L'idée de base est d'éliminer le rôle fondamental des mesures dans la MQ, et d'étudier à la place les histoires quantiques (=définies comme des séquences d'événements représentées par des opérateurs de projection ordonnés dans le temps), auxquelles on attribue des proba.
L''objet, le but de la physique quantique serait donc d’évaluer les probabilités de certaines séquences; de prédire les probabilités de différentes histoires alternatives.
Ces probabilités sont évaluées à partir d’une intégrale de chemins portant sur toutes les histoires envisageables impliquant le système considéré ainsi que le reste de l’univers. Pour que l’on puisse attribuer des probabilités aux séquences d’événements considérées, il faut que l’intégrale de chemins soit faite avec un grain suffisamment grossier pour que l’intégration sur toutes les histoires et variables auxquelles on ne s’intéresse pas détruise, avec une précision suffisante, les interférences qui ruineraient les axiomes de la théorie classique des probabilités (comme par exemple l’attribution de probabilités additives à des événements indépendants).
Ainsi, la théorie est basée sur un critère de consistance qui permet alors à l'histoire d'un système d'être décrite tel que les probabilités de chaque histoire obéissent aux règles de la probabilité classique bien qu'elles soient consistantes avec l'équation de Schrödinger.
L'approche a été initialement motivée par la cosmologie quantique, c'est-à-dire l'étude de l'évolution de l'univers entier, qui, par définition, représente un système fermé. Par conséquent, aucun observateur externe (qui est, par exemple, un élément indispensable de l'interprétation de Copenhague) ne peut être invoqué.
Partisans : Murray Gell-Mann, James Hartle, Roland Omnes, Robert B. Griffiths, Wojciech Zurek.
Une interprétation mi-ontique, mi-épsitemique qui écarte les notions d'état absolu d'un système, les valeurs absolues de ses quantités physiques ou les événements absolus. Le contenu physique de la mécanique quantique est compris comme exprimant le réseau de relations connectant tous les systèmes physiques différents.
En particulier, le point central de la mécanique quantique relationnelle est qu'il n'y a aucun sens à dire qu'un certain événement quantique s'est produit ou qu'une variable du système S a pris la valeur q : plutôt il y a du sens à dire que l'événement q s'est produit ou que la variable a pris la valeur q pour O ou par rapport à O. La contradiction apparente entre les deux affirmations qu'une variable a ou n'a pas de valeur est résolue en indiçant les affirmations avec les différents systèmes avec lesquels le système en question interagit. Si nous observons un électron à une certaine position, nous ne pouvons pas en conclure que l'électron est là : nous pouvons seulement en conclure que l'électron tel que vu par nous est là. Les événements quantiques se produisent seulement en interaction entre systèmes et le fait qu'un événement quantique s'est produit est seulement vrai par rapport aux systèmes impliqués dans l'interaction. La considération unique de l'état du monde de la théorie classique est donc fracturée en une multiplicité de considérations, une pour chaque système physique "observateur" possible. Avec les mots de Rovelli : "la mécanique quantique est une théorie sur la description physique des systèmes physiques relativement à d'autres systèmes et c'est une description complète du monde."
Partisan : essentiellement Carlo Rovelli
L’idée d’Everett pour régler le problème de la mesure est de dire que le collapse n’arrive jamais. La fonction d’onde décrit un ensemble d’univers possibles. À chaque mesure, l’univers se sépare en un nombre de mondes égal aux nombre de résultats de mesure. Tous les résultats de mesure arrivent simultanément, on vit simplement dans un monde qui a donné un des résultats. Il n’y a plus que la fonction d’onde et un univers qui se sépare à chaque instant en de multiples branches, ces branches ne peuvent pas être virtuelles, il faut qu’elles existent vraiment pour que l’interprétation soit cohérente. À la différence des probabilités classiques dans lesquelles un événement arrive ou n’arrive pas, l’existence de plusieurs univers permet de donner une ontologie au principe de superposition : pour Everett plusieurs réalités peuvent exister simultanément. Dans l’expérience des fentes d’Young, il y existe une infinité de trajectoires possibles pour la particule, passant par l’un ou l’autre des trous pour arriver en un point donné de l’écran. Pour une réalisation donnée de l’expérience, on observe un unique impact sur l’écran dans «notre» monde mais toutes les autres possibilités ont existé, il existe une autre version de moi qui a vu un autre résultat.
