la base commune à toutes les formes de libéralisme.
Le libéralisme est un rationalisme, c'est à dire qu'il s'agit d'abord d'une croyance dans l'individu rationnel et dans le pouvoir de la raison dans les choix de l'individu. Pouvoir de la raison qui doit donc être utilisé par des individus présupposés rationnels au service de la liberté de leurs activités.
Quel dommage que cette définition notamment sur l'individu présupposé rationnel ne prenne pas du tout en compte l'ensemble des libéraux
Admettons.
Il y a donc des libéraux ne s'appuyant pas sur la raison ? Argument ?Oui les libéraux qui présupposent la rationalité de l'individu sont ce qu'on appelle communément des néoclassiques.
Or l'école autrichienne ( qui se base sur les écrits de Menger et est parfois considérée comme néoclassique elle aussi) à en grande partie rejetée ce postulat et ses conséquences comme l'application des maths à l'économie.Je parle un peu de Hayek et Von Mises dans la suite. Il y a toujours cette notion rationaliste même si c'est vrai qu'elle prend notamment en compte les inconscients individuels.
Bon je viens de lire la partie qui leur est consacrée sur le calcul économique.
Et je suis d'accord la conception de rationalité est toujours présente chez Mises mais elle est fondamentalement différente car subjective et sujette au jugement de valeur.Bon je vais lire le reste ça m'a l'air plus intéressant que les critiques gauchistes à la moraline et bien argumenté.
Bien sur que leur conception de la rationalité est différente, il y a une multitude de libéralismes. Mais on est sur le 18-25, et j'écris pas une thèse, du coup je suis obligé de résumer à l'extrême et de faire des raccourcis. C'est pour ça que je compte sur les commentaires pour compléter ( ou corriger ) ce que j'ai écrit.
Le 24 mars 2018 à 12:57:34 Razoumikhin3 a écrit :
Je viens d'écrire 8 pages sur Von Mises alors j'ai un peu la flemme
Désolé mec, mais merci d'avoir lu
Bon, en gros j'ai dit des conneries là dessus ou pas ? Ou fait des raccourcis trop grossiers ?
Le 24 mars 2018 à 12:39:11 -Lindle- a écrit :
Le 24 mars 2018 à 12:29:48 Toya_Unchained a écrit :
Le 24 mars 2018 à 12:25:23 -Lindle- a écrit :
Tout d'abord, il va falloir qu'on s'accorde sur les termes. Pour cela je vais prendre la définition de John Dewey, un philosophe penseur du libéralisme, pour donner la base commune à toutes les formes de libéralisme.
Le libéralisme est un rationalisme, c'est à dire qu'il s'agit d'abord d'une croyance dans l'individu rationnel et dans le pouvoir de la raison dans les choix de l'individu. Pouvoir de la raison qui doit donc être utilisé par des individus présupposés rationnels au service de la liberté de leurs activités.
Quel dommage que cette définition notamment sur l'individu présupposé rationnel ne prenne pas du tout en compte l'ensemble des libéraux
Admettons.
Il y a donc des libéraux ne s'appuyant pas sur la raison ? Argument ?Oui les libéraux qui présupposent la rationalité de l'individu sont ce qu'on appelle communément des néoclassiques.
Or l'école autrichienne ( qui se base sur les écrits de Menger et est parfois considérée comme néoclassique elle aussi) à en grande partie rejetée ce postulat et ses conséquences comme l'application des maths à l'économie.
Je parle un peu de Hayek et Von Mises dans la suite. Il y a toujours cette notion rationaliste même si c'est vrai qu'elle prend notamment en compte les inconscients individuels.
Le 24 mars 2018 à 12:25:23 -Lindle- a écrit :
Tout d'abord, il va falloir qu'on s'accorde sur les termes. Pour cela je vais prendre la définition de John Dewey, un philosophe penseur du libéralisme, pour donner la base commune à toutes les formes de libéralisme.
Le libéralisme est un rationalisme, c'est à dire qu'il s'agit d'abord d'une croyance dans l'individu rationnel et dans le pouvoir de la raison dans les choix de l'individu. Pouvoir de la raison qui doit donc être utilisé par des individus présupposés rationnels au service de la liberté de leurs activités.
Quel dommage que cette définition notamment sur l'individu présupposé rationnel ne prenne pas du tout en compte l'ensemble des libéraux
Admettons.
Il y a donc des libéraux ne s'appuyant pas sur la raison ? Argument ?
J'ai mis minorités entre parenthèses justement pour les femmes, parce que si le terme est clairement fallacieux, le raisonnement est identique.
La tu t'arrêtes juste sur le droit codifié mais dans les faits, en France, juste un exemple, le fait que pour des concours, des étudiants juifs aient eu une autre date pour un examen parce que la date initiale était en même temps que Pessah, on est bien dans du droit particulier, purement communautaire, en dehors de ce que tu as énoncé ?
