DemiCelestin
2024-11-18 18:03:18
https://www.ladepeche.fr/2024/06/28/le-boy-sober-quand-des-femmes-decident-de-se-sevrer-des-hommes-12048804.php
Se sevrer des hommes, comme on se sèvre de l’alcool ou du tabac. C’est le nouveau mantra de femmes issues de la génération Z qui ont décidé de devenir "boy sober", de mettre de côté les relations amoureuses. Fini les rencards, les applis de rencontres, les histoires sans lendemain, au moins pour un temps. Le but de cette détox masculine ? Se retrouver, se concentrer sur son épanouissement personnel et sa santé mentale.
Ce mouvement de "boy sober" a été popularisé sur TikTok par Hope Woodward. Cette comédienne et humoriste basée à New York a décidé de s’abstenir de toute relation amoureuse avec les hommes en 2024. "Toute ma vie, j'ai dit 'Je suis célibataire, je suis célibataire, je suis célibataire'. Non, je n'ai jamais été célibataire, j'ai toujours eu une situation. On n'est pas célibataire si quelqu'un occupe votre espace cérébral", déclare-t-elle dans une vidéo publiée sur son TikTok. Pour tenir son objectif, Hope Woodward a établi des règles, parmi lesquelles "pas d'applications de rencontres, pas de rendez-vous, pas d'ex, pas de 'situationship' et pas de câlins ni de bisous".
La New-yorkaise n’est pas un cas isolé. Sur TikTok, plusieurs femmes témoignent, comme elle, de leur envie de "boy sober". Selon elles, ce sevrage offrirait plus de liberté, permettrait de se recentrer sur soi-même, son épanouissement, son bien-être. En retirant les complications sentimentales de leur quotidien, ces femmes espèrent également améliorer leur santé mentale.
Cette mouvance coïncide avec un recul notable de l'utilisation des applications de rencontre. Match Group, propriétaire de Tinder (leader mondial de l’appli de rencontre) a enregistré une baisse de 8% de ses abonnés payants en 2023. Cette tendance à la baisse touche aussi ses concurrents comme Bumble, Grindr ou Hinge, reflétant une lassitude croissante envers les rendez-vous virtuels souvent superficiels. La journaliste Judith Duportail, auteure de l’ouvrage "Dating Fatigue" (Ed. de l’Observatoire), critique dans une interview pour 20 minutes le parcours automatisé des rencontres en ligne qui, selon elle, "gomment l'ambivalence, la finesse et l'ambiguïté, qui créent la beauté de la rencontre".
C’est exactement le reproche formulé par Stacy, 21 ans, qui a décidé d’arrêter les applications de rencontre en raison d’une absence de profondeur et d’authenticité. "Il n'y a que des plans d'un soir. Je n’y vois pas mon intérêt", confie-t-elle à ETX Majelan. Mais elle n'a pas attendu le Boy Sober pour avoir le déclic. Depuis deux ans, la jeune femme a décidé de s'abstenir de relations pour se concentrer sur son développement personnel. "Je souhaite me trouver, m'aimer davantage, avant de m'engager dans une relation amoureuse". Douceline, 21 ans, a mis fin à une relation amoureuse pour pouvoir prendre soin d'elle-même. "Toute ma vie je me suis occupée des autres sans penser à moi. Je me devais ce moment", déclare-t-elle à ETX Majelan. "Je sors quand j’en ai envie, je peux voyager avec mes amis, profiter pleinement de la vie", affirme Stacy. Selon les jeunes femmes, le célibat leur permet de se concentrer sur leurs passions personnelles, leurs loisirs sans les complications d’une relation. "Être en couple, c’est devoir réfléchir à chacune de tes actions, et comment elles seront perçues par ton partenaire. Tu dois penser à tout ce que tu peux faire et ne pas faire, à ce que tes actions peuvent causer", analyse Douceline.
Natasha Silverman, conseillère relationnelle chez Relate sollicitée par Cosmopolitan, reconnaît que l'épuisement relationnel peut être le signe qu'une pause s'impose : "Concentrez-vous sur ce que vous aimez faire et sur les personnes qui comptent dans votre vie". Selon elle, les gens ont souvent recours "aux fréquentations et au sexe de manière compulsive, ou pour engourdir des sentiments négatifs ou une faible estime de soi". Elle souligne que ces tendances sont généralement le signe "qu'il est temps de se concentrer sur soi et sur la façon de prendre soin de soi".
Le choix de l’abstinence relationnelle n’est pas pour autant exempt de préjugés. Lyria, qui a choisi le célibat depuis un an pour se concentrer sur sa carrière professionnelle, remarque une vision négative du célibat chez les femmes. "Lorsque une femme est célibataire, la société tente souvent de deviner les raisons, suggérant qu’elle a un problème mental ou qu'elle est instable", confie-t-elle à ETX Majelan.
En effet, les femmes célibataires font souvent face à des stéréotypes négatifs. C'est en tout cas ce que rapporte une étude américaine parue l'année dernière dans la revue Personality and Social Psychology Bulletin sur les stéréotypes qui pèsent sur les femmes et les hommes célibataires. "Les femmes célibataires sont plus discriminées que les hommes célibataires", concluent les auteurs de cette étude. Même si elles sont perçues, par les hommes et d’autres femmes, comme amusantes, sociales ou épanouies, les célibataires féminines sont également vues comme frigides, exigeantes, amères et difficiles.
Selon Lyria, le célibat des femmes devrait être banalisé, et non marginalisé. "Nous ne sommes pas toutes ces étiquettes rabaissantes. La société oublie que nous sommes des êtres à part entière". Néanmoins, Stacy, Douceline et Lyria ne se ferment pas à l’idée d’être en couple un jour. Mais cela n'est pas leur priorité absolue.