Contexte : Daniel Conversano était réal ou assistant réal (je sais plus) sur ce film et il en avait gros sur le coeur.
Bonjour à tous,
Ce message est envoyé à Olivier Sauton, Noémie et Benjamin. Je l’aurais volontiers envoyé à Dieudonné en personne si j’avais seulement son adresse mail véritable. Je te fais confiance Noémie pour le lui transmettre.
Je vous écris pour être exhaustif, clair et ne rien oublier, comme, timide et encore frais dans l’ « aventure dieudonné » il m’apparaît toujours difficile de réagir à chaud.
A la suite de notre réunion écourtée d’hier à La Haye, j’ai été extrêmement agacé, suffisamment en tout cas, pour pousser aujourd’hui mon petit coup de gueule.
En effet, nous devions nous voir pour répéter toute la journée (pour moi, 1 journée, c’est 10h-17h minimum) les scènes qu’ils nous restaient à mettre en place. Non seulement dieudo est parti à 14h, mais le reste de la matinée précédent son départ, a été tout aussi inutile pour la préparation d’un long-métrage de fiction. Je m’explique :
Tout se passe comme si, dans les faits, la mise en scène de « Métastases », que nous commençons à tourner ce Samedi, n’avait aucune espèce d’importance pour dieudonné ni n’intéressait d’ailleurs, personne d’autres. C’est absurde et incompréhensible. Lorsque l’on se retrouve à La Haye ou au théâtre, tout le monde parle de TOUT, TOUT, absolument TOUT, décors, costumes, figurants, couleurs des murs, l’actualité politique, nos dernières vacances, les modalités de départ au Cameroun, la logistique, est-ce qu’on commence à 10h ou 10h15 tel jour ??, bref de tout sauf de la… MISE EN SCENE !!!!!!!!! Je ne comprends pas. J’ai le sentiment que ma présence à ces réunions, surtout depuis que Marine s’occupe de la partie organisationnelle, est facultative, alors qu’il ne devrait rien y avoir de plus important que le visuel d’un film !
Il n’y a jamais aucune création dans nos conversations sur métastases, jamais. Que de l’organisation et des points de détails qui ne sont pas le centre naturel d’attraction d’un long-métrage sérieux.
Un film de cinéma est bon quand ces trois éléments fonctionnent ensemble : scénario, acteurs et réalisations. Dieudo est très concerné par les deux premières étapes mais,-ce n’est même pas qu’il sous-estime-, il laisse carrément de côté le choix des angles de vues, la mise en scène donc, comme s’il s’agissait de quelque chose de non-prioritaire, qui peut se décider à la dernière seconde et sans craindre quoi que ce soit. En réalité, ce devrait être tout le contraire. En tout et pour tout, j’ai noté 14 idées de plans de la part de Dieudonné pour un film de 1h30. Sauf qu’un film en contient minimum 300 ou 400. Donc, très concrètement, Dieudonné ne réalise pas ce film, parce que si c’était le cas, pour chaque scène, il aurait une liste de plans à tourner, dans quel ordre, etc…. Dieudonné a fait assez de films professionnels pour savoir ce qu’est un réalisateur. Le réalisateur choisit les axes de caméras dans leur intégralité, les mouvements, et les enchaînements de plans (en collaboration avec son monteur, mais cela se passe au moment de la prise de vues d’abord, bien sûr). Il fait ce qu’on appelle un « Découpage technique » ou un « story-board », deux éléments de cinéma qui permettent ensuite à toute l’équipe de savoir quels plans on va tourner. Comme Dieudonné, pour la seconde fois après l’ « antisémite », ne s’occupe pas du découpage technique, je dois évidemment le faire moi. Parce que quelqu’un doit bien s’en occuper, de cette chose sans importance qu’on appelle… la réalisation !! J’ai été engagé de mémoire, pour cette raison précise il est vrai, mais on ne l’a jamais formulé de vive voix : on attend de moi que je réalise métastases dans son ensemble, en intégrant les 14 idées de plans et des brouettes, de Dieudonné.