Le 24 mars 2018 à 02:39:35 Je410tasoeur a écrit :
Le 24 mars 2018 à 02:10:16 Toya_Unchained a écrit :
Le 24 mars 2018 à 02:08:27 Je410tasoeur a écrit :
Le 24 mars 2018 à 02:04:53 Toya_Unchained a écrit :
Le 24 mars 2018 à 01:51:01 Je410tasoeur a écrit :
Le 24 mars 2018 à 00:59:21 Toya_Unchained a écrit :
I) La définition du libéralismeTout d'abord, il va falloir qu'on s'accorde sur les termes. Pour cela je vais prendre la définition de John Dewey, un philosophe penseur du libéralisme, pour donner la base commune à toutes les formes de libéralisme.
Le libéralisme est un rationalisme, c'est à dire qu'il s'agit d'abord d'une croyance dans l'individu rationnel et dans le pouvoir de la raison dans les choix de l'individu. Pouvoir de la raison qui doit donc être utilisé par des individus présupposés rationnels au service de la liberté de leurs activités.
En économie, cela aboutira à la rationalité de l'agent économique.
D'un point de vue moral, cela donnera naissance au relativisme culturel.C'était bien partie, mais je me suis arrêter ici.
L'une des bases fondamentale du libéralisme, c'est la main invisible selon Adam Smith, et c'est loin d'être un concept rationnel.
Si tu le dis...
Merci d'avoir commencé du coupMoi non, Adam Smith oui.
Mais du coup, tant qu'à faire, tu peux expliquer en détail ce qu'est " la main invisible " , et en quoi les bases qui l'expliquent ne sont pas rationnels ?
Pour être honnête, je suis ici pour distribuer des 410 et rien d'autre.
Sur Adam Smith, et le libéralisme en général, on pourrait débattre toute la nuit à gros coup de pavé, j'aimerais éviter afin de pouvoir distribuer des 410 aux fachos de ce site.
J'étais comme ça avant, mais j'ai abandonné.
Bon courage dans ta quête, et merci d'avoir participé
Le 24 mars 2018 à 02:12:45 Constantiana a écrit :
Le 24 mars 2018 à 02:01:27 Toya_Unchained a écrit :
Le 24 mars 2018 à 01:47:05 Constantiana a écrit :
Sur les aspects économiques, il y en a un certain nombre qui ne font plus débat du tout ; ainsi, 99% des économistes, de droite comme de gauche, s'accordent à dire que le libre-échange est bénéfique pour les sociétés. Avec la nuance qu'il n'est pas bénéfique pour tout le monde, il y a des gagnants et des perdants, mais au total, en moyenne, c'est plutôt gagnant. Paul Krugman explique bien que libre-échange et progrès technique sont, d'un point de vue économique, exactement les mêmes.Sur l'argument de l'individu rationnel, tu l'as toi-même mentionné un peu, c'est plus complexe que ça.
Enfin, sur le contractualisme, je pense que tu as fait preuve d'un oubli lourd de conséquences. En effet, ta critique du libéralisme va sur le chemin classique de la critique de l'individu-roi qui dissoudrait toute société.
Or, c'est justement par la pensée contractualiste que le libéralisme surmonte cette difficulté. Les pensées de Hobbes et Locke (et également Rousseau même si son appartenance au libéralisme est contestable) se fondent toutes sur l'idée d'un état de nature où l'individu est complètement libre. Or, cette liberté individuelle absolue aboutit à un état non désirable (guerre de tous contre tous chez Hobbes, non respect des droits chez Locke). D'où le contrat social : chacun s'associe pour former société et former l'Etat, qui doit protéger la sécurité et faire respecter les droits. En cela, chacun réduit une part de sa liberté pour mieux préserver sa liberté. N'oublions pas la formule de Montesquieu, sur la liberté des uns s'arrêtant là où commence celle des autres...
Et cela amène à une question fondamentale que tu as éludée : celle des droits naturels. On ne peut séparer le libéralisme de la pensée jusnaturaliste. Dans la pensée libérale, tous les hommes naissent avec des droits, qui sont "inaliénables", voire sacrés. Ce sont des droits que l'Etat ne te donne pas ; il les reconnaît. Ce sont des droits que l'Etat ne peut légitimement te retirer ; au contraire, leur protection est au fondement de sa légitimité. Dans la tradition française, ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression (les Etats-Unis ont des versions similaires).
Le droit au logement, par exemple, est un droit que l'Etat social accorde et peut retirer. Mais le droit à libre expression des opinions - en tous cas dans la théorie libérale - est un droit que l'Etat ne peut te retirer. D'où la puissance du 1er amendement aux Etats-Unis (bien plus libéraux que nous dans la liberté d'expression).
Enfin, sur ces termes, j'ajouterais un dernier bémol à ton analyse. Elle passe un peu vite sur la fin programmée du libéralisme. Or, ce que l'on observe, et je ne suis pas marxiste mais une approche dialectique est intéressante, ce que l'on observe donc, c'est que jamais l'on ne fait table rase du passé. Les palais des Papes ont été construits sur les ruines des temples d'Auguste ; de même, un régime politique ne meurt pas complètement.
S'il y a un épuisement du libéralisme, c'est que ses promesses ont largement été atteintes dans le début du XXe siècle, mais que cela ne "suffisait" pas - il a donc fallu "plus" (l'Etat social, par exemple). Les droits sont acquis ; l'Etat de droit l'est également. Le libre-échange n'est pas à l'ordre du jour certes, mais le commerce a été libéralisé. Le droit régule tout.
