Témoignage de Ch. CAUTAIN, soldat au 95e R.I. :
" Brochard court dans la tranchée, soutenant de sa main valide son bras à moitié déchiqueté. Le sang coule comme l'eau d'un robinet. Il va, sans un mot, sans une plainte. Aura-t-il la force d'aller au poste de secours ? où est-il d'ailleurs, ce poste de secours ? Personne ne le sait. "
Le 01 juillet 2019 à 20:33:53 Ampelomeryx a écrit :
Juin 1916, prise du fort de Vaux par les Allemands. Témoignage du soldat Jules SERGENT :" En ces terribles jours de juin, l'artillerie ennemie répondait coup pour coup à la nôtre et envoyait des 210, comme nous nous envoyons des 75. Ce fut le plus formidable duel d'artillerie que j'ai pu voir.
Partout, il y avait des blessés, des morts, des morceaux de chair humaine épars. Nous n'avions jamais rien vu de pareil. Un capitaine de chasseurs qui était devenu fou dans cet enfer cherchait la moindre petite touffe d'herbe qu'il pouvait découvrir pour la peigner avec un peigne de poche qu'il avait sur lui. "
La triste réalité du champs de bataille ... Certains destins sont pires que la mort
Le 01 juillet 2019 à 20:29:01 OnePlus7 a écrit :
Putain le mec au cerveau ouverthttps://image.noelshack.com/fichiers/2017/39/3/1506463227-risitaspeur.png La compagnie enterrée vivante
https://image.noelshack.com/fichiers/2017/39/3/1506463227-risitaspeur.png Le gamin Allemand
https://image.noelshack.com/fichiers/2017/39/3/1506463227-risitaspeur.png Je suis mal
https://image.noelshack.com/fichiers/2017/39/3/1506463227-risitaspeur.png
C'est important de se rendre compte de toutes ces horreurs. Personne n'est mieux placé pour nous raconter ces histoires que les vétérans
Témoignage du lieutenant GUENEAU du 20/2 Génie :
" La relève, la relève ! Oh ! comme il fait bon vivre ! Les fantassins que nous croisons et qui quittent eux aussi les tranchées sont affreux à voir avec leur carapace de boue. Comme la gloire est fangeuse !
L'un d'eux, d'un faux bond, s'étale, chargé, dans un fossé plein de boue gluante où il disparaît presque ; il se relève, riant, gesticulant, pas plus sale qu'avant d'ailleurs. Il s'en fout, c'est la relève ! "
Journée du 6 juin 1916, bataille du fort de Vaux. Témoignage du lieutenant BENECH du 321e R.I. :
" 6 juin 1916. Nous arrivons au tunnel. Serons-nous donc condamnés à vivre là ? Je préfère la lutte à l'air libre, l'étreinte de la mort en terrain découvert. Dehors, on risque une balle ; ici, on risque la folie.
Une pile de sacs à terre monte jusqu'à la voûte et ferme notre refuge. Dehors, c'est l'orage dans la nuit et le martèlement continu d'obus de tous calibres. Au-dessus de nous, sous la voûte qui sonne, quelques lampes électriques sales, jettent une clarté douteuse, et des essaims de mouches dansent une sarabande tout autour. Engourdies et irritantes, elles assaillent notre épiderme et ne partent même pas sous la menace d'un revers de main. Les visages sont moites, l'air tiède est écœurant.
Couchés sur le sable boueux, sur le rail, les yeux à la voûte ou face contre terre, roulés en boule, des hommes hébétés qui attendent, qui dorment, qui ronflent, qui rêvent, qui ne bougent même pas lorsqu'un camarade leur écrase un pied.
Par place, un ruissellement s'étend ! de l'eau ou de l'urine ? Une odeur forte, animale, où percent des relents de salpêtre et d'éther, de soufre et de chlore, une odeur de déjections et de cadavres, de sueur et d'humanité sale, prend à la gorge et soulève le cœur. Tout aliment devient impossible ; seule l'eau de café du bidon, tiède, mousseuse, calme un peu la fièvre qui nous anime. "
Le 01 juillet 2019 à 18:26:09 Jurmorok a écrit :
Même les films arrivent pas à nous faire vivre ce qu’ils ont vécu, à retranscrire ce qu’ils ont écrit...
