Certes, le sujet, ta pensée exprime une sphère de possibilités aprioriques, cependant je n'arrive pas à déterminer dans quelles synthèses le sens de l'alter ego se forme en moi
Personne ici n'arrive à te percevoir en tant que sujet absolu comme je le suis moi-même
As-tu bien pris la peine, non seulement de porter des jugements, mais surtout de les fonder ?
Ton programme phénoménologique manque de radicalité, aussi je dois te demander de t'éclipser dans l'attente d'un vrai projet de philosophie transcendantale
Je te porte des marques d'empathie, néanmoins
En rupture avec les thèses issues du positivisme et de l'empirisme Husserl s'intéresse à la manière dont chaque objet se constitue dans notre regard. Le mode de constitution des essences de choses le conduit dès le début à considérer la possibilité d'une « science éidétique », note Jean-François Lyotard56. Dans la pensée de Husserl, « l'essence n'est pas définie seulement comme « quiddité », ce que la chose est (son quid), mais comme la condition nécessaire de possibilité de certaines déterminations : c'est ce sans quoi tels contenus disparaîtraient. Tout ce qui appartient à l'essence d'un individu, un autre individu peut le posséder » écrit Renaud Babaras57. La notion d'essence est à distinguer de généralités purement inductives telles que lion, chaise, étoile selon les exemples qu'en donne Emmanuel Levinas58.
La véritable connaissance est la connaissance des « essences », c'est-à-dire de ce qui demeure invariant dans les modifications de perspectives que l'esprit a sur les choses. En effet, tout objet a ses déterminations d'après la perspective de la conscience ; l'objet vécu ne sera donc donné en totalité que par la synthèse totale des points de vue. Ainsi, pour décrire la structure des phénomènes, encore faut-il que la conscience perçoive, par l'intuition, ces essences.
Avec la « réduction éidétique », la phénoménologie devient une science des « essences », note Emmanuel Housset59. Ce n'est plus l'expérience seule qui donne la chose même, celle-ci pense Husserl, demande la mise en œuvre de connaissances a priori qui ne sont pas seulement antérieures à l'expérience mais qui sont, comme chez Kant, indépendantes de l'expérience. Cet a priori est ancré dans ce que Husserl appelle une intuition ou, « éidétique » spécifique qui nous met en présence d'essences universelles (par exemple le coq, le nombre deux, l'objet en général), de la même façon que l'intuition sensible nous met en présence d'objets individuels (comme une chose jaune particulière, une paire d'objets particuliers)N 5. « La connaissance a priori n'est plus une connaissance déterminée par son antériorité vi-à-vis de toute connaissance d'objet, mais est une connaissance de l'être même des choses » écrit Emmanuel Housset60. L'intuition de l'essence sera au même titre que l'intuition de l'individu conscience de quelque chose qui est donné en personne dans cette intuition57.
Ainsi conçue, la « science éidétique » est d'abord une « description qui vise à rendre raison de l'essence d'un phénomène à partir de la série des variations dont est susceptible son appréhension »61. Husserl aspire ensuite à construire une science des essences par quoi l'être des choses, et de toutes les choses, nous serait donné. Il découvre « les lois éidétiques qui guident toute connaissance empirique [...] Il distinguera hiérarchiquement et en partant de l'empirique 1/ les essences matérielles (celles de vêtement par exemple) étudiées par des ontologies ou sciences éidétiques matérielles-2/ les essences régionales (objet culturel) coiffant les précédentes- 3/ enfin l'essence d'objet en général »56. Or, l'intuition de l'essence est au même titre que l'intuition de l'individu conscience de quelque chose qui est donné en personne dans cette intuition57.
Jean-François Lyotard62 résume ainsi les conclusions importantes de cette première étape : « À chaque science empirique correspond une science éidétique concernant l'« eidos » régional des objets étudiés par elle, la phénoménologie elle-même est à cette étape définie comme science éidétique de la région conscience ; en d'autres termes dans toutes sciences empiriques de l'homme se trouve impliquée nécessairement une essence de la conscience »
Adieu au langage
Pour être honnête, comme toujours avec Wittgenstein il convient d'avouer que forcément ce qu'il décrit nous dépasse, surtout si comme moi on lit ça "comme ça", sans forcément prendre de notes, juste parce qu'on aime lire Wittgenstein, réfléchir sur le langage, sur sa manière de fonctionner, sur toutes les choses étranges qu'il comporte.