Donc oui, le renouveau, et ce qui viendra après. Mais ce qui viendra après ne pourra pas remettre en cause les grands acquis : séparation de la sphère publique et de la sphère privée ; les grands droits fondamentaux ; la garantie juridique des droits ; la volonté d'un Etat qui respecte la sphère privée.
Merci de te réponse argumentée, et très intéressante. Et comme je te l'ai dit, j'ai du faire plein de raccourcis mais
99% d'accord sur le libre- échange, j'ai des doutes, vu la montée de beaucoup d'économistes critiques sur le sujet mais bon, admettons.
Comme j'ai dit, ce n'est pas le sujet principal, mais le libre-échange, ça reste mon dada. Ce n'est pas une position particulièrement populaire à prendre, mais bon.
Je suis sur ce point assez influencé par la pensée de Francisco de Vitoria.
En ce qui concerne le contractualisme, j'ai précisé, justement à la fin, que lorsque le contrat seul définit le lien", la rupture du contrat entraine une fragmentation des sociétés , et on se retrouve avec des individus-rois, donc nous ne sommes pas foncièrement en désaccord. Je n'ai peut-être pas été clair là dessus.
Ah, j'ai peut-être mal compris.
Effectivement, seulement, le contrat est-il rompu ? Quels en seraient les signes ? Tu me diras peut-être que nous sommes devenus des individus-rois. Certes, mais cela ne prouve pas particulièrement la faute du libéralisme : tout au plus celle de l'hédonisme. Le libéralisme s'est longtemps accompagné de rigorisme moral - les sociétés de tempérance aux USA, l'éloge de la modération, Eisenhower, par exemple, déclarant dans les années 1950 que le modèle libéral américain n'avait de sens que dans une société religieuse.
L'on peut penser, comme les éditorialistes paniqués, que le Brexit et Trump en sont. J'en doute. Sur le Brexit, je rappelle que les Conservateurs - libéraux devant l'éternel - sont au pouvoir, qu'il existe une forte possibilité que le prochain Premier ministre soit Jacob Rees-Mogg, qui souhaite un libre-échange intégral et unilatéral...Remise en cause de l'UE n'est pas remise en cause du libéralisme.
Quant à Trump, tout comme ceux qui pensaient que son élection signalait l'apocalypse étaient ridicules, ceux qui pensent qu'il va créer une véritable rupture le sont aussi. Regardons vraiment ce qu'il a fait :
- une politique fiscale conservatrice classique, faite de réduction d'impôts ;
- sur la politique étrangère, il y a quelques variations, mais dans l'ensemble, il ne s'est pas désengagé de l'OTAN, il n'a pas envoyé le feu nucléaire sur la Corée du Nord et n'a pas envahi le Mexique.
- Sur les tarifs, je rappelle que Bush avait fait exactement la même chose, Obama aussi, Bill Clinton aussi, Ronald Reagan aussi...Donc je ne crois pas encore à la rupture de ce contrat.
Là où je suis d'accord avec toi, c'est qu'une forme de démocratie "procédurière" est morte. Celle où le respect des procédures garanties par la loi suffisait à octroyer la légitimité. Aujourd'hui, quand les Parlements décident de quelque chose, ce n'est plus accepté comme l'expression démocratique de la volonté générale.
J'ai été très rapide sur les droit naturels mais en soi, je n'ai porté aucune critique dessus. Tout au plus leur instrumentalisation politique à certaines époques.
Oui mais à mon sens, ils sont le legs le plus puissant du libéralisme, celui qui ne mourra pas. Cette triple idée forte que (1) chacun naît avec des droits inaliénables, (2) que le rôle de l'Etat est d'abord et avant tout de garantir la sécurité des personnes et la garantie de ces droits et (3) que lorsque l'Etat ne le fait pas, la résistance à l'autorité est légitime.
Je vais zapper les autres points, on est plus ou moins d'accord ( ou en accord sur le désaccord ) et te répondre sur le contrat.
Tu dis très justement que le libéralisme fut longtemps accompagné de rigorisme moral, mais justement, est-ce que ce n'était pas l'une des bases du contrat ?
Le libéralisme-libertaire, justement critique cette morale et la considère comme oppressive (ce qui accompagne tout mon exemple sur la grossophobie ) et justement, l'extension des droits des " minorités " ( femmes, homosexuels ) puis des "minorités des minorités " (femme hétéro, femme lesbienne, femme trans, femme bi, femme noire, femme noire trans etc...) qui finit par constituer des " droits à la carte " donc détruit le droit commun, " le contrat " . Pour moi le contrat n'est pas totalement rompu ( c'est pour ça que nous ne sommes pas encore dans la guerre de touts contre tous ) mais ça ne s'arrête pas, et justement je pense que la montée des populismes est là pour arrêter ça.
Le 24 mars 2018 à 02:07:09 Appiodici_khey a écrit :
Le libéralisme c'est la mort des peuples et de l'espèce humaine (et les autres animales).Marx ce visionnaire avait déjà décrit tout ce qui se passe aujourd'hui.
