Les masseuses des salons de Tours (Indre-et-Loire) doivent régulièrement supporter les demandes de clients qui s’imaginent pouvoir réclamer du sexe tarifé lors des séances.
Lorsqu’ils se présentent à l’accueil, c’est souvent la même routine. « Ils font les cent pas devant la vitrine puis demandent : “Vous faites quel type de massage ? Des massages naturistes ? La finition ?” »
Dans la majorité des cas, la simple présence du patron, un homme, suffit à les faire décamper. Parfois, cependant, certains parviennent à filtrer à travers leur vigilance. Veena, une Thaïlandaise arrivée en France en 2005, est masseuse depuis trois ans dans ce salon. Tous les deux mois, elle répète à des clients insistants : « Non, on ne fait pas de finitions, ici. » Dans de rares cas, ils n’hésitent pas à devenir physiques : « Un m’a pris les mains et m’a demandé de le faire », raconte-t-elle sur le ton de l’anecdote.
Des faits rares, mais pas isolés. Océane, 23 ans, masseuse depuis trois ans, a déjà subi des agressions de ce genre. « On travaille en tong et un client m’a attrapé et embrassé les pieds. »
Le salon où elle travaille est plus petit et plus isolé. Là-bas, les demandes sont « quotidiennes », explique-t-elle. « C’est décourageant et frustrant qu’on sexualise, comme ça, le massage. » Pour se protéger, chaque salon a sa méthode. Ici, les masseuses ne travaillent jamais seules. Il y a aussi un bouton d’urgence pour contacter les autorités. Dans l'établissement où Veena masse, le moindre écart de comportement d’un client lui vaut d’être mis à la porte du salon.