Partisans : Bryce DeWitt, David Wallace, Sean Carroll
Bon, ça c'est pour les mondes multiples. Mais l'interprétation des états relatifs est nettement moins exubérante (et pour cause : c'était la théorie originale d'Everett, à laquelle DeWitt à ajouté ses mondes multiples, pour consolider son ontologie) : elle supprime purement et simplement la réduction, l'état d'un système de jugeant toujours relativement à un autre. La corrélation entre l'observateur et le système empêche de se rendre compte de la superposition et conduit à une réduction apparente. Ce pourquoi la décohérence s'y marrie assez bien.
Partisans : Dieter Zeh, Sidney Coleman.
Qbism : la théorie quantique est simplement une théorie des probabilités généralisées, la fonction d’onde elle même est une distribution de probabilité généralisée. Si les résultats de la mécanique quantique semblent absurdes du point de vue de la logique, du point de vue des probabilités usuelles, du point de vue de la théorie de l’information, c’est que ces dernières sont à changer. Il «suffit» d’introduire une logique quantique (dans laquelle le «et» est possible et pas seulement le «ou»), introduire une théorie des probabilités généralisée dans laquelle des distributions peuvent interférer entre elles (même si cela est absurde du point de vue de la théorie des probabilités standards, vestige de notre incompréhension classique). Le postulat 3, en particulier,est simplement l’analogue «généralisé» du conditionnement en théorie des probabilités (règle de Bayes). Il n’y a évidemment plus aucun paradoxe puisqu’on a modifié la logique même, la manière même dont on est supposé raisonner. Il n’y a évidemment plus non plus de réalité, seulement de l’"information". Mot qui m'a toujours semblé bien mystérieux (sauf si on la définit "à la Shanonn", ce qui ne me semble pas être le cas).
Partisans : David Mermin, Jean Dalibard, Michel Bitbol.
L'on considère que le phénomène de réduction de la fonction d'onde est un véritable processus physique se produisant spontanément. ; ce qui suppose de modifier les lois de la physique quantique, en ajoutant à l'équation de Schrödinger divers termes afin d'obtenir le résultat désiré. Cette fois-ci le monde est constitué de matière continue sans qualités. Un état du monde est donné par la densité de ce stuff sans propriétés en chaque point de l’espace. Pour que ces théories fonctionnent on peut démontrer que la modification faite à l’équation de Schrödinger est nécessairement aléatoire : la théorie est donc intrinsèquement aléatoire (l’aléa n’est pas la conséquence d’une méconnaissance des conditions initiales du monde). Dans l’expérience des fentes d’Young, la matière continue se divise entre les deux fentes puis interfère avec elle même «comme une onde». Lorsque l’onde atteint l’écran, alors une étude fine de l’évolution combinée de la matière constituant l’écran et de la matière incidente avec la nouvelle équation de Schrödinger montre que l’onde incidente se concentre sur une zone extrêmement petite de l’écran (comme un corpuscule) et de manière aléatoire.
L'on considère cette fois que tout processus quantique est une transaction entre un émetteur et un absorbeur. Une onde se propage vers les absorbeurs puis revient dans le temps vers l'émetteur qui choisit alors, selon la règle de Born, la transaction à effectuer. Bien qu'elle ne soit pas exempte de défauts(violation tout à fait artificielle de la localité, impossibilité d'utiliser l'antimatière dans les transactions, etc...), cette théorie a l'avantage d'être très pédagogique, et sacrément élégante sur le plan mathématique.