Ouais, alors, je vais commencer un pavé sur le marxisme et tu seras la premier prévenu
Il y a des choses à dire sur Karl...
Le 24 mars 2018 à 02:08:27 Je410tasoeur a écrit :
Le 24 mars 2018 à 02:04:53 Toya_Unchained a écrit :
Le 24 mars 2018 à 01:51:01 Je410tasoeur a écrit :
Le 24 mars 2018 à 00:59:21 Toya_Unchained a écrit :
I) La définition du libéralismeTout d'abord, il va falloir qu'on s'accorde sur les termes. Pour cela je vais prendre la définition de John Dewey, un philosophe penseur du libéralisme, pour donner la base commune à toutes les formes de libéralisme.
Le libéralisme est un rationalisme, c'est à dire qu'il s'agit d'abord d'une croyance dans l'individu rationnel et dans le pouvoir de la raison dans les choix de l'individu. Pouvoir de la raison qui doit donc être utilisé par des individus présupposés rationnels au service de la liberté de leurs activités.
En économie, cela aboutira à la rationalité de l'agent économique.
D'un point de vue moral, cela donnera naissance au relativisme culturel.C'était bien partie, mais je me suis arrêter ici.
L'une des bases fondamentale du libéralisme, c'est la main invisible selon Adam Smith, et c'est loin d'être un concept rationnel.
Si tu le dis...
Merci d'avoir commencé du coupMoi non, Adam Smith oui.
Mais du coup, tant qu'à faire, tu peux expliquer en détail ce qu'est " la main invisible " , et en quoi les bases qui l'expliquent ne sont pas rationnels ?
Le 24 mars 2018 à 01:51:01 Je410tasoeur a écrit :
Le 24 mars 2018 à 00:59:21 Toya_Unchained a écrit :
I) La définition du libéralismeTout d'abord, il va falloir qu'on s'accorde sur les termes. Pour cela je vais prendre la définition de John Dewey, un philosophe penseur du libéralisme, pour donner la base commune à toutes les formes de libéralisme.
Le libéralisme est un rationalisme, c'est à dire qu'il s'agit d'abord d'une croyance dans l'individu rationnel et dans le pouvoir de la raison dans les choix de l'individu. Pouvoir de la raison qui doit donc être utilisé par des individus présupposés rationnels au service de la liberté de leurs activités.
En économie, cela aboutira à la rationalité de l'agent économique.
D'un point de vue moral, cela donnera naissance au relativisme culturel.C'était bien partie, mais je me suis arrêter ici.
L'une des bases fondamentale du libéralisme, c'est la main invisible selon Adam Smith, et c'est loin d'être un concept rationnel.
Si tu le dis...
Merci d'avoir commencé du coup
Le 24 mars 2018 à 01:47:05 Constantiana a écrit :
Sur les aspects économiques, il y en a un certain nombre qui ne font plus débat du tout ; ainsi, 99% des économistes, de droite comme de gauche, s'accordent à dire que le libre-échange est bénéfique pour les sociétés. Avec la nuance qu'il n'est pas bénéfique pour tout le monde, il y a des gagnants et des perdants, mais au total, en moyenne, c'est plutôt gagnant. Paul Krugman explique bien que libre-échange et progrès technique sont, d'un point de vue économique, exactement les mêmes.Sur l'argument de l'individu rationnel, tu l'as toi-même mentionné un peu, c'est plus complexe que ça.
Enfin, sur le contractualisme, je pense que tu as fait preuve d'un oubli lourd de conséquences. En effet, ta critique du libéralisme va sur le chemin classique de la critique de l'individu-roi qui dissoudrait toute société.
Or, c'est justement par la pensée contractualiste que le libéralisme surmonte cette difficulté. Les pensées de Hobbes et Locke (et également Rousseau même si son appartenance au libéralisme est contestable) se fondent toutes sur l'idée d'un état de nature où l'individu est complètement libre. Or, cette liberté individuelle absolue aboutit à un état non désirable (guerre de tous contre tous chez Hobbes, non respect des droits chez Locke). D'où le contrat social : chacun s'associe pour former société et former l'Etat, qui doit protéger la sécurité et faire respecter les droits. En cela, chacun réduit une part de sa liberté pour mieux préserver sa liberté. N'oublions pas la formule de Montesquieu, sur la liberté des uns s'arrêtant là où commence celle des autres...
Et cela amène à une question fondamentale que tu as éludée : celle des droits naturels. On ne peut séparer le libéralisme de la pensée jusnaturaliste. Dans la pensée libérale, tous les hommes naissent avec des droits, qui sont "inaliénables", voire sacrés. Ce sont des droits que l'Etat ne te donne pas ; il les reconnaît. Ce sont des droits que l'Etat ne peut légitimement te retirer ; au contraire, leur protection est au fondement de sa légitimité. Dans la tradition française, ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression (les Etats-Unis ont des versions similaires).
Le droit au logement, par exemple, est un droit que l'Etat social accorde et peut retirer. Mais le droit à libre expression des opinions - en tous cas dans la théorie libérale - est un droit que l'Etat ne peut te retirer. D'où la puissance du 1er amendement aux Etats-Unis (bien plus libéraux que nous dans la liberté d'expression).