A ce point de discussion, je tiens à dire que l’objet de ma colère n’est pas une question d’égo ou de réclamation (je l’aurais fait avant sinon), ce que je dis juste, c’est que Dieudonné ne sera pas le réalisateur de ce film ; comme pour faire un film, il faut une tête pensante, qui juge si le plan 37 raccorde ou pas avec le plan 38, et ainsi de suite, eh bien ce sera moi. Il faut dire au moins une fois les choses comme elles sont. Sur le précédent tournage, à la place de Dieudonné, en tant que chef d’équipe et comme il avait la confiance de ses techniciens insupportables, Abdellah avait assumé cette charge. Cette fois-ci ce sera moi. Je ne vous apprends rien en théorie ici, puisque, tacitement, c’est ce que tout le monde sait à la production comme côté acteurs, comme du côté de mon équipe. En pratique, encore une fois, je serai sur le plateau l’inverse d’un assistant réalisateur, puisqu’un assistant, c’est la personne qui regarde le découpage technique du réalisateur et qui veille à son application entière et méticuleuse. Je ne peux être décemment le créateur et le coordinateur et, par la force des choses, c’est Marine qui est devenu dans cette préparation mon assistante réalisatrice. Pour l’instant, je ne fais qu’un récapitulatif de la réalité des choses, pour que nous soyons d’accord sur les présupposés de départ. J’espère que vous êtes d’accord pour l’instant. Je ne comprends pas non plus (mais c’est un autre débat) pourquoi dieudo tient tant à se créditer comme réal alors que la plupart des grands comiques avaient des réalisateurs attitrés, je pense à louis de funès notamment, et cela n’empêchait pas les gens de dire « tu as vu le dernier film DE Louis de funès ? » alors que sur le papier, il n’en était pas l’auteur.
J’aurai simplement aimé, par principe de gratitude et de considération, qu’à un moment de la production, quelqu’un, même pas dieudonné, mais juste quelqu’un de la prod. ait la courtoisie de me dire « Daniel, c’est plus marketing de mettre dieudonné réalisateur sur l’affiche, on va te mettre assistant mais concrètement tu vas mettre en scène ce film et on dira aux autres que tu es assistant. Merci d’être loyal et de comprendre ». Je trouve anormal de ne même pas avoir eu droit à ça, alors que la mise en scène est précisément le poste qui devrait être le centre de toutes les attentions (et je ne parle pas en terme d’ éloge et d’applaudissements pour moi mais de travail. La préparation d’un film ne devrait tourner qu’autour de cela et de rien d’autre). Mais passons sur la blessure humaine, et allons à l’essentiel. Je vais vous montrer en quoi mettre en scène « Métastases » dès Samedi va être pour moi un boulot d’équilibriste, boulot que pour des raisons de manque d’attentions de votre part et de celle de dieudo, je ne pourrais pas faire aussi bien que je l'aurais voulu.
Prenons ce qu’il s’est passé hier. Ou plutôt ce qu’il ne s’est pas passé. Je n’ai aucune idée du placement des acteurs et des accessoires, pour les 3 séquences importantes du Dr. Mfoudi. Aucune. Quand les deux comédiens principaux sont arrivés sur le décor hier matin, pour la 5ème fois consécutive en 5 réunions, ils se sont amusés à jouer avec le lit médical de gynécologue, le pèse personne, les tableaux etc… et puis on est tous parti manger. Irréel. Les scènes n’ont pas été répétée une seconde et, après 10 minutes à poser la question, comme si je faisais chier mon monde avec mes détails, j’ai eu une réponse négative à celle-ci : « est-ce que les accessoires, chaises, tables et autres sont placés à leur endroit définitif ?». Réponse : Non.
Conclusion :
1. Je ne sais pas comment les comédiens vont interagir entre eux pendant la scène
2. Je ne sais pas où sera le lit, où sera le bureau, ou seront les accessoires du médecin.
Voudriez-vous m’expliquer, dans ce contexte, comment pourrais-je être en mesure de construire une mise en scène dans ma tête pour la communiquer ensuite à mon équipe ? C’est simple à comprendre comme 1 et 1 font 2. Si je ne sais pas où sera l’acteur A puis l’acteur B, je ne sais pas où sera placée ma caméra par rapport à A et à B. Elémentaire.
Donc qu’est-ce qu’il va se passer ? Comme pour toutes les scènes non répétées, en décors réel comme ailleurs, disons, comme toutes les scènes où la géométrie et les déplacements des personnages ne seront pas fixés à l’avance, quand arrivera la séquence du docteur MFoudi….je vais tout simplement IMPROVISER !
C’est ridicule et impensable, quand on sait que je suis sur le film depuis 2 mois et que l’objectif, c’est qu’il y ait une valeur ajoutée à la présence de Daniel Conversano sur le plateau.
Mais cette absence de travail sur la mise en scène implique un tas de choses problématiques qui englobe finalement le tournage tout entier puis, bien sûr, le résultat final.
En effet, réaliser sans connaitre déplacements, rythme, place des décors, comme je l’ai dit, c’est comme demander à un aveugle de lire un livre en braille sans utiliser ses mains. C’est impossible en fait. Je verrais donc le jour même.