Alors j'ai préféré le cahier bleu au cahier brun car le cahier bleu traite plus de sujet, dans le cahier brun on est dans une démonstration plus mathématique autour du langage et j'avoue que j'ai moins d'idées dont je peux me resservir juste après l'avoir lu comme ça, sans justement faire l'effort d'aller aux renvois qu'il donne et de suivre particulièrement la démonstration (bon faut dire que j'ai ça dans le train).
Et comme toujours avec Wittgenstein ses œuvres postérieures sont plus abouties que ses premières œuvres puisqu'il pousse la réflexion plus loin, il va plus dans le détail, se corrige, c'est l’œuvre d'une vie en somme. Cependant j'aime le côté inabouti du cahier bleu, le fait de parler de sujets bien plus larges et d'être moins dans la rigueur de la démonstration (ce qui ne veut pas dire que je n'ai pas apprécié le cahier brun, loin de là).
Si je devais retenir une chose de ce livre c'est ce que dit Wittgenstein sur le solipsisme, qu'il décrit comme absurde, en effet il compare ça à jouer aux échecs en mettant une couronne sur une pièce sans que ça change le rôle de la pièce, ce qui n'as pas réellement de sens, car si l'on est adepte du solipsisme cela ne change pas notre comportement avec autrui, donc quel intérêt ? Et moi qui aurait pu être tenté par cette philosophie Wittgenstein arrive à l'écarter de manière totalement rationnelle.
J'apprécie beaucoup les questions que peut poser Wittgenstein comme la similitude entre chercher un souvenir et chercher un ami au parc... on utilise dans les deux cas le verbe chercher pourtant les actions ne sont pas les mêmes. Ou bien ce qu'il dire sur le fait d'attendre quelqu'un, si on l'on dit qu'on attend quelqu'un on sous-entend et on peut sous-entendre pas mal de choses puisque l'attente n'est pas un état constant et continue. Quand est-ce-que l'on commence à attendre ? Lorsque l'on attend on fait des choses. J'aime sa manière de relever les imprécisions du langage de la vie de tous les jours.
C'est un livre que je relirai.
Savoir vieillir par Moizi
Je suis assez déçu de ce court texte que je trimballe depuis plusieurs années avec moi sans avoir eu l'occasion de le lire jusqu'à présent.
En fait je suis déçu, car si la pensée de Cicéron diffère un peu d'autres stoïciens plus tardifs que j'ai pu lire, je m'y reconnais surtout beaucoup moins et tout ce qu'il peut dire, je l'ai lu ailleurs... parfois chez Sénèque... mais parfois aussi chez Platon... Et je déteste un peu Platon.
Après, ça reste bien plus tolérable qu'on Platon, même si la négation du plaisir j'ai un peu de mal, tout comme j'ai du mal avec l'immortalité de l'âme.
Le texte reprend les inconvénients présupposés de la vieillesse pour les démonter et montrer que ce n'est pas "pire" que les autres âges. Et si, en général je suis d'accord avec ce qu'il dit, il craque totalement lorsqu'il fait le blâme du plaisir. Certes, j'accorde une grande importance au plaisir intellectuel, mais de là rejeter tout plaisir charnel en disant que ça peut conduire à sa perte et que ça empêche de réfléchir, je dirais qu'en général on ne passe pas son temps à copuler non plus... et que par conséquent ça laisse plein de temps pour réfléchir... pour penser...
Il fait l'éloge de la modération, ce qui me pose déjà moins de problèmes, même si le rejet de la volupté ne me convainc guère.