Partisans ; Cramer (son inventeur), Ruth Kastner, Gribbins.
(Cramer et l'immense Dyson !!)
Le monde est constitué de particules ponctuelles guidées par des ondes. Les particules n’ont pas de qualités ou de propriétés, tout ce qui les distingue (masse, charge, spin...) est contenu dans la fonction d’onde. Un état du monde à un instant est simplement donné par l’agencement relatif de tous ces points ponctuels sans qualités. Pour la fonction d’onde on a alors deux possibilités, soit un considère qu’il s’agit aussi d’un champ réel, soit on considère que la fonction d’onde a le statut de loi dans le sens qu’elle prescrit le mouvement des corps ponctuels qui sont les seuls à nous intéresser vraiment.
Ainsi dans l’expérience des fentes d’Young, la particule passe effectivement par une des deux fentes, mais la fonction d’onde, elle, passe par les deux et guide la particule une fois la double fente passée ce qui explique les franges d’interférence. Dans dBB la dualité onde-corpuscule a une interprétation simple : il y a à la fois une onde et un corpuscule, pas deux facettes d’un même objet mais simplement deux objets.
Son formalisme est un peu plus compliqué, la mécanique quantique usuelle permet ainsi d’arriver beaucoup plus vite à des résultats identiques. Un autre défaut est que la généralisation relativiste de la théorie est peu naturelle et n’a pas la même symétrie que la théorie quantique des champs usuelle....
Partisans : John Bell (pendant longtemps), Bricmont, Maudlin, Esfeld
Un pétrir sondage pour prendre le pouls auprès des innombrables férus de physique et d'épistémologie du forum
Merci pour les votes !
Si vous pouviez justifier, ce serait mirifique
Je ne connaissais pas la transactionnelle, mais elle m'intrigue - d'où vote.
(Me fait penser aux équations de Maxwell, avec solutions à ondes avancées)
Le 19 novembre 2024 à 01:21:55 :
Je ne connaissais pas la transactionnelle, mais elle m'intrigue - d'où vote.
(Me fait penser aux équations de Maxwell, avec solutions à ondes avancées)
Oui, c'est un peu l'idée ! Comme il se fait qu'en MQ relativiste cependant, on utilise des équations du second ordre en temps, on tombe sur ondes avancées cohabitant avec les ondes retardées, les.deux types d'ondes solutions des équations du sieur Maxwell.
Et de là, on va décrire l’échange d’un quantum entre un émetteur( dans le présent) et un absorbeur (dans le futur) en termes d’échange d’ondes retardées et avancées : ladite transaction.
Gravitation quantique à boucles
Le 19 novembre 2024 à 01:36:12 :
Gravitation quantique à boucleshttps://image.noelshack.com/fichiers/2021/43/4/1635454847-elton-john-tison-golem.png
Ah, tout de suite l'artillerie lourde... on sort du sujet, mais à la rigueur, tu peux voter "relationnelle", Rovelli ayant construit son interprétation avec, entre autres, le souci de ne pas se mettre en porte à faux par rapport à sa théorie.
Rien compris mais je up.
Je ne peux pas concevoir qu’il puisse n’y avoir aucun déterminisme à l’échelle quantique alors qu’il existe à l’échelle macro.
Le 20 novembre 2024 à 16:47:20 :
Je ne peux pas concevoir qu’il puisse n’y avoir aucun déterminisme à l’échelle quantique alors qu’il existe à l’échelle macro.
Je comprends tes réticences. Mais tiens à dire qu'il y a toute sorte d'interprétations déterministes dans le lot, pas seulement celle que tu cites : Everett ou la réduction objective en sont des exemples !
L'hypothèse du sandwich est-elle envisageable ?
Le 22 novembre 2024 à 00:09:22 :
L'hypothèse du sandwich est-elle envisageable ?https://image.noelshack.com/fichiers/2018/29/6/1532128784-risitas33.png
Développe donc