Enfin, sur ces termes, j'ajouterais un dernier bémol à ton analyse. Elle passe un peu vite sur la fin programmée du libéralisme. Or, ce que l'on observe, et je ne suis pas marxiste mais une approche dialectique est intéressante, ce que l'on observe donc, c'est que jamais l'on ne fait table rase du passé. Les palais des Papes ont été construits sur les ruines des temples d'Auguste ; de même, un régime politique ne meurt pas complètement.
S'il y a un épuisement du libéralisme, c'est que ses promesses ont largement été atteintes dans le début du XXe siècle, mais que cela ne "suffisait" pas - il a donc fallu "plus" (l'Etat social, par exemple). Les droits sont acquis ; l'Etat de droit l'est également. Le libre-échange n'est pas à l'ordre du jour certes, mais le commerce a été libéralisé. Le droit régule tout.
Donc oui, le renouveau, et ce qui viendra après. Mais ce qui viendra après ne pourra pas remettre en cause les grands acquis : séparation de la sphère publique et de la sphère privée ; les grands droits fondamentaux ; la garantie juridique des droits ; la volonté d'un Etat qui respecte la sphère privée.
Merci de te réponse argumentée, et très intéressante. Et comme je te l'ai dit, j'ai du faire plein de raccourcis mais
99% d'accord sur le libre- échange, j'ai des doutes, vu la montée de beaucoup d'économistes critiques sur le sujet mais bon, admettons.
En ce qui concerne le contractualisme, j'ai précisé, justement à la fin, que lorsque le contrat seul définit le lien", la rupture du contrat entraine une fragmentation des sociétés , et on se retrouve avec des individus-rois, donc nous ne sommes pas foncièrement en désaccord. Je n'ai peut-être pas été clair là dessus.
J'ai été très rapide sur les droit naturels mais en soi, je n'ai porté aucune critique dessus. Tout au plus leur instrumentalisation politique à certaines époques.
Je n'ai pas dit que l'on ferait table rase ( jai même précisé que dans le reste du monde, il serait assimilé culturellement et tout ne disparaitra pas entièrement ) mais en soi, pour moi le libéralisme a effectivement fait son temps, et une bonne partie de ses legs vont disparaitre, comme la neutralité axiologique.
Aprè!s comme j'ai dit, je pose plus les bases d'un débat plus complexe " les libéraux sont des méchants qui pensent qu'à l'argent VS le communisme ça mrche pas, faites vous une raison les gauchos " , et ton avis est très intéressant, merci de ta participation
Le 24 mars 2018 à 01:29:52 DebanPlz-3 a écrit :
J'ai tout lu. C'est du très bon, tu t'es fait chié pour rien khey, mais merci de m'avoir fait réfléchir. Moi qui suit... Libéral ^^ En tout cas la piste de réflexion comme quoi c'est un idéal de l'humain raisonnable est vraiment à creuser. Je déteste le paternalisme, et surtout j'ai tendance à considérer que quand l'État fait quelque chose, il fait souvent de la merde. Que previlegier les intérêts de l'individus permet d'organiser une masse comme elle mérite de l'être.Ton argumentaire est bien mieux construit que ceux des facs de socio ou des Jean-CGT : "tu sers les intérêts du capital avec ton idéologie libéraliste". "Gnagnagna oligarque". "C'est toujours sur les pauvres qu'on tappe dans ce pays de toutes façons".
Tout n'est pas parfait cependant, dans ton fil rouge il me semble qu'il y a des contradictions internes... Mais qui sont pas 'graves' outre mesure vu que j'ai la flemme de les relever
Merci d'avoir lu en tout cas.
Après, si mon argumentaire est différents des antilibéraux classiques, c'est peut-être parce que je ne suis pas non plus marxiste ( pour d'autres raisons que j'expliquerais peut-être dans un autre pavé. Et surtout, je vis dans une société libérale, en étudiant le sujet, on en voit aussi les avantages.
Pour les contradictions, c'est possible que j'en ai laissé passer oui. Si à un moment, tu n'as plus la flemme, tu pourrais me les signaler stp ?
III) La mort programmée du libéralisme
Il y deux principales raisons qui expliquent pourquoi le libéralisme est voué à disparaître. La première est que le libéralisme est pétri de contradiction interne, qui arrivé au bout de sa logique, aboutissent à son autodestruction.
Comme dit plus haut, le libéralisme prend pour base la croyance en un individu rationnel. Ainsi donc, le libéralisme défend aussi l'idée que les individus sont prévisibles. Le problème, c'est que les avancées dans les sciences humaines nous apprennent qu'un tel individu n'existe pas. Les travaux de Kahneman et Tversky sur les biais cognitifs par exemple, qui leur a valu un prix Nobel d'Économie , ont montré que les individus, considérés par le libéralisme comme des agents économiques, peuvent prendre des décisions totalement irrationnelles et contre-productives.