Si je vois le jour même, c’est le mec de la lumière (Jean-Thomas), qui fait aussi avec les moyens du bord le jour même, puisque le chef op est obligé d’attendre les angles de prises de vues dictés par le réal, avant de placer sa lumière.
La script, elle, ne saurait crier au réalisateur quels plans il a oublié de tourner, puisqu’elle n’a pas sur elle le découpage technique, puisqu’il n’existe pas.
Je ne vais pas présenter les complications pour tout le reste de l’équipe.
Un tournage sans prépa de mise en scène, c’est du stress, de l’inefficacité, et de la déception artistique en bout de chaîne. Les spectateurs auront de la tendresse pour l’ « antisémite » parce que c’est un 1er film, à petit budget, auquel on pardonnera l’amateurisme patent. Mais cela ne marchera pas à jamais. Rappelez-vous qu’on a été sauvé par l’aspect « Film dans le Film ». Sinon, les défauts de l’antisémite auraient été très fâcheux.
Le décalage qualitatif entre les spectacles de dieudonné et son cinéma sera tel qu’on ne pourra bientôt plus nier l’évidence du problème. Pourquoi faire des films « à l’arrache » quand on pourrait en faire des biens ?? C’est tout l’objet de mon message.
Le cinéma, ce n’est pas du théâtre. La spontanéité, l’absence de repères, l’impro, tout ce qui fait la force du théâtre et fonctionne sur scène est en général un poids au cinéma. Un film bâclé, « tout petit », ça se sent, les gens le sentent. Il ne s’agit pas en comédie de faire du Kubrick ou du Visconti, mais je ne vois pas pourquoi, avec Dieudonné en acteur principal, on n’essaierait pas de faire du Francis Webber ou du Gérard Oury de la belle époque, et des choses intemporelles comme la grande vadrouille, les compères etc… ce qui m’enrage c’est, qu’avec le numérique, ce n’est plus une question de budget mais d’attention porté à la confection du film.
Exemple précis du genre de choses qui m’ennuient. Lundi dernier, pas hier, le précédent, a été le seul jour où j’ai pu parler de mise en scène avec dieudo, pour savoir s’il avait des idées, les noter, et y adjoindre les miennes afin de construire la mise en scène. Nous l’avons fait un peu, l’après-midi, toujours à l’arrache, en ayant perdu au préalable 50 minutes (je regardais toujours ma montre et je confirme : 50 minutes) à nous poser dans la salle d’attente du cancérologue pour savoir si, au-dessus des cancéreux Bruno et Olivier, il fallait mettre un tableau représentant la bombe atomique, des chars russes ou bien Adolf Hitler ! Bordel de dieu, c’est un détail !!! On s’en tape ! Le spectateur a juste à comprendre le concept « ce docteur est fou, il est l’inverse d’un guérisseur, c’est un malade ». Ça n’a qu’une importance relative, comment on lui faire comprendre ça, et ce n’est pas une question qui devrait être débattue en réunion de mise en scène. Si dieudo et Thierry veulent se faire un brainstorming là-dessus, qu’ils ne le fassent pas le jour où on a prévu des répétitions, qu’on fait ensuite à la va-vite parce qu’on a perdu trop d’énergies à savoir s’il faut un aquarium ou un pot de fleur en bas à droite de la pièce. Ce qui n’est pas un détail, c’est en revanche de se demander comment sera filmé cet aquarium ou ce pot de fleur. Et là encore, plus personne ou presque
Bon je pourrais en écrire encore des pages mais je crois que vous avez compris l’essentiel. Ceci n’était pas une mutinerie ou un message démissionnaire mais une mise au point. Je serai là dès samedi et motivé à bloc. Mais si je suis de l’aventure du prochain film, je préférerais davantage de clarté.
_Si Dieudonné veut en être le réalisateur, il doit comprendre qu’il faut qu’il s’implique à 100% dans la mise en scène et que, aidé d’un assistant (Marine serait même plus à conseiller que moi), prendre 6 à 7 demi-journées à lire le scénario, non pas en sa qualité d’acteur mais avec un œil de cinéaste qui, à chaque paragraphe, dirait où il va placer sa caméra. Il n’y a pas de raisons que si Dany Boon et mille autres acteurs à la con y parviennent bien (aidés sûrement, de « nègres » payés grassement) Dieudonné ne sache pas faire ça. Mais qu’il le fasse bien ou pas, c’est un travail qu’il devra effectuer un jour ou l’autre s’il veut rester le « réalisateur ».
