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La suite de mon aventure dans ma formation SST en présentiel (Sauveteur Secouriste du Travail), afin d'obtenir non pas un diplôme comme j'ai écrit hier, mais une certification valable pour une période de 2 ans. Toujours les mêmes ateliers, toujours la même salle, toujours le même groupe, toujours les mêmes intervenantes, toujours les mêmes inspecteurs. La différence étant que cette fois-ci, on passait l'après-midi à s'entraîner puis à passer le test.
Dans mon précédent topic, j'ai été particulièrement dur envers mes collègues et mes formatrices, et ce parce que mon ressenti était assez négatif de la journée d'hier. Pourtant, dès cette matinée et bien plus à l'heure où j'écris ces lignes, je ressens déjà une vague de nostalgie de ces journées de formation. Finalement, au fond, je crois que j'ai apprécié de participer à cet événement. J'ai appris beaucoup de chose, j'ai pu découvrir les bases de secourisme, ce qui a satisfait mon éternelle curiosité. Surtout, le fait d'avoir à me déplacer dans un lieu qui ne me soit pas familier, et de devoir cohabiter et interagir avec un groupe d'inconnus, je pense finalement que ça m'a fait un certain bien, dans une période de l'année où je suis particulièrement (et volontairement) isolé des autres, où mon espace familier, mon habiter comme disent les géographes, est beaucoup trop répétitif ces derniers temps. Et last but not least, la sensation d'être entouré uniquement de gonzesses et d'être devenu l'attraction principale pour certaines d'entre elles a redéclenché en moi toute une panoplie d'émotions que je n'avais plus connu dans mon for intérieur depuis le dernier jour de l'An. Voilà, tout cela a finalement été pour moi, j'en suis certain, une expérience globalement positive, mais qui, revers de la médaille, me fait ressentir un pincement au cœur quant à la finitude de ce moment, corrélé à la tragédie personnelle que je vais énumérer dès à présent.
Contrairement à hier, je suis arrivé relativement à l'heure (comprendre 5 minutes de retard pour mon cas) dans la salle, et on a du attendre des retardataires pendant une bonne demi-heure. Tout ce temps long à tuer m'a forcé à sociabiliser avec ma voisine, une fille globalement sympathique mais qui n'éprouve pas non plus un grand intérêt à mon égard. C'était fort intéressant. Le déroulé de la matinée était dans la même veine qu'hier: toujours ces formatrices peu sûres d'elles qui font ce qu'elles peuvent, les pauvres, pour nous transmettre les bons comportements à adopter en cas de danger, toujours cet accent ouest-africain que j'ai toute la peine du monde à décrypter en un temps très restreint, toujours ce groupe de filles certes bruyant mais (et j'ai volontairement manqué de le préciser hier) bonne vivante, et sans méchancetés apparentes, même en ce qui concerne celle que j'ai traité de "banlieusarde du bled" sous le coup de la frustration. Bref, ce matin, c'était un tout autre regard que je posais sur cette formation, et c'était non plus le point de vue de quelqu'un frustré aussi bien par l'amateurisme des séances que par sa propre incapacité à sociabiliser avec les autres, mais le point de vue de quelqu'un qui voulait profiter des ultimes moments au sein de cette salle, de ce groupe, et qui accepte de jouer le jeu à réussir son test de l'après-midi. Ainsi, ma matinée a été bien plus agréable, tout simplement parce que j'ai réussi à modifier mon mindset et mon regard sur le moment (grand effort surhumain pour l'adulescent borné et apathique que je suis).
Pour résumer très vite les savoirs acquis tout du long de la formation: quatre règles majeures à respecter dans l'ordre (protection, observation, communication, réaction), un temps réduit de trois minutes pour agir, des mises en situation diverses, qu'elles soient liées à des éléments extérieurs comme l'air ou le feu (balisage, transport des inconscients, etc) ou liées à des éléments qui touchent directement les victimes. Il y'en avait sept: la coupure légère, le saignement abondant, le malaise, l'arrêt cardiaque, la brûlure