Plus je lis ces récits plus je me dit qu'ils pourraient servir de base à un bon nombre de scènes traumatisantes si un long métrage sur Verdun voyait le jour un de ces quatre
J'ai du déserter le topic, je suis a l'extérieur sur mobile là désolé c'est compliqué d'alimenter
Continuez de poster des récits je les lirai
23 juin 1916. Témoignage du canonnier servant FOURMOND, 115e batterie, 44e R.A.C. :
" Je me dois de signaler l'héroïsme d'un soldat du 359e R.I. qui, blessé lui-même, transporta sur son dos, des hauteur de Thiaumont à la route de Verdun à Bras, c'est-à-dire sur un parcours de plusieurs kilomètres, un camarade affreusement mutilé, en traversant des tirs de barrage de pièces lourdes sans jamais s'arrêter. Ils perdaient tellement de sang, l'un et l'autre, qu'on les eut dits vêtus de capotes écarlates ; ils passèrent près de nous et le porteur avait une expression empreinte d'une énergie tellement farouche que son visage en était effrayant. "
Journée du 8 juillet 1916, lutte autour de l'ouvrage de Thiaumont. Témoignage de Jean LOU DE LAS BORJAS, sergent au 7e R.I. :
" Nous arrivons à la casemate B du fort de Souville. C'est un abri voûté fait en pierre solide et possédant au-dessus une couche de terre de 5 à 6 mètres d'épaisseur. Là, étaient des malheureux gravement blessés, agonisant même et qui, depuis plus de 6 jours, attendaient leur transport à l'ambulance. Ils n'avaient rien à manger et souffraient terriblement de leurs membres hachés. Ils mouraient tous les uns après les autres. C'était pitoyable de voir ces braves et d'entendre leurs supplications, et cependant, nous ne pouvions les secourir, si ce n'est en leur donnant à manger et surtout à boire. "
Témoignage de Maurice BRASSARD, soldat au 56e B.C.P. :
" L'abri est archi bondé de blessés. L'un d'eux, blessé au crâne, ne peut supporter aucun pansement ; il est dans le coma et enlève ses pansements, au fur et à mesure.
Parfois même, il s'arrache les cheveux et la cervelle et jette cela sur ceux qui l'entourent !… Quel spectacle !… Quand il secoue la tête, sa cervelle jaillit hors de sa boite crânienne. "
Témoignage du caporal René NAEGELEN :
" Le pauvre gars que je portais était plus grand que moi, sautant d'un trou d'obus dans un autre, je sentais les craquements que faisaient ses os dans nos chutes. Il souffrait terriblement, mais le mot d'ordre était : " si tu cries, nous sommes foutus ", le pauvre mordait dans le col de ma capote pour ne pas crier. Les bouts de molletière, la chair, les os ne font plus qu'une bouillie saignante, on lui cache l'affreuse blessure, il est calme et parle d'une voix faible : " je suis salement arrangé ", on lui fait boire un peu d'eau-de-vie, on lui passe une cigarette, d'où il tire quelques bouffés qu'il laisse glisser, indifférent.
Il demeure étendu, contemplant avec stupeur ses membres broyés, les yeux grands ouverts sur l'infini glacé, c'est fini. "
Pour les petits rigolos, une capote c'est un manteau
Témoignage du Docteur Léon BAROS, aide-major au 217e R.I. :
" Les premiers blessés sont apportés et il en arrive de toute part. Tout est occupé jusqu'aux moindres recoins. C'est l'engouffrement par toutes les ouvertures de ces pauvres poilus qui tombent dans nos bras, hébétés, hagards, les yeux figés par l'horreur qu'ils ont vue et les traits contractés par la souffrance surhumaine qu'ils éprouvent.