_S’il veut que je fasse moi le découpage technique (qu’il me crédite ou pas en tant que réal ensuite, la question n’est pas encore là) il faut me donner les éléments ET LE TEMPS nécessaire, pour que je réalise comme il faut ces satanés films. Il est inconfortable d’avoir l’impression d’être la petite souris qui gratte sur le dos de dieudonné en espérant obtenir quinze secondes d’attention de sa part. C’est son projet, mince, qu’il m’écoute !! Un tournage de 15 jours, c’est une semaine en amont que Dieudo et les autres acteurs doivent consacrer aux préparatifs de mise en scène. Pour ce film, nous aurions dû avoir 4 ou 5 grosses journées, où avec Juliette, Dieudonné et Olivier, on aurait répété en long et en large le texte dans les décors et surtout, EN JOUANT VRAIMENT LES SCENES, comme le Jour J, pour savoir où placer ma caméra. Plus généralement, cela veut dire que ma parole, pour les questions techniques de mise en scène, doit être mieux écoutée.
C’est agaçant d’avoir l’impression de gêner, ou que la production m’a « fait une fleur » en acceptant de prendre un technicien de plus à tel ou tel moment, alors que je fais ça pour le bien du film et non pas pour placer les copains (à certains postes, je ne connais même pas personnellement les types que je propose). Dernier exemple : scène de motos samedi, Dieudo dit « pas de son ». Ben non en fait, quand on peut enregistrer du son, au cinéma, on le fait toujours. C’est plus embêtant de recréer en post-prod que de prendre en direct, et ça a un effet fake bien plus évident. Même si on ne l’utilise pas au montage final, par précaution, on prend toujours le son, et pour la synchro, on le prend toujours PENDANT la vraie prise ! Autre chose : dieudo dit « pas de chef op au Cameroun », pourtant les extérieurs, ça s’éclaire aussi. Et la lumière, c’est un vrai métier, on ne s’improvise pas directeur de la photographie. Et les intérieurs, à l’Hôtel, on fait comment pour les éclairer, hein ? Eh bien personne ne s’occupera de la lumière, ce sera moche et tout le monde le verra. Etc… etc… des kilomètres d’etc…
Je terminerai par dire que je suis obligé de vider mon sac avant le tournage, parce que je ne voudrais pas qu’au montage, une fois encore, ou après, j’entende mes oreilles siffler avec des lancinants « les techniciens ont fait n’importe quoi, ils manquent tel ou tel types de plans, la lumière est pas terrible, Daniel est mauvais finalement » alors qu’on ne me donne pas les moyens de faire les choses correctement en ce domaine. Aussi drôle que cela puisse paraître, même si Dieudo se fiche de la qualité filmique intrinsèque de son propre film, moi je ne m’en fiche pas , et je dirais même qu’au contraire ce bain de médiocrité et d’imprécisions dans lequel on me noie de force finit par m’user.
Dans l’espoir que, si je suis là sur le prochain, mes doléances seront enfin entendues, il me reste à vous souhaiter une bonne journée et à vous dire à samedi ! Mon objectif, puisqu’il semble évident qu’au contact de dieudonné, je ne recherche ni l’argent ni la gloire, c’est de rendre ses films aussi éternels que ses spectacles ; donnez-moi les moyens de le faire s’il vous plait.
Daniel
Réponse de Dieudonné
salut daniel! Je n ai lu que Les trois premiers paragraphes de ta longue géremiade! Il n y a qu une question à laquelle tu dois répondre:Veux tu ou non m'assister dans ce projet intitulé "métastase" à la place que je te donnerai? si tu decides que non je préfère que tu le fasses maintenant.j écris, je produis, je realise et j'interprete ce film . Tu sais toi comme moi que je sais trouver des solutions jusqu à la derniere minute.reponds moi et ne me prend plus jamais la tête! si tu repondais positivement à ma requete ,j exige que tu m obeisses sans sourciller et que tu fermes ta gueule à tout jamais et tout va très bien se passer comme pour l antisémite qui est un film génial! Nous avons beaucoup de film à faire! Ressaisi toi! Ton heure viendra!( dieudonne mbala mbala) si tu veux plus de précision, tu es le bienvenu à la haye demain ou je finalise la version finale du scénario! Pour finir, sache que tes leçons de cinema me sortent par le cul comme une vilaine chiasse!
Le 19 juillet 2024 à 17:02:00 :
tu t'es vraiment casser le boule à tout retaper ?
Évidemment que non
Dans le doute.
Le 19 juillet 2024 à 17:02:28 :
Le 19 juillet 2024 à 17:02:00 :
tu t'es vraiment casser le boule à tout retaper ?Évidemment que non
d'accord
il y a toujours des faux raccords dans les films
faut pas qu'il s'inquiète
C'est cette expérience professionnelle avec Dieudo qui l'a rendu totalement raciste