Alors je vais vous raconter mon histoire mais sachez que je n'en suis pas fier et que j'ai suivi une thérapie pendant près de 12 ans à cause de ça. (mdr non je rigole)
Mais sérieusement j'en suis pas fier et ça risque de choquer/écoeurer/signal gouv' les plus fragiles d'entre vous.
Donc quand j'étais petit j'habitais dans une zone assez boisée et un beau soir d'été, alors que je jouais tranquillement dans mon jardin, je vis un hérisson. Au début, ma connerie de jeune aidant, je crus que c'était un genre de crotte d'animal ou de motte de terre. Mais en me rapprochant j'ai pu distingué les épines, le museau, etc. bref, tout élément caractéristique qui faisait que ce n'était forcément pas une crotte quoi.
Résolument fier de ma découverte, je le cacha dans une boite à chaussures de ma mère et je n'en fis mot à mes parents de peur qu'ils m'ordonnent de le relâcher. A mes yeux, c'était MON animal, mon pote quoi. J'allais chercher deux ou trois morceaux de coton ici et là pour tenter de le faire se sentir bien dans sa nouvelle demeure, et des brins d'herbe pour qu'il puisse manger. (je n'avais aucune idée de ce que pouvais manger un hérisson, je me souviens avoir hésité avec du jambon mais ça me semblait être une mauvaise idée)
Quoiqu'il en soit, la nuit arriva et par conséquent l'heure de me coucher. L'heure de NOUS coucher, mon nouveau compagnon et moi. Ma mère vient me trouver dans ma chambre, m'embrasse tendrement et me souhaite la bonne nuit, sans se douter qu'un nouvel habitant est caché sous mon lit.
Une fois seul dans ma chambre, avec pour seule lumière le berceau blanchâtre de la pleine lune, je tâte sous le lit pour attraper la boite de chaussures. Je l'ouvre, et je vois ce petit hérisson tout fragile, recroquevillé dans un coin de la boîte, les brins d'herbe intactes. Plutôt déçu, je referme la boîte et la au pied de mon lit.
Le sommeil ne tarde pas à me gagner et c'est ainsi que mon âme d'enfant s'envole pour le royaume des rêves.
3h du matin. Je me réveille péniblement, j'entends des bruits inquiétants. Il m'a pris, au bas mot, une dizaine de secondes pour comprendre que ce raffut venait de la boîte à chaussures. Ca grattait inlassablement, ça couinait. C'était insupportable, et à ce stade j'étais bien trop effrayé pour ouvrir la boîte et encourir le risque que la bestiole, que je pensais être mon ami, me saute dessus avec toute sa rage et sa férocité.
Instinct sadique ou simple bêtise enfantine, je ne saurais le dire même encore aujourd'hui, mais je pris la boîte fermement entre mes deux mains et je la secoua si fort que je pensais qu'elle allait se trouer et que l'hérisson allait se retrouver propulser à l'autre bout de ma chambre.
Rien n'y fit, ça grattait toujours. Encore, et toujours. Maintenant que j'étais pleinement éveillé et plutôt terrifié à l'idée que mes parents découvrent l'origine du raffut, je pris l'initiative de retourner dans mon jardin et de relâcher une bonne fois pour toute celui qui fut jadis mon ami.
Là encore, après avoir ouvert la boîte, instinct psychopathe ou curiosité scientifique, le voir en recroquevillé sur lui-même en boule me fit me demander "et si je tirais dedans ?". Un peu à la manière d'une balle de foot.
J'allais enfiler mes plus belles chaussures et ni une ni deux, l'hérisson parcourait déjà le ciel nocturne et s'envolait vers de meilleurs horizons. J'eus beau tendre l'oreille, je n'entendis aucun bruit de chute.
Ce jour-là, j'allais me recoucher en toute quiétude sans penser une seule seconde que ce que je venais de faire était simplement ignoble.
A l'heure d'aujourd'hui encore, je ne sais toujours pas si cette petite bête trouva la mort ce terrible soir. Mais là n'est pas la question, car ce que j'ai fait est pire. J'ai torturé plus faible que moi, j'ai torturé une bête sans défense qui ne m'avait rien demandé, et surtout rien fait. J'ai torturé pour en tirer simplement aucun plaisir, si ce n'est l'idée utopique que je ne pourrais avoir, ne serait-ce qu'un soir, un seul ami.
C'était mon histoire, mon aveu, ma terrible confession. Ne me jugez pas, mais ne me pardonnez pas pour autant.
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