le témoignage de Louis, l’aîné de la famille, 6 ans au moment des faits. Certes, il a « évolué et varié » et doit être « relativisé » compte tenu de l’âge de l’enfant, admettent-ils, « mais il ne peut pas non plus être écarté purement et simplement ». Louis décrit ainsi une scène de bagarre entre ses parents qui se serait déroulée dans le séjour, aux alentours de 23 heures, et rapporte des propos qu’aurait tenus son père (« Alors on va se séparer ») et sa mère (« Arrête-toi »).
Un élément, matériel celui-là, accrédite la survenue d’une bagarre entre les époux Jubillar. La paire de lunettes que portait Delphine juste avant sa disparition a été retrouvée « en plusieurs morceaux » dans un état tel qu’elle ne pouvait plus être portée. Contesté par Cédric Jubillar, cet affrontement n’est « nullement invraisemblable », estiment ainsi les magistrats de la chambre de l’instruction. Il pourrait avoir eu lieu juste après que le mari a intercepté un message envoyé par sa femme à son amant.
Deux détails, non retenus dans l’OMA, retiennent aussi l’attention des magistrats. Le 16 décembre 2020, soit quelques heures après la disparition de Delphine Jubillar, un médecin-légiste de Castres observe attentivement le corps de Cédric. Il relève une lésion épidermique de 10 cm sur le bras droit et une érosion cutanée au dos. « Ce point est peu documenté et compte tenu du temps passé, il ne pourra plus l’être précisément mais la présence de lésions peut correspondre à une empoignade », signalent-ils.
Au cours de cette nuit du 15 au 16 décembre 2020, un autre indice laisse à penser qu’il s’est passé quelque chose d’inhabituel au domicile des Jubillar. Selon le témoignage considéré comme « précis » d’un voisin, le sens de stationnement de la voiture de Delphine, une Peugeot 207, aurait changé entre le début de la soirée (capot vers le haut de la rue, conformément à ses habitudes) et la fin de nuit (capot vers le bas de la rue). Cet élément accrédite l’idée d’un déplacement nocturne que Cédric Jubillar conteste avoir effectué. Ce dernier est aussi le seul à contester le caractère habituel du sens de stationnement de la voiture de sa femme (capot vers le haut). Mais les magistrats de la cour d’appel admettent aussi que l’information judiciaire n’a pu établir à quelle heure le véhicule aurait pu bouger et où il aurait pu se rendre dans la nuit, « ce dernier n’étant pas équipé d’un GPS ».
Un autre élément discordant lié à l’usage de son téléphone est souligné. Cédric Jubillar, ouvrier peintre de 33 ans au moment des faits, passait le plus clair de son temps avec son appareil allumé, toujours à portée de main. Or, il prétend l’avoir mis en mode avion entre 22h08 et 3h53 la nuit de la disparition de sa femme. Mais ceci est contredit par une expertise qui établit que le téléphone était en réalité hors tension au cours de cette nuit. Pourquoi aurait-il menti à ce sujet ?
Au même moment, Cédric Jubillar multiplie les menaces de mort indirectes qu’il profère à l’encontre de son épouse auprès de trois personnes différentes entre août et décembre.