L'un, entre autres, est dans un état pitoyable de prostration et d'anéantissement. Sentant l'urine et les matières fécales, et dégageant une odeur de cadavre. Ce pauvre diable, blessé par des éclats d'obus qui lui ont broyé la cuisse est resté pendant deux jours à moitié enfoui dans le trou que l'obus meurtrier avait creusé, contre le cadavre d'un de ses camarades, tué à côté de lui.
J'ai vu l'un des soldats couvert d'une telle quantité de poux, que les différentes parties des pansements en étaient envahies jusqu'aux plaies.
C'est une vraie boucherie pleine de sang et de râles. Près d'une bougie, l'aumônier, les mains pleines de sang, n'arrête pas de panser les blessures.
Je dors debout, du moins je somnole, je vis comme un automate. Mon blessé pousse des cris horribles et d'autres encore, hurlent comme des forcenés. Les cris de souffrance nous masquent une canonnade formidable. "
Journée du 15 mars 1916, attaque allemande sur la rive gauche. Témoignage du soldat E. BARRIAU :
"Nous montons au bois de la Caillette. Détail poignant, je ne serais pas capable de dire quelle unité nous avons relevée, car je n'ai vu d'hommes vivants que ceux de ma compagnie. C'est à Verdun qu'on relève les morts. "
Témoignage de l'aide-major Emile POITEAU :
Nouveau brouhaha vers l'entrée.
C'est un blessé, la poitrine percée de balles comme un écumoire, et qui vomit le sang à flots. Pansements, piqûres de morfines et d'éther. On l'emporte.
Alors, avec des yeux effrayant, en passant devant le major :
- Est-ce que j'en reviendrai ? Pensez-vous ?
- Mais bien sûr, mon petit, que tu en reviendras ! On ne meurt par pour avoir crachés du sang !…
C'est assurément un mensonge en ce cas. Mais c'est un aumône aussi…
En entendant ça, le petit blessé fait : Ah ! et son œil lance un éclair de joie : Alors, je les reverrai ?
Et vite, il explique :
- C'est que, voyer-vous, j'ai deux petits enfants… Deux et quatre ans… Et ma femme est morte… Il faut que je vive pour eux !…
Touché jusqu'aux larmes, estimant qu'il devait mentir carrément, le médecin affirme :
- Mais bien sûr, bien sûr, que tu les reverras ! je n'ai jamais vu mourir pour un cas pareil… Ainsi, tu vois que tu peux être tranquille !…
Alors le moribond tend au major sa pauvre main déjà pâle comme la main d'un cadavre. Et, comme on l'emporte vers les autos, le médecin reste là, ému, suivant des yeux le brancard qui s'éloigne.
Un blessé dit :
- C'est triste, hein ! M'sieu l'major ?
Et celui-ci répond en branlant la tête :
- Ah ! c'est que j'en ai deux comme lui, moi aussi…"
Témoignage de R.P. CADET, soldat au 51e D.I. :
" Près de moi, un sergent souffre d'une façon atroce… il a été blessé à la tête et il croit avoir les pieds gelés ; la douleur le fait pleurer. Plus loin, des larmes encore ; un soldat allemand, en délire, appelle sa mère ; il crie, il crie fort, des sanglots se mêlent à ses cris. Il ne se souvient plus que de sa mère ; tout le reste du monde n'existe plus pour lui. "
Témoignage de X. :
" Notre poste de secours regorge de blessés. Nous faisons des pansements sans discontinuer et nous disons par signes ce que nous avons à dire : impossible de placer un mot ; on ne peut même pas s'entendre. Je soigne ceux qui sont étendus sur leur brancard, devant le poste de secours devenu beaucoup trop petit pour les recevoir tous. Un malheureux à qui j'essaie de garrotter la fémorale est blessé d'un éclat profond dans la poitrine pendant que je le panse. Un tout jeune caporal m'arrive, tout seul, avec les deux mains arrachées au ras des poignets. Il regarde ses deux moignons rouges et horribles avec des yeux exorbités. Je tâche de trouver un mot qui le console et lui crie : "Que fais-tu dans le civil ? "j'ai alors la réponse navrante qui me serre le cœur et m'empêche de rien ajouter : "Sculpteur", dit-il ! "