Le 09 octobre 2022 à 20:51:23 :
Ce sont que des instruments virtuels ?
Tu as tout fait en un jour et demi ?? Comment c'est possible ?
Et comment travailles-tu ? Avec quel logiciel ? J'aimerais bien essayer, et je me demande s'il y a des logiciels qui proposent un cadre, quelque chose qui permet de réaliser ça.
Que des instrus virtuels pour ça, en effet.
Je ne peux pas t'expliquer de manière pertinente. Je suis comme ça dans tout ce que je crée. J'écris des romans en moins d'un mois, je compose des fugues en une heure et demi, et des pièces orchestrales en un jour ou deux. Je ne fais pas exprès, je n'ai connu que ça.
J'ai appris la musique à partir de onze ans, bien sûr. Et il a bien fallu que j'apprenne les outils de MAO. Mais je pense qu'il y a quelque chose d'instinctif dans mon rapport à la musique. J'y ai greffé un savoir précis et une culture nécessaire à ce travail.
En alliant les deux, on en y associant une méthodologie efficace, on parvient à créer très vite. Les idées qui fusent s'assemblent naturellement parce qu'on connaît le langage, on sait ce qu'on fait. Je sais qu'une fugue comporte un sujet, un contre-sujet qui démarre quand le sujet est rejoué au Vème degré. Pour le reste, chacune des voix doit rentrer pour passer au développement.
Après, le sujet est rejoué au ton relatif, puis au IVème degré. Dans le contrepoint traditionnel, on évite les phrases mélodiques et rythmiques qui suivent la même ligne, au risque d'associer instinctivement deux voix en une seule, par exemple. Personnellement, je ne m'en prive pas quand je trouve que ça s'y prête. La musique est surtout affaire de sensation, et pas tellement d'académisme.
Mais il faut connaître les règles pour mieux s'en servir. C'est pareil en narration, quand on crée une histoire. Il y a les idées, puis les connaissances sur son art. Et on associe tout ça de sorte à délivrer quelque chose qui est à la fois fidèle à notre pensée, et le plus limpide possible.
J'utilise Reaper Tools pour la création, et Pro Tools pour le mixage final.
Pour les VSTs, la plupart sont payantes. Si tu te les procures autrement, grand bien te fasse, mais fais attention. Si tu commercialises tes œuvres, vaut mieux être réglo là-dessus.
Du point de vue de la démarche créative, elle varie selon le type de musique. Néanmoins, je conserve une certaine culture du contrepoint (ce qui s'entend aisément dans mes fugues et la symphonie). J'aime assembler des mélodies indépendantes de sorte qu'elles se flattent mutuellement.
On a l'impression d'un rendu global homogène, mais si on écoute dans le détail, chaque instrument n'en fait qu'à sa tête, tout en ajoutant aux autres.
L'œuvre est à la fois très instinctive, et très pensée. Le thème de la fugue, introduit dans la troisième partie de la symphonie, est repris par la suite à différents moments, même à la fin de la valse. Le thème de la valse s'y ajoute aussi, en mineur pour s'ajouter à celui de la fugue.
La fin est un écho au début, comme une sorte d'épanadiplose musicale.
En fait, mon meilleur conseil, c'est de créer et de te nourrir de ce qui existe. N'aie pas peur du plagiat au début, tout en restant critique dessus. L'inspiration n'est jamais que la multiplication et la reconfiguration du plagiat, en un sens. On ne crée qu'à partir de ce qu'on a à disposition.
C'est la reconfiguration qui donne l'originalité d'une œuvre.
On arrive à un résultat en produisant d'abord un maximum de merde, il faut avouer. Mais c'est parce qu'on s'autorise à passer par là qu'on progresse. Et un jour, on finit par être fier de ce qu'on fait, parce qu'on s'est donné les moyens pour obtenir ce résultat précis.
Avec l'habitude, la pratique, les idées s'adapteront aussi. Elles se présenteront à toi déjà abouties, précises, propres. Ce ne sera plus un fouillis, mais une ligne très claire, évidente.
En tout cas, c'est ce qu'il s'est passé pour moi.
Je t'ai fait un sacré pavé mais il me paraît important d'encourager la démarche créative. Qui sait ce que tu vas nous produire demain !
