SaintMax
2024-10-10 13:57:32
https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/09/13/la-france-ce-pays-qui-regarde-ses-seniors-plus-que-ses-jeunes_6315492_3234.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=ios&lmd_source=default
Mais c’est dans le domaine de la protection sociale que l’incidence du vieillissement est la plus forte. Un chiffre en dit long : les retraites représentent désormais un quart des dépenses publiques en France. La santé et l’invalidité pèsent pour un peu plus d’un cinquième, soit nettement plus que les dépenses allouées à l’éducation (9 %) ou à la famille (3,7 %).
Dans le même temps, leur niveau de vie s’est nettement amélioré, grâce à la généralisation des systèmes de retraite depuis l’après-guerre. Mais, aussi, à « de fortes revalorisations, plus importantes que l’inflation, des pensions et du minimum vieillesse jusqu’au milieu des années 1980 ». Les seniors d’aujourd’hui ont aussi bénéficié à plein des « trente glorieuses ». A une époque où l’on construisait des logements à tour de bras, ils ont pu acquérir leur résidence principale à bon compte. 75 % des seniors sont propriétaires. Résultat : si, en 1989, deux millions de personnes vivaient avec le minimum vieillesse, seuls 700 000 retraités touchent aujourd’hui une pension minimale.
A contrario, plus de 20 % des jeunes de moins de 18 ans et 16 % des 18-29 ans vivent sous le seuil de pauvreté, selon l’Insee.
Aujourd’hui, nombre de trentenaires vivent en colocation, faute de moyens, à l’âge où leurs parents achetaient leur maison et faisaient des enfants. Les baby-boomeurs, eux, ont fait Mai 68 pour moins que ça ! »
une « préférence française pour les vieux », que l’épisode de la revalorisation des retraites de janvier, en pleine crise inflationniste, a illustrée. Tandis que nombre de salariés ont vu leur rémunération augmenter moins vite que les prix, perdant mécaniquement en pouvoir d’achat, le gouvernement a tranché en janvier en faveur d’une hausse de 5,3 % des retraites, pour compenser l’inflation. Coût budgétaire : plus de 14 milliards d’euros.
Dans le même temps, il a supprimé quelque 10 milliards d’euros de dépenses, dont certaines bénéficiant à l’éducation ou au logement, donc, essentiellement aux jeunes.
Seulement voilà : dans un pays vieillissant, le vote des plus âgés pèse mécaniquement davantage : ils vont deux fois plus aux urnes que les jeunes.
Cela fait trois ou quatre décennies que notre société a fait un choix collectif en faveur des seniors. Aujourd’hui, on a un système politique qui fait de la redistribution intergénérationnelle à l’envers. » Ce qui fait dire à certains, dont l’économiste Maxime Sbaihi, que l’on assiste à une nouvelle forme de « gérontocratie », à savoir un « système économique et social dominé par des classes âgées qui exerceraient une influence politique supérieure aux autres ».
La réforme des retraites décidée par Emmanuel Macron en 2023 en est une autre illustration, souligne-t-il. « Elle demande des efforts aux actifs, qui vont devoir travailler plus pour obtenir une retraite moindre, mais par contre aucun effort n’a été demandé aux retraités, qui, au contraire, ont pour certains gagné de nouveaux droits, par exemple la revalorisation rétroactive des petites retraites. »