Prenons par exemple le biais des couts irrécupérables. Quand nous avons investi des grosses sommes impossibles à récupérer dans des projets quelconque, nous avons tendance, pour « ne pas gâcher », à persévérer dans ce projet plutôt qu'en choisir un autre. Ça peut sembler logique, mais admettons que vous ayez investi une très forte somme dans l'élaboration d'un produit dont vous apprenez qu'au terme de sa conception, il sera obsolète. La raison voudrait que vous abandonniez tout, la somme est définitivement perdue, mais on sait qu'une très grande majorité des individus, refusant d'admettre que l'argent dépensé est gâchée, va continuer à investir encore plus pour achever un produit obsolète. La crise de subprimes par exemple, s'explique notamment par le biais cognitif appelé « le biais de résultat » qui nous amène à juger du bienfondé d'une décision à partir du résultat observable ( dans ce cas précis, la très forte rentabilité à court terme).
Le libéralisme économique est condamné mais pas du fait de l'État ou de son inefficacité. Le libéralisme économique a simplement été pensé à la base pour des sociétés industrielles, et surtout au XVIIIème et XIXème siècle.
D'une part, le progrès technologique entrainant ce que Keynes prévoyait comme « le chômage technologique » montre l'incapacité du libéralisme, s'il est géré par pure rationalité dans une logique de profit, à pouvoir assurer le plein emploi. D'où les débats de plus en plus fréquents sur l'überisation de la société ou le revenu universel.
En ajoutant à cela la financiarisation de l'économie, qui aujourd'hui a une logique plus prédatrice que créatrice ( il suffit de constater l'état de la Grèce aujourd'hui qui subit plus un pillage qu'une réelle reconstruction de son économie ), dont on ne peut pas accuser le libéralisme puisqu'il n'a même pas été pensé pour ça.
Le libéralisme politique est mort en arrivant à sa logique terminale. La neutralité axiologique nie le besoin d'une culture commune, d'une définition commune de la citoyenneté, d'une common decency comme disait Orwell. Quand le lien social ( donc politique) n'existe qu'avec la notion de contrat, il ne faut pas s'étonner que la « rupture du contrat » entraine une fragmentation des sociétés ( fragmentation socio-économique, fragmentation ethnique, fragmentations religieuses etc...). L'état de droit, en continuant dans sa logique qui consiste à accorder plus de droits « naturels » aux individus, en les définissant comme des libertés, vise à rendre tout devoir envers la société comme oppressif.
Si par exemple, la société vient à encourager les personnes souffrant d'obésité à changer d'hygiène de vie, ou encore d'alimentation, ne serait-ce que parce que c'est une question de santé publique et que ça a un cout pour la société, les individus obèses peuvent parfaitement défendre le droit à une hygiène de vie déplorable, à une mauvais alimentation, considéré toute campagne comme une oppression contre les personnes obèses ( dans ce cas précis, la grossophobie ). D'un point de vue libéral, cet argument est valable car le problème n'est pas le style de vie des individus, qui relèvent de leur liberté, mais l'existence d'un système de santé publique, qui oblige les citoyens à une certaine forme de responsabilité. Un individu sans devoirs et avec de plus en plus de droits, totalement indifférents aux jugements de la société, c'est ce que l'on appelle l'individu-roi. Et on ne peut pas faire une société composée uniquement d'individu-rois.
Le libéralisme doit aussi faire face à l'évolution de monde. Le libéralisme s'est imposé dans le monde avec l'Occident. Le discours du libre-échange a permis de piller des peuples n'ayant pas entamé une accumulation primitive du capital en les ouvrant à des échanges inégaux (comme les Traités Inégaux avec la Chine ). Le libéralisme est perçu en Occident comme l'idéologie de la modernité puisqu'il est une évolution logique des sociétés occidentales mais est perçu ailleurs ( donc pour plus de 82% de la population mondiale) comme la marque du colon occidental. Cela ne veut pas dire que le reste du monde, maintenant que l'Occident n'est plus au fait de sa puissance, va renoncer à tout ce qui fait le libéralisme, mais que ce dernier ne lui étant plus imposé, il va être assimilé culturellement. C'est plus ou moins ce qui s'est passé en Chine, qui s'est libéralisée sur certains points. Mais seulement certains.
L'évolution technologique va aussi rendre désuet certaines conception de la société héritées du libéralisme. Quel sens aura la liberté et le droit à la vie privée lorsque nous serons tous traçables via tous nos gadgets actuels et à venir, ou nos futures puces RFID implantées? Quel sens aura la méritocratie à l'ère du transhumanisme quand certains humains seront augments donc fondamentalement inégaux ?
Le libéralisme devra aussi disparaître devant la nécessité de refaire société. Pour des raisons économiques, énergétiques et autres, nos modes de vie vont devoir évoluer, et la mentalité de l'individu-roi va aussi devoir disparaître. L'être humain est un animal politique. Il organise sa survie collective à travers des institutions politiques ( tribus, cité, royaumes, nations etc...) qui nécessite des individus ayant un certain sens du collectif qui transcende l'intérêt individuel. Trouverons-nous un nouveau modèle de société ? Reviendrons-nous en arrière ? Nous sommes à la fin d'un monde, c'est une opportunité unique qui s'ouvre à notre génération. Qu'en ferons - nous ? Ouvrons le débat
( Le pavé était assez long donc oui, j'ai fait des raccourcis et j'ai certainement oublié des trucs, au lieu de dire bêtement " c'est incomplet " n'hésitez pas à rajouter ce qu'il manque ))"> )
Alors que la France va encore subir de nouvelles réformes pour relancer l'économie (aujourd'hui c'est la SNCF), on entend encore tous les poncifs ordinaires pour les justifier: « La croissance c'est la prospérité » « Il faut renouveler le dialogue social » « Il faut flexibiliser le marché de l'emploi » etc...
