Poire ne comprenait pas pourquoi les filles aiment les salauds. Lui, c’était un mec bien, jamais il n’aurait trompé Cerise. Elle ne se rendaient pas compte de qui il était vraiment, ou peut-être aimaient-elles souffrir? N’importe comment, Poire était toujours seul, et devenait de plus en plus aigri au fil du temps. Allaient-elles enfin le remarquer? Allaient-elles enfin voir l’évidence, comprendre qu’il était un mec bien, qu’il avait tout à leur apporter? Tomberaient-elles enfin dans ses bras, émues par tant de gentillesse et d’attention?
Non, toujours pas. Poire finit par se dire que les filles aiment les salauds. Lui, il est trop gentil, c’est clair. Il se fait avoir, encore et encore. Tant de gentillesse, et elles en profitent, les garces… Mais pourtant, il continue d’être gentil. Il est comme ça, Poire, il a du coeur, il est toujours là pour les autres, et il continue d’espérer qu’un jour, sa gentillesse légendaire portera ses fruits.
Je vais vous raconter une histoire que vous connaissez déjà. Comme vous la connaissez déjà, pour la rendre un peu plus intéressante, et aussi parce que j’ai faim, les protagoniste auront des noms de fruits.
Il était une fois un garçon qui s’appelait Poire.
Poire fréquentait des filles. On lui avait appris qu’il fallait être gentil avec les filles, et Poire était de toutes façons quelqu’un de gentil. Il n’y avait pas besoin de le lui dire deux fois. Il était donc gentil.
Le voisin de Poire s’appelait Melon. Melon n’était pas gentil du tout, lui. Il faisait pleurer les filles et elles allaient se faire consoler par Poire. Celui-ci, bien sur, désapprouvait fort sa conduite. Lui, Poire, c’était un mec bien. Il respectait les filles, il les écoutait, il blaguait avec elles, bref, c’était leur ami.
Et pourtant, Poire enviait un peu Melon. Il ne comprenait pas. Il avait beau être gentil, serviable, agréable et tout, il restait désespérément célibataire.