SireConference
2024-08-23 20:59:58
Herzog qui me sort :
Je peux vous citer une phrase magnifique de Nietzsche : « Celui qui s'abandonne à l'art en lui consacrant sa vie, renaît de son œuvre.
Ce n'est pas facile à comprendre mais ce qu'il veut dire, c'est qu'à travers l'intensité de la création artistique on se change soi-même.
Il y a une renaissance parce que l'on subit d'énormes transformations pour faire naître cette œuvre.
Et l'œuvre elle-même est une tombe, comme dirait Goethe.
C'est une pierre tombale, elle a le caractère définitif de la mort.
Mais, d'une manière ou d'une autre, à travers toutes les rigueurs de la création et de l'achèvement artistiques, il y a une certaine forme de renaissance.
Et Zizek qui répond :
Je suis d'accord.
Il y a la mort dans l'œuvre et puis cette nouvelle vie.
Dans mon ouvrage Le commencement de la fin, j'ai essayé de formuler le paradoxe de cette « existence réduite » où l'on vit de son travail.
Le travail est votre pierre tombale, c'est une sorte de mort.
Le plus bel exemple est celui de Chostakovitch.
L'histoire de sa vie raconte qu'il était un membre secret du parti communiste
Après la mort de Staline, on a voulu l'utiliser comme porte-parole, mais il a refusé.
Il était autorisé à voyager quand il voulait et à écrire ce qu'il voulait, mais il n'avait plus aucune fonction au sein du parti.
Lorsque Khrouchtchev s'est rendu aux États-Unis, il a entendu parler d'un ordinateur capable de composer de la musique et il a dit à Chostakovitch qu'avec cet ordinateur, on n'aurait plus besoin de compositeurs, et qu'il devrait peut-être aller travailler sur cet ordinateur.
Chostakovitch a répondu : « Mais je ne connais rien aux ordinateurs ». Khrouchtchev lui répond : « Je veux juste faire une petite blague :
Je veux dire aux Américains que même leur ordinateur peut déjà composer de la musique mieux que Chostakovitch.