Contrairement à ce que des néophytes pourrait croire de prime abord, tous ces arguments sont sujets à débat dans la sphère économique et n'ont rien de faits. Ce sont de purs arguments idéologiques. Et c'est de leur idéologie que l'on va parler maintenant: le libéralisme.
En Occident, on ne raisonne que par degré de libéralisme. Le libéralisme aujourd'hui relève à la dois de la pratique gouvernementale, de la croyance et du modèle de civilisation. Ça ne se résume pas à la flexibilité du marché de l'emploi et au libre-échange. Il y a donc un libéralisme économique, mais aussi un libéralisme politique et un libéralisme sociétal.
La question du libéralisme est dure à traiter car des centaines de courant opposés se réclament du libéralisme. Le terme « libéral » change de sens selon les pays : en France, un libéral sera considéré comme à « droite », alors qu'aux États-Unis, « liberal » est synonyme de « gauchiste » par exemple.
Le libéralisme est condamné aujourd'hui. Pourquoi est-il condamné ? Les derniers courants antilibéraux structurés sont tombés avec l'URSS., laissant le libéralisme seul face à ses propres contradictions, dans un monde qui évolue.
I) La définition du libéralisme
Tout d'abord, il va falloir qu'on s'accorde sur les termes. Pour cela je vais prendre la définition de John Dewey, un philosophe penseur du libéralisme, pour donner la base commune à toutes les formes de libéralisme.
Le libéralisme est un rationalisme, c'est à dire qu'il s'agit d'abord d'une croyance dans l'individu rationnel et dans le pouvoir de la raison dans les choix de l'individu. Pouvoir de la raison qui doit donc être utilisé par des individus présupposés rationnels au service de la liberté de leurs activités.
En économie, cela aboutira à la rationalité de l'agent économique.
D'un point de vue moral, cela donnera naissance au relativisme culturel.
Il s'agit donc d'une pensée individualiste ( puisqu'elle prend pour base l'individu et sa raison) qui postule que la liberté des individus rationnels assure le bon fonctionnement de la société.
Le théoricien le plus célèbre du libéralisme, Adam Smith, pensait que l'égoïsme de chacun menait par la satisfaction de son intérêt propre. Quand Smith nous dit « Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu'ils apportent à la recherche de leur propre intérêt. Nous ne nous en remettons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme. », il a raison, mais il faut en déduire une chose : le libéralisme est un contractualisme, car il estime que que les relations d'échanges entre les gens ne se font que par intérêts réciproques, (et dans la cas du libéralisme, purement individuels ).
Ainsi le libéralisme peut se définir dans la phrase suivante : « Courant de pensées soutenant que l'individualisme et le contractualisme doivent être les fondements du lien social. » et il a donc 2 fondamentaux :
L'individu rationnel devient la valeur suprême : tout est jugé sur la base de l'individu.
Le liens entre ces individus n'est ni politique, ni culturel mais purement contractuel.
II° L'histoire du libéralisme
Le libéralisme est né en France et en Angleterre au XVIIème siècle, deux pays qui ont connu des affrontements religieux violents dans leur histoire, par le refus de voir des gens mourir au nom de différentes conceptions différentes du bien commun, du sens de la vie, qui ne doivent être considérés comme des objets de querelles politique. Ce qu'on appelle la neutralité axiologique. Le libéralisme est une idée pacifiste au départ, où l'on part du principe que l'agressivité naturelle des hommes doit s'exercer à l'intérieur des sociétés autrement que par la violence, dans la compétition par exemple.
Les bases du libéralisme moderne sont posés par John Locke, avec ce qu'il appelle « l'état de droit », sa théorie des droits naturels ( droit à la vie, droit à la liberté, droit à la propriété privée ), la limitation et la séparation des pouvoirs ( qui inspireront la Constitution Américaine ), la liberté de conscience ( la neutralité axiologique abordée plus haut ) ou encore la séparation de l'Église et de l'État. C'est une évolution politique majeure, qu'on peut considérer comme positive car elle rend les citoyens égaux devant la loi, ou encore les protège de la tyrannie mais en même temps, elle a justifié, notamment sa définition sur la propriété, les expropriations des paysans anglais de leurs terres par de riches propriétaires fonciers au XVIIIème siècle.