Après je dois dire que la partie qui m'intéressait le plus, c'était la dernière, celle sur la mort, je l'attendais. Car pour moi, c'est celle là qui est le défaut le plus important de la vieillesse, l'approche inéluctable de la mort, sentir sur son visage que le temps est compté, alors qu'on peut encore inconsciemment se dire lorsqu'on a des traits juvéniles que ce n'est pas pour tout de suite. Alors Cicéron rappelle justement qu'un adolescent peut également mourir et que l'on doit tous mourir et qu'il ne faut pas en avoir peur. Le problème c'est les arguments qu'il avance. Il dit que les grands hommes font de grandes choses pour que leur mémoire puisse survivre, je n'ai pas lu grand chose de Camus, mais bon, nul doute qu'il trouverait ça on ne peut plus absurde.
Et puis ne pas craindre la mort si l'on croit en la vie éternelle, ça me semble logique, mais si comme moi on sait qu'il n'y a rien... ça devient plus compliqué. Alors certes, on enlève toute souffrance, on ne se rend pas compte, nos ennuis sont terminés. Mais quand même, on enlève tout, joie également. Mais je suppose que pour des gens qui suivent les préceptes de Platon sur le fait d'éviter le plaisir, ça ne pose guère de problèmes.
Après tout ce qui concerne le fait que comme un acteur dans une pièce on peut ne pas jouer toute la pièce, mais la jouer bien (comprendre ici mener une vie vertueuse), je trouve ça déjà plus convainquant. Et ceci même si la vertu n'est pas forcément ce que je recherche.
Je retiendrai malgré tout de ce texte un ou deux avantages de la vieillesse, notamment le fait que l'on a toutes les connaissances passées qui se sont accumulées et qu'aimant savoir des choses, accumuler des connaissances, cet aspect de la vieillesse peut me plaire. Mais sans hâte, vivons la vie dans l'ordre.
(et puis Cicéron fait l'éloge du jardin, je ne peux que le rejoindre)
J'ai appris l'existence d'Héraclite, si je me souviens bien, avec le film "Quai d'Orsay" de Tavernier, puisque les Fragments d'Héraclite était le livre de chevet du personnage principal. Et si on excepte quelques divagations plutôt rigolotes de nos jours sur l'astronomie (le soleil qui a la forme d'un bol et une éclipse c'est le bol qui se renverse), ça se tient plutôt pas mal et c'est assez intéressant.
Alors bien sûr on n'a pas la pensée en entier, mais rien que le fait que tout soit en mouvement c'était déjà pas mal.
J'ai lu le bouquin aux éditions Flammarion, pas si mal que ça, où les citations d’Héraclite étaient mises en gras afin de bien pouvoir les distinguer du premier coup d’œil dans l'extrait plus global. Parce que ce bouquin ce n'est que ça, des extraits de textes où l'on fait mention d'Héraclite, parfois c'est réellement succinct, on ne le cite même pas, on dit juste qu'untel et untel, tout comme Héraclite, pensent ça... et c'est tout. Il ne reste vraiment pas grand chose, mais au moins il y a un reste, car que restera-t-il de nous ?
Et puis il y a toutes les citations qui m'ont fait penser à notre monde, c'est plus "politique", mais j'aime beaucoup "les porcs se complaisent plus dans la fange que dans l'eau pure" ou encore "un homme stupide aime à être ébloui par n'importe quel discours". Je me suis donc dit que pour toutes les situations il y avait une citation d'Héraclite qui convenait. C'est-à-dire qu'outre la dimension historique il est toujours capable de faire réfléchir sur le monde qui nous entoure et ça c'est plutôt mal.
Sinon un autre truc qui m'a un peu fait sourire, c'est à quel point "Clément" (que je ne connaissais pas), cherche absolument à justifier sa foi à base de citation d'Héraclite.
Bref, c'est court, un peu cryptique par moments, mais ça reste plein de vérité, notamment une que je trouve limite terrifiante où il dit que la foudre gouverne toutes choses, que ce feu est intelligent, qu'il est la cause de l'ordonnancement du tout, qu'il appelle besoin et satiété, que la mise en ordre du monde est une besoin et que l'embrasement est la satiété, c'est-à-dire que le feu, en survenant, jugera et s'emparera de toutes choses.