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2024-05-25 11:37:24
Un an de prison ferme pour l’un, six mois ferme pour l’autre : deux détenus de la maison d’arrêt du Val-d’Oise (Mavo) ont été condamnés vendredi pour apologie de crime. Ils avaient salué la mort des deux agents de l’administration pénitentiaire lors de l’évasion de Mohamed Amra, le 14 mai dernier. Leurs peines prononcées par le tribunal correctionnel de Pontoise s’ajouteront à celles qu’ils purgent actuellement. Et ils devront indemniser les trois surveillants qui se sont constitués partie civile à hauteur de 500 euros chacun.
« J’ai vu qu’ils ont tué deux surveillants et je suis très content. Je vais en tuer aussi », lance Oumar C. Ce détenu de la prison d’Osny de 34 ans, incarcéré depuis trois ans et demi, s’en prend à deux surveillantes via l’interphone de sa cellule. Il ajoute qu’il veut voir du sang, promet qu’il mettra une balise sur leurs voitures pour les suivre lorsqu’il sortira, assure qu’il peut aussi payer des personnes pour les séquestrer. La scène s’est déroulée dans la coursive à peine six heures après l’évasion sanglante de Mohamed Amra au péage d’Incarville (Eure).
« Il veut instiller la peur, c’est intolérable »
« Je suis navré », commence par dire à l’audience 0umar C., 26 mentions à son casier judiciaire, originaire du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), qui ne met que quelques secondes à sortir de ses gonds. « Je n’en ai rien à foutre de votre peine, mettez-la moi et je rentre en prison, je me casse. »
Le détenu, qui affirme avoir porté plainte pour tentative d’assassinat à la Mavo, quitte le box, sans entendre Me Marion Ménage, l’avocate des parties civiles, rappeler « l’émotion qui a saisi l’administration pénitentiaire et la communauté judiciaire » après les faits d’Incarville. « Ces mots-là, on eut un écho particulier, un véritable impact. C’est un métier déjà compliqué et il instille un poison avec lequel les surveillantes rentrent à la maison… »
« Il veut instiller la peur, c’est intolérable. La justice doit protéger les agents pénitentiaires », a ajouté le procureur, Luc Pellerin, qui a requis 18 mois de prison ferme et un mandat de dépôt. « Ce ne sont pas des revendications mais l’expression d’une frustration », a relativisé Me Gaëlle Cormenier, qui défendait Oumar C. après avoir auparavant plaidé pour Jean-Bernard Z., 26 ans, originaire de Garges, lui aussi jugé pour apologie de crime et menace de mort.
« C’est bien fait ce qui est arrivé à tes collègues »
Pour un banal différend avec un surveillant stagiaire dans la coursive au sujet d’une cigarette, il lui a lancé : « C’est bien fait ce qui est arrivé à tes collègues. Cela va continuer. Ils vont tous vous fumer ! » Il a ajouté : « On est contents quand il arrive des choses dehors pour des gens comme toi. » Des propos reconnus à l’audience : « Je ne m’en rendais pas compte et je m’en excuse. C’est la colère et la cigarette », justifie-t-il.
« La mort d’un agent pénitentiaire est une réjouissance : c’est cela aussi que ses propos veulent dire. C’est véritablement insupportable », a souligné Luc Pèlerin. « La peur ne doit pas être du côté des institutions et de ceux qui la servent », ajoute-t-il en requérant un an ferme à l’encontre de celui qui a été déjà condamné à six reprises par la Justice. « Il est incarcéré depuis quatre ans sans aucun problème avec les surveillants », a plaidé son avocate, qui avance la thèse de la « provocation » en estimant que ses propos n’avaient rien de public.
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