En effet, quand John Locke définit que la terre appartient à ceux « qui peuvent en donner le rendement », on pense naturellement qu'il parle de ceux qui la travaillent, et donc légitime plus l'appartenance de la terre au paysan qu'au seigneur féodal. Mais cela implique aussi que la légitimité de la propriété est une question de rendement, donc n'importe qui possédant les moyens de rendre un territoire plus rentable est légitime dans son appropriation. Ce sera d'ailleurs une des justifications intellectuelles de l'ère coloniale : l'Afrique appartient aux Européens car ils savent mieux l'exploiter que les Africains. Le libéralisme est d'ailleurs la raison pour laquelle les peuples européens sont les seuls à avoir pensé le fait colonial. Les Ottomans, les Perses, les Mongols, les Arabes ou encore les Espagnols du XVIème siècle ( donc d'avant le libéralisme) aussi ont colonisé, mais ils ne l'ont pas théorisé ou justifié, ils se sont contentés... de coloniser.
Au XIXème siècle, le libéralisme va évoluer en posant les bases de la nouvelle économie néoclassique. La société est désormais considéré comme un tableau rempli de données statistiques, régies par les lois de l'offre et de la demande, ou encore les théories des optimums ( dont la plus connue est l'optimum de Pareto ).
Cette évolution n'est pas qu'économique. L'idée d'optimum fait que chaque individu rationnel effectuant une action par calcul rationnel de ses intérêts individuels effectue également une action morale : le libéralisme étant un rationalisme imposant la neutralité axiologique, toute action rationnelle est par définition morale. On peut critiquer moralement le chef d'entreprise qui choisit de délocaliser sa main d'oeuvre dans un pays où les travailleurs sont moins exploités, mais on ne peut pas le faire d'un point de vue libéral.
Cela va aboutir dans les années 1970-80 à la thèse du libéralisme comportemental de Gary Becker ( prix Nobel d'Économie 1992 ) qui dit que le rapport coût-avantage de l'individu rationnel englobe la totalité de sa vie. Thèse qui expliquera la criminalité par un calcul coût-bénéfice jugé avantageux par le malfaiteur ( qui servira de justification au durcissement de peines par les conservateurs américains, et donc rempliront les prisons), mais également les mariages, les divorces ou encore les enfants, considérés comme « biens de consommation durables » donc toute décision les concernant pouvant être expliqué par un calcul. Pour la petite anecdote, les travaux de Becker sont devenus connus en France grâce à un certain Dominique Strauss-Kahn qui avait déclaré être le meilleur élève de Becker car, je cite : « Ma première femme m'a donné le PS, la seconde m'a donné ma fortune, la troisième m'a donné la presse ». Parfait calcul coût-avantages ! Dommage qu'il ait oublié la retenue avec Nafissatou Diallo.
Dans les années 20, face au marxisme, devenu socialisme d'État en URSS, et au keynésianisme, courant économique crée par Keynes, ancien libéral disciple de Marschall qui changera de courant suite aux premiers écrits de psychanalyse qui l'amèneront à avoir des doutes sur « l'individu rationnel », le libéralisme est en mauvaise posture.
Les économistes autrichiens Ludwig Von Mises et Friedrich Hayek développèrent l'idée que la planification économique engendrait la dictature politique. Cela amorcera une nouvelle mutation avec le colloque Lippmann en 1938, qui sera l'acte de naissance officiel du « néolibéralisme ». L'objectif du colloque était de repenser le libéralisme en trouvant un terrain d'entente et de défense commun face à la volonté des États totalitaires.
Le néolibéralisme consistait à repenser le fonctionnement du marché tout en reprenant les études psychanalytiques des faits économiques. Il partait du principe que l'interaction de petites unités ( les gens) créait une intelligence complexe ( le marché) qui réagit aux pénuries, aux évolutions des goûts et aux progrès technologiques bien mieux que ne pourrait le faire n'importe quelle planificateur humain. Ainsi, la base du néolibéralisme conserve comme présupposé que l'individu rationnel existe, mais que ses préférences, donc les raisons de ses choix, dépendent de multiples facteurs, pris en compte par un « cerveau invisible » tout aussi rationnel, puisque totalement indépendant des inconscients individuels, parce que collectif, et que tout contrôle étatique sur le marché, donc une réduction des libertés économiques, équivaut à un contrôle sur l'intelligence collective des individus, donc une réduction des libertés politiques.
Le communisme étant en voie d'effondrement, le libéralisme va subir ce que toute idéologie subit lorsqu'elle est seule : il va entrer en guerre contre lui-même. Dès les années 80, deux formes de libéralisme vont s'affronter :
Un libéralisme qui a compris, après la commission Pecora, qu'il était plus intelligent de libéraliser les activités économiques tout en maintenant dans un espoir de consommation une partie du prolétariat ( et qui est notamment à l'origine du concept d'État Providence ), car quand l'autorité politique maintient des digues (négociables), on peut sauver la liberté des affaires tout en évitant de payer certaines erreurs. Et qui donc se contentera de faire du lobbying pour tenter de gratter quelques avantages.
Un libéralisme révolutionnaire ( mené notamment par Milton Friedman) qui a compris qu'il fallait prendre l'expérience étatique comme un acquis. En d'autres termes, l'État ne doit pas être exclus de l'économie, il doit la réguler différemment. Pour le courant monétariste par exemple , le rôle de l'État doit se limiter à la lutte contre l'inflation.