Dezgze
2024-09-25 00:24:49
La contraception consiste à pratiquer un acte qui vous lie à quelqu'un pour l'éternité en soustrayant des conséquences, l'incarnation de la responsabilité de cet acte qu'est l'enfant. Mais l'enfant est une garantie, garantie qui, en quelque sorte, en tant que garantie, tourne en dérision ce qu'il garantie, il n'est pas la responsabilité elle-même. L'enfant, en cela, n'est pas sans rappeler l'épisode biblique de la femme adultère sauvée par le Christ. Le pire de la lapidation, ce n'est pas sa violence, ni même le fait qu'elle représente un masque trop opportun au pécheur. Le pire de la lapidation, c'est qu'elle pousse à se dire : « après tout, si c'est à ce prix-là qu'on s'en préserve, l'adultère n'est peut-être pas si mal ». Même moi, parfois, je doute, c'est là l'horreur de tout châtiment, il pousse à relativiser le crime. Je doute, mais quand je lis : « vas, et ne pèche plus », mon poing se resserre, mes dents se mettent à grincer, non pas que l'idée châtiment me soit chère dans une quelconque disposition d'esprit, mais que quelqu'un ose se donner pour juge suprême tandis qu'il estime la question épuisée en aboutissant à cette morale, et parce qu'elle aboutit à cette morale. Il avait enlevé à la foule le droit qu'elle usurpait, il aurait plutôt dû dire à la femme : « Va, et enlève-toi la vie. Prie d'abord pour que ton âme soit effacée, par la grâce de Dieu. Car ce que tu as fait te concerne toi et non pas Dieu, et si Dieu t'accordait le paradis, tu emmènerais ton propre enfer au paradis, celui de te rappeler à jamais la vie que tu as menée ici bas, et de te dire à tout propos - Qu'ai-je mérité tant de bien ! Hélas, châtiez-moi ! - et plus le temps passera, et plus tu seras bonne, et plus tu seras bonne, et plus tu regretteras, la profondeur de tes regrets ne connaîtra jamais sa dernière limite, car ta bonté ne connaîtra jamais sa dernière limite, mais à jamais alors, il sera bien trop tard, mais un jour ta bonté sera telle, que tu regretteras même oser regretter, car tu penseras n'être pas digne d'une pensée qui allègerait ta faute, n'être digne que d'appétit en réjouissances célestes, mais les regrets que tu regretteras croîtront néanmoins, démultipliant les regrets quant aux regrets, et ceux-ci feront l'objet d'autres regrets encore qui auront pour multiplicateurs des regrets multipliés par des regrets et ce dans un empilement tendant à une vitesse exponentielle vers l'infini. Ton âme goûtera jusqu'à s'y confondre l'infinité des derniers délices du possible, et il viendra un jour où tu seras si bonne que tes regrets nommeront ces délices - Abomination ! -, car c'est à toi qu'ils seront octroyés, cette dénomination occasionnera une seconde configuration de regrets ne freinant pas la progression de la première, tu maudiras maudire le fleuron des bienfaits du tout puissant, et ne jamais assez le regretter. ». C'est ainsi, seulement, qu'il aurait été doux et juste à son endroit, mais au contraire cet infâme condamnera plus tard le suicide par le truchement d'un traître auxquel il souhaitait des maux plus cruels que les remords, de sorte que l'on dirait à s'y méprendre que ce « juste parmi les justes » pouvait tout-à-fait en concevoir - certainement sont-ce là les maladies morales de l'omniscient… mais du juste ?! Mais avant tout, où est le lésé au milieu de ces considérations sur le droit de juger et le droit au pardon ? Si la femme ne péchait plus, cela allait-il rentre à l'homme sa virginité ? Il est abominable au plus haut degré que dépenser sa virginité représente pour quelqu'un moins que l'accomplissement d'une vie, et que cela soit tenu pour ne pas infirmer son appartenance à la même espèce que quelqu'un pour qui ça l'est, car le moment où l’on dépense sa virginité ou celle d’autrui, est le seul moment dans une vie où l’on est à la place de Dieu. En effet, s'il le souhaitait, Dieu pourrait-il rendre sa virginité à quelqu'un qui ne l'a plus ? Non, parce que dépenser une virginité, sauf erreur de ma part, est la seule chose qui soit non-seulement irréversible en pratique, mais aussi par définition, si bien que la virginité, en imaginant que l'univers (quoi que l'on englobe sous cette dénomination) ait connu un début, préexiste à l'univers. C'est-à-dire que la définition de la virginité implique que la vie possède la propriété de pouvoir altérer quelque chose quelque chose se situant par-delà le cadre de sa propre existence, par-delà l'univers. Toute autre chose que la virginité, sauf erreur de ma part, circonscrit les effets de la vie à l'intérieur de l'univers, entendu comme le champ de validité d'un principe physique donné, et « physique » étant entendu comme inviolable en raison de l'antériorité sur un arbre de dépendances sémantiques. Exemple : définir marcher implique le temps (à un titre qui peut se suffir d'une flèche pour représentation) par conséquent le temps, par rapport à la marche, a le statut de principe physique en tant que marcher suppose son inviolabilité par la marche. Cependant, ce sont les choses définies sous elle, qui confèrent à une flèche (par exemple) le statut de temps. De même, si nul n'est flic sans sa loi, nulle loi n'est sans son flic, de sorte que « on fait juste notre boulot » n'excuse rien, mais c'est un autre sujet, que nous traiterons aussi. À considérer cette relation unique qu'a la virginité, non-physique, à des phénomènes physiques capables de l'abolir, on entrevoit l'origine de la vie sur Terre. Ce n'est pas le sexe qui permet d'engendrer, mais la virginité, et la virginité est bien antérieure au sexe au sein même de la vie, et la reproduction sexuée elle-même restitue de la virginité à l'extérieur de ses acteurs, de sorte qu'il n'y aura jamais de vie sans virginité, tandis que la virginité ne fait que se diviser provisoirement par la vie lorsqu'elle est mauvaise, mais se réunit en un seul bloc parfait à l’abolition de toute vie, comme si la vie n'était jamais venue s’entrelacer au milieu d’elle, creuser des interstices et des abîmes difformes en espérant la souiller. À part ces quelques conjectures, je pense être capable durant ma vie de décrire exactement comment la virginité, sa définition transcendante, est impliqué dans l'apparition historique de la vie, est à elle seule ce qui sépare la matière animée de la matière inanimée. Je pense en effet que la vie doit pouvoir se définir comme étant nulle autre que le point d'intersection entre la virginité et l'univers.