Disclaimer: Ce n’est pas un topic anti-nuc donc stop à la boucle EnR vs Nuc
Plan du topic :
1) Débunkage des arguments principaux (A1-10) et annexes (A10-20)
2) Le problème de l’intermittence
3) Le problème du « all in nucléaire »
4) L’Impact du développement des énergies renouvelables
5) Réflexions complémentaires
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1) Débunkage des arguments anti-énergies renouvelables
Argument 1 : Le bilan carbone
- Le nucléaire : 6-11 gCO2eq/kWh selon la source (ADEME/IPPC 2014)
- Éolien : 11-13 gCO2eq/kWh selon ces mêmes sources
- Photovoltaïque : 48-55 gCO2eq/kWh
- Hydroélectricité : 24 gCO2eq/kWh
- Gaz : 418 gCO2eq/kWh
- Fioul : 730 gCO2eq/kWh
- Charbon : 1056 gCO2eq/kWh
Premier constat, cette comparaison montre rapidement que les énergies renouvelables ne sont pas si émettrices en carbone que ce que les anti-renouvelable laisse penser. Deuxièmement, cela permet de montrer que ce jeu d'égo entre nucléaire vs renouvelable n'a pas de sens vu que le centre du débat a été détourné alors qu'initialement il devrait se pencher sur comment diminuer l'utilisation d'énergies fossiles comme le trio gaz/fioul/charbon. En fait, dans ce jeu d'égo où la différence n'est que de quelques grammes, on en oublie que les centrales à fioul/gaz/charbon ont des émissions carbones 52 à 75x plus que l'éolien et 8 à 22x plus que le solaire.
C'est pour cela que les objectifs de transition électrique sont de diminuer l'utilisation des énergies fossiles, ainsi le nucléaire et les énergies renouvelables sont de bonne façon d'y arriver.
Argument 2 Les matériaux
Toutes les centrales contiennent les mêmes matériaux principaux à savoir : l'acier, le béton, l'aluminium et le plastique. Le cuivre sera utilisé pour le raccordement et la production électrique. C’est le béton qui constituent la grande majorité du poids d’une éolienne, de ce fait nous nous concentrons sur ce matériaux et aussi parce que c’est celui qui fait polémique.
Pour donner une idée des chiffres on a un poids en tonnes de m3 de Béton/MW :
- Éolien 172 m3/MW
- Nucléaire : 182 m3/MW
- Photovoltaïque 65 m3/MW
- Barrage hydroélectrique : 1700 m3/MW
À cela, il faut rajouter le stockage des déchets nucléaires, qui selon l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), prévoit 6 millions de m3 de béton à répartir entre les 18 centrales nucléaires.
De plus, l’éolien représente 0,5% de la demande annuelle en béton. Même si on all-in l’éolien pour faire du 100% renouvelable en 2050 ça ne correspondrait qu’à 3-4% de la demande annuelle en béton. On peut rajouter à cela qu’il y a une obligation de démantèlement du socle en béton sauf exception (réutilisation pour une éolienne), j’en parlerai dans le volet recyclage.
Argument 3 : L’empreinte au sol
Tout cela représente 0,36 hectare par éolienne en moyenne. Nicolas Nace a fait une excellente étude dessus et en a conclu à un taux d'occupation à 0,55m²/MWh contre 1 m²/MWh pour le nucléaire à titre de comparaison (chiffres de l’IRENA basée sur les centrales de Tricastin, Gravelines et Penly). Disons donc qu’on est sur les mêmes ordres de grandeur.
Cette surface occupée ne veut pas forcément dire qu'elle est imperméabilisée. Le taux d'artificialisation des sols est en moyenne de 0,15 à 0,20% pour l'éolien contre 0,1 à 0,5% pour le nucléaire. Le photovoltaïque au sol est un peu plus élevée avec 0,5 à 1%. Quand on compare avec les énergies thermiques qui sont à 1-2% de taux d'artificialisation, on reste largement gagnant côté nucléaire et renouvelable.
Argument 4 : Le recyclage
- Minimum 90% du poids d'une centrale photovoltaïque se recycle
- Minimum 85% du poids d'une éolienne se recycle.
Ceux qui disent que les producteurs n'en tiennent pas compte en réalité c'est faux car la législation y oblige les producteurs. De toute façon le recyclage est intégré dans le prix d’achat des panneaux/éoliennes. De même il y a une exigence règlementaire (depuis 2020) pour enlever toutes les fondations des éoliennes.
En fin de vie les machines concassent le béton et arrachent le coffrage en ferraille des fondations, dans leur intégralité (c'est une obligation légale). La plupart des producteurs ne le font pas car il est plus simple et économique pour eux de la réutiliser pour y mettre une éolienne plus puissance directement dessus.
Quant aux pâles, c’est le Danemark qui est le pionnier dans le domaine, des entreprises comme Vestas ou LM Wind Power ont maintenant trouvé des solutions pour recycler toutes les pâles, en séparant efficacement les matériaux en particulier la fibre de verre. Évidemment cela a un coût, mais même avant cela, on trouvait d’autres solutions, par exemple les réutiliser pour d’autres constructions (je pense aux passerelles, ponts, meubles, panneaux isolants, autres produits composites etc.), on peut même les incinérer pour en faire de l’énergie dans le pire des cas (on arrive déjà à le faire avec les autres déchets).
Argument 5 : Les terres rares
D'ancien modèles et les éoliennes offshores sont construits avec (le Néodyme notamment pour les aimants permanents) sauf qu'on parle de quelques grammes soit 0,0000013% de la masse d'une éolienne. Ensuite les terres rares ne sont pas rares. On pourrait même en produire en France pour nos besoins personnels, il y a des gisements en Bretagne, en Guyane ou en Polynésie. La Chine n'est pas l'unique producteur, il y a les USA, l'Australie, la Russie et la Birmanie qui représentent presque 40% de la production. Si on considère que c’est aussi polluant c’est parce que la Chine, le principal producteur n'a aucune vergogne à raser ses montagnes et essorer son territoire pour en produire en masse.
Argument 6 : Le rendement
- Centrale nucléaire : 33 %
- Centrale thermique : 32-42%
- Une éolienne : 40 %
- Une centrale hydroélectrique : 90 %
- Le moteur thermique de ta voiture : 35%
- Le moteur électrique de ta voiture : 90%
Ce n’est donc pas le rendement qui garantit l’utilité ou la qualité d’une technologie. Je pense au contraire qu’il y a couramment des confusions entre rendement et facteur de charge.
Argument 7 : Le facteur de charge
Ensuite, une éolienne est en fonctionnement entre 70 et 90% du temps. Pour en revenir aux 25%, cela représente le pourcentage du temps où aurait "fonctionné" l'éolienne si elle avait produit à puissance nominale sans aucun arrêt pendant 1 an. Ce chiffre pris individuellement ne renseigne pas sur grand-chose. Je me suis amusé à calculer les facteurs de charge des autres sources d’énergie en 2022 (à partir du bilan électrique RTE), on obtient les chiffres suivants :
- Nucléaire : 52% (parc partiellement indisponible cette année en raison des diverses maintenances)
- gaz : 39% (Peu utilisée à grande puissance hors hiver)
- Hydroélectricité : 22% (une partie de la prod intermittente + gestion des stocks)
- Charbon : 18 % (peu utilisée hors hiver)
- Photovoltaïque : 14 % (intermittence)
Ce que souligne cette donnée est l’intermittence des énergies renouvelables, qu’on voit juste après. Pour rester sur le facteur de charge, on peut voir que les centrales thermiques ont un faible facteur de charge laissant penser que leur utilisation dépend de la disponibilité des autres moyens de production et c’est une piste de réflexion intéressante qu’on développera dans d’autres arguments et dans le 3 ème axe. Pour l’hydroélectricité c’est un peu complexe mais pour expliquer rapidement, les centrales-lac fonctionnent sur un principe de barrage avec un stock qui se remplit et se vide au fil des saisons, de la pluviométrie/fonte. Si on libère plus d’eau qu’il ne s’en régénère dans le stock en amont et bien à terme on videra la retenue d’eau et la puissance disponible sera plus faible.
Argument 8 : La rentabilité énergétique et économique
- Le taux et temps de retour sur investissement :
Pour le premier c'est simple, c'est à peu près le même pour toutes les énergies à savoir entre 5 et 15%. Pour le temps de retour sur investissement, idem environ 5 à 10 ans pour la plupart des énergies sauf l'éolien où on se situe plutôt entre 6 et 12 ans, le nucléaire entre 10 et 20 ans et l'hydroélectricité entre 5 et 15 ans. On va dire qu'on est sur les mêmes ordres de grandeur.
- Le temps/taux de retour énergétique :
Le taux de retour énergétique qu'on appelle l'EROEI on est à 15 pour le solaire (en gros on produit 15 fois plus d’énergies qu’on en a dépensé pour la fabriquer), 20 pour l’éolien, 10-30 en moyenne pour le nucléaire même si ce chiffre reste encore à débat donc je ne m’avancerai pas dessus, surtout qu’il varie surement entre les pays. Concrètement, des études avancent le chiffre de 5 à 100 qui est une échelle beaucoup trop large pour avoir un sens réel, c'est pour cela qu'il est communément admis un Eroei compris entre 10 et 30. Un Eroei de 100 signifie que l'énergie est plus rentable que le pétrole pendant son âge d'or. Ce qu'il faut retenir c'est qu'une énergie avec un Eroei supérieur à 1 est considéré unanimement comme rentable énergétiquement. Pour le temps de retour énergétique (EPT) :
Photovoltaïque 1 à 3 ans
Éolien 3 à 9 mois
Hydroélectricité 2 à 6 mois
Nucléaire 5 à 15 ans
Charbon & gaz 1 à 3 ans
Argument 9 : Les subventions
Dans le cas des énergies renouvelables, les EnR pour le réseau électrique ont reçu 43 milliards d’euros de subventions entre 2000 et 2021 (36 milliards pour l’éolien/PV). Or depuis 2022, les EnR ne coûtent rien à l’état et génèrent même des recettes. Début 2024, 50% des subventions versées pendant 21 ont été remboursées en seulement 2 ans. En fonction de l’évolution des prix de l’électricité tout pourrait être remboursée en 3-4 ans.
La dernière publication de la CRE montre a rapporté plus de 5 milliards d'€ au budget de l’État depuis 2021 et ne coutera rien sur 2024-2025 contrairement aux prévisions.
Argument 10 : La durée de vie
En effet, la durée de vie des EnR intermittentes sont plus faibles que les autres unités de production, entre 25 et 35 ans pour le photovoltaïque et 20 à 25 ans pour l’éolien. Cependant là non plus, cette donnée prise individuellement ne prouve en rien l’efficacité ou l’utilité de la source d’énergie en question.
Les centrales thermiques ou nucléaires ont certes des durées de vie plus élevées mais cela se corrèle aux coûts plus élevés nécessaires pour mettre en place et faire fonctionner ces installations. De même, elles mettent plus de temps à amortir leur coût. En parallèle, les centrales PV/éoliens coûtent moins cher à mettre sur pied, c’est d’ailleurs pour cela que ce sont les centrales à être finançable par des acteurs privés type PME à l’inverse d’une centrale nucléaire où il faut être capable de cracher des dizaines de milliards d’euros pour être opérationnels d’ici 10 ans et produire pendant 10-15 ans pour rembourser l’investissement de départ. On en revient au volet concernant la rentabilité avec le temps/taux de retour sur investissement.
Arguments annexes:
Argument 11 : Les EnR entrent en concurrence avec le nucléaire
Argument 12 : l'Allemagne a abandonné le nucléaire
Argument 13 : l'Allemagne et son bilan carbone
Argument 14 : La France a délaissé le nucléaire à cause des écolos
Nucléaire 962 millions d'euros
Solaire + éolien 91 millions d'euros
Argument 15 : Les champs rasés pour installer des centrales photovoltaïques
Argument 16 : Les oiseaux génocidés par les éoliennes
Mais bref, faut savoir que c’est un sujet pris très au sérieux, la DREAL flique tous les producteurs éoliens et impose des mesures pour limiter la mortalité aviaire sous peine de démantèlement des sites. Ils sont tellement zinzin avec les éoliennes qu'ils en oublient les autres centrales et sites industriels qui lâche des polluants par quantité dans l'atmosphère.
Des solutions sont donc trouvées pour limiter grandement le risque, je ne vais pas m’étaler mais il y a des systèmes de surveillance et de détection, des marquages visuels/sonores, et au préalable des études sont faites pour ne pas les installer dans des couloirs migratoires. Bref des solutions sont toujours en cours d’étude. Il y a même des systèmes de détection par infrarouge pour arrêter l'éolienne dès que tu as une mouche qui passe.
Argument 17 : La pollution visuelle des éoliennes
Argument 18 : Les tremblements de terres causées par la géothermie
Argument 19 : Un mix électrique nucléaire/hydro est suffisant
Argument 20 : Les prix
- Hydro :
Fil de l’eau : 43-179€/MWh
Éclusée : 47-297 €/MWh
Lac : 43-242€/MWh
P/T : 77 €/MWh
- Nucléaire :
REP : 50-68€/MWh
EPR : 95-130€/MWh
- Éolien :
Terrestre : 50-70€/MWh
Offshore : 98-117€/MWh
- Gaz :
TAG : 90-141 €/MWh
CCGT : 58-73 €/MWh
- Photovoltaïque : 45-81€/MWh
- Charbon : 83-120€/MWh
- Géothermie : 50-120€/MWh
- Fioul : 150-300€/MWh
A ne pas confondre avec le merit order, où les énergies renouvelables seront toujours appelées en premières car coût marginal le plus faible.
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2) Le problème de l’intermittence
Et bien pas vraiment. On peut moduler la production solaire/éolien mais uniquement à la baisse (soit par stockage dans des batteries, soit par écrêtage), or c'est par la hausse qu'il aurait été intéressant de pouvoir moduler la production, on peut le faire via les batteries dans une certaine mesure, mais actuellement la France n’est pas équipée à grande échelle de batteries. Certains producteurs ont raccordé des systèmes de stockage pour leur éoliennes/parcs PV mais ce n’est pas le cas de tous.
Donc si la production n’est pas égale à la consommation, il n’y a actuellement que deux façons de répondre à une sous-production :
1) produire plus d’électricité via les centrales de pointes donc pas le nucléaire.
Ce n’est pas une énergie adaptée au régime de pointe pour répondre rapidement à une demande ne peut pas moduler en permanence sa production. Autrement dit, oui elles ne sont pas réellement pilotables (je développerai ce point plus tard).
2) Les importations s’il n’y a plus de puissance disponible
Mais quelles sont donc les centrales de pointes permettant d’assurer les pics ou la variabilité de la consommation te demandes tu ? En France il y en a deux : les centrales hydroélectriques et les centrales à gaz (une centrale à gaz, c’est un temps de démarrage de 10-20 minutes contre 2h à 2 jours pour une centrale nucléaire).
Oui je dis bien utiliser les centrales à gaz. Mais avant de m’insulter de bobo écolo payé par Greenpeace et Bon pote, à la solde de l’Allemagne laisse moi t’expliquer. Donc oui, un moyen de compenser cette variabilité est d’utiliser les centrales à gaz, mais en suivant ce raisonnement, on peut être tenté d’en déduire qu’utiliser des EnR renforce la dépendance au gaz fossile. Or au contraire, les EnR aident bien à faire baisser la consommation de fossile. Exemple en Allemagne.
La confusion vient du fait que les centrales thermiques fossile étaient présentes avant le développement des EnR. Ces dernières n'ont pas forcément permis de réduire la capacité installée mais la consommation d'énergies fossiles qui leur est associée à elle fortement baissée. Or, c'est bien l'énergie consommée qui compte le plus en termes d'émissions de CO2. Pour déterminer si les EnR renforcent la dépendance d'un pays au gaz, il faut comparer la réalité actuelle à un scénario contrefactuel : qu'est-ce qui se serait passé sans EnR ? La réponse à cette question est généralement que le manque de production aurait été compensé par plus de charbon et plus de gaz. En 2020, dans un mix électrique à près de 70 % nucléaire, la France a utilisé 56 TWh gaz (énergie primaire) pour produire de l'électricité (https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-energie-2021/image/ensemble-des-energies-CGDD.svg). Ce gaz fossile est difficilement remplaçable à court-terme, car il permet de répondre aux pics de consommation pour lesquels le nucléaire seul ne suffit pas. Ces pics peuvent dépasser de 30 GW à 40 GW la capacité nucléaire installée. On aurait pu bien sûr résoudre le problème en installant 30 à 40 GW de réacteurs, mais ceux-ci se seraient avérés extrêmement coûteux, puisque ne fonctionnant qu'une toute petite partie de l'année (pas de modulation possible pour rappel). Donc il est bien plus intéressant de coupler les centrales thermiques aux EnR qui vont assurer partiellement ou totalement la demande initialement comblée par le gaz.
A contrario, lorsqu’il y a surproduction, les EnR sont plus intéressantes car elles ne mettent pas 6h à s’éteindre et 2 jours à s’allumer comme une centrale nucléaire. On coupe d’abord le gaz, et s’il reste encore un surplus, on peut faire de l’écrêtage avec les EnR, ça arrive déjà souvent lorsque les prix du marché SPOT sont négatifs, elles répondent quasi instantanément. Elles ne perdent pas grand-chose, vu que le coût marginal des EnR est d’environ 0€, le manque à gagner est juste l’absence de vente d’électricité mais elles ne perdent rien de plus. C’est donc le rôle parfait pour assurer un régime en semi-base pendant que le nucléaire produit en baseload. L’intermittence est certes un défaut, mais ça lui permet de trouver sa place dans le mix énergétique sans réellement concurrencer le nucléaire.
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3) Le problème du All in nucléaire
La France a effectivement un atout avec l'énergie nucléaire mais elle ne peut pas uniquement se reposer dessus pour la raison suivante : ce n'est pas réalisable d’un point de vue technique.
Concrètement, l'énergie nucléaire a le problème inverse des énergies renouvelables. Sa production est cantonnée la majorité du temps à 95-99% de sa puissance. Dire que l'énergie nucléaire est pilotable est un abus de langage. En fait une centrale nucléaire n'a pas grand intérêt à moduler à la baisse sa production (coûts fixes faibles mais coûts variables élevées). Même si elle doit moduler sa production, elle ne peut pas abaisser sa puissance autant qu'elle le veut et elle ne peut pas le faire quand elle le veut. Il y a des paliers à respecter, en plus des procédures de sécurité qui nous empêche de moduler rapidement et à notre guise la production. C’est pour cela que dans la plupart des pays le nucléaire reste autour ou en dessous des 50% du mix électrique (en puissance installée) car au-delà on devra commencer à faire du suivi de charge et faire des variations de production, et elles ne sont pas conçues pour ça. C’est un peu ce qu’on fait en France, et ça entraîne une usure prématurés des composants (ceux soumis à des cycles thermiques, comme les générateurs de vapeur) des corrosions etc. elles ne sont pas aussi flexibles que les autres sources d’énergies, leur fluctuation prend plus de temps (surtout avec les nouvelles procédures de sécurité) donc pas idéale pour combler les micro variations dues à la production, surtout que ça engendre des coûts supplémentaires, des déchets supplémentaires à causes des incessantes variations.
En fait, pour moduler la puissance électrique il faut moduler la puissance du cœur, cela passe par l'utilisation de modérateurs (acide borique par exemple) ou des grappes, ça déforme le flux et ça use le combustible. Ce n’est pas spécifique aux centrales nucléaires. Un moteur thermique s'use plus rapidement si on lui impose des changements de régime rapides, ça accélère le vieillissement du matériel et c'est encore plus flagrant pour une centrale nucléaire.
Il suffit juste de regarder une production journalière pour voir que le nucléaire varie peu dans une journée.
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On voit que sur une journée entière une centrale nucléaire n'a modulé que 1GW de puissance sur l'entièreté de son parc soit un écrêtage de 1% pour chaque réacteur. Alors que l'hydro et le gaz peuvent moduler entre 30 et 50% de leur puissance. Les énergies renouvelables ont varié de 2 à 9 GW sur la journée.
Pour appréhender comment le réseau électrique est organisé il faut bien comprendre le concept de rôle des centrales. Les centrales nucléaires sont des centrales de bases, autrement dit elles produisent une grande quantité d'énergie pour au moins assurer la production non variable de la journée. Par exemple si la demande varie de 40 à 60 GW au cours de la journée, le rôle de l'énergie nucléaire est d'assurer au moins les 40 GW de production minimum. C'est plus compliqué que ça en réalité mais l'idée est là. Les centrales semi-base et de pointe comme l'hydroélectricité le gaz et le charbon doivent suivre le flux de variation au cours de la journée.
Si on veut intégrer les EnR dans le mix de production on aura un schéma comme celui-ci :
-Si un pays ne dispose pas de nucléaire, on sollicite les Enr qui devront produire autant qu’elles peuvent et si cela ne suffit pas on compense le manque de production avec les centrales thermiques (qui agiront à la fois en tant que centrale de base pour combler les Enr et en centrale de pointe pour les pics de production en fonction de la disponibilité en Enr).
- Si un pays dispose de grande quantité d'énergie nucléaire, on les sollicite pour atteindre la puissance minimum prévisionnelle, ensuite on appelle les Enr qui devront produire autant qu'elles peuvent, et si cela ne suffit pas on appelle les centrales hydroélectriques puis enfin les autres centrales de pointes (gaz/fioul/charbon) pour donner un coup de pouce pour les pics. Si on a trop d'énergie on vend le surplus.
Cela reste assez généraliste mais c’est l’idée du truc. Dans les faits c'est le coût marginal qui fixe l'ordre de priorité (le fameux merit order). L’objectif des énergies renouvelables est de limiter l’utilisation des énergies fossiles, donc du charbon/gaz/fioul. Donc jeter les Enr reviendrait à utiliser à 100% uniquement le gaz/charbon/fioul dans ce genre de cas. C’est pour cela qu’il est intéressant de les coupler, même si paradoxalement, la puissance de ces dernières seront égales aux énergies intermittentes pour assurer une production stable en cas de pépin. En fait le problème dans cette analyse est que les centrales thermiques étaient présentes avant le développement des EnR, ces derniers n'ont donc pas réduit la capacité installée, c'est la consommation d'énergie fossile qui leur est associée qui a baissée. Autrement dit, pas d'EnR cela ne signifie pas plus de nucléaire (dans le cas français) mais uniquement plus de thermique.
Si on voulait installer plus de nucléaire, cela aurait coûté beaucoup plus cher car ce serait utilisé comme du nucléaire de secours qui répondrait à des pics ponctuels qu'à certains moment de l'année. On ne peut pas s'amuser à éteindre et allumer les centrales nucléaires comme des ampoules. Les plus malins d'entre vous me parleront de vendre mais là aussi c'est une mauvaise idée car il s'agira d'une énergie fatale, une énergie qui doit absolument être consommée en permanence indépendamment des besoins sinon le réseau électrique saute. On a donc deux scénarios :
1) On vend de l'électricité au rabais à nos voisins car l'offre surpasse la demande, et c'est une électricité que tu dois vendre à tout prix donc les voisins négocient un prix à la baisse bien en dessous des coûts réels de production donc on perd de l'argent sauf quelques jours par an.
2) Soit on arrête les centrales ou alors on écrête donc on perd de l'argent
Il est donc plus intéressant d'avoir un mix équilibré entre nucléaire - EnR - Thermique que ce soit d'un point de vue économique comme énergétique.
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4) L’Impact du développement des énergies renouvelables dans le mix énergétique
Comme nous l’avons vu précédemment, les énergies renouvelables à terme finissent par diminuer la production d’énergie thermique fossile. On l’a vu pour l’Allemagne mais regardons chez tous nos voisins.
-Le Royaume uni :
- L’Italie :
- L’Espagne :
- L’Allemagne :
Le constat global c’est que soit les EnR aident à amortir l’augmentation de la demande nationale, soit elles diminuent la production de charbon/gaz/fioul. Pour rappel, ce sont des pays qui n’ont pas achevé leur transition énergétique, l’impact des EnR intermittentes seront bien plus flagrantes dans les années à venir.
En France, cela se remarque moins car notre énergie était déjà majoritairement bas carbone. Par exemple, au plus haut du nucléaire en 2005, c’est 88% de l’électricité qui était bas carbone. En 2018, c’était 92%. J’ai pris les chiffres de 2018 car la demande était similaire (550 TWh/an), mais la production d’énergie nucléaire était plus faible de 37 TWh tout comme la production thermique de 27 TWh, comblée par les énergies renouvelables.
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5) Réflexions complémentaires
Pourquoi les jours de prix négatifs ce sont les énergies renouvelables intermittentes qui s’effacent alors qu’ils sont premiers dans le mérit order et donc devraient logiquement s’effacer en dernier ?
Lors des créneaux horaires à prix négatifs, la plupart des centrales préfèreront payer car ça leur coûterait beaucoup plus cher d’éteindre leur centrale ou de moduler leur production. L’éolien ou le solaire n’ont pas cette contrainte, vu que leur coût variable est proche de 0, c’est plus rentable pour eux de ne pas être payé plutôt que de donner de l’argent pour produire.
Certains producteurs d’énergie renouvelables ont aussi des contrats d’obligation d’achat qui leur garanti un achat à prix fixe de leur électricité, prix négatif ou non.
Le 30 septembre 2024 à 16:36:55 :
Les fossiles non plus
Oui, mais on doit essayer de diminuer leur utilisation
Votre excuse pour encore détester les énergies renouvelables ? Elle a intérêt à être bonne
Je sais que ça fait beaucoup de lecture, mais c'est important pour comprendre
J'attends donc vos arguments
En attendant que les gens sérieux lisent, j'attends les arguments des anti-renouvelables
D'habitude vous êtes plus bavards
Personne pour tenter un argument ?
La gauche à toujours raison
Les beaux gosses sont de gauche, les low 0 tout de droite
Le 30 septembre 2024 à 16:45:19 :
La gauche à toujours raisonhttps://image.noelshack.com/fichiers/2022/17/2/1650980168-risichad1650980035825.png Les beaux gosses sont de gauche, les low 0 tout de droite
https://image.noelshack.com/fichiers/2022/17/2/1650980168-risichad1650980035825.png
Restons sérieux, arrêtons de tout voir par le prisme droite/gauche
D'autres arguments ?
Pour l'énergie hydroélectrique et marémotrice, je n'ai pas vu de khey catégoriquement contre donc je considère qu'il n'est pas un sujet de discorde
Hop hop hop ne soyez pas timides, promis je serai plus doux aujourd'hui
Alors personne ? Vous n'avez pas envi de démonter ces affreuses éoliennes ?
Hop hop hop depuis le temps, vous avez eu le temps de méditer sur le sujet
Niveau 56
Le 30 septembre 2024 à 16:52:10 :
Niveau 56https://image.noelshack.com/fichiers/2020/29/6/1595024673-oouuuuhhhhhhhhhent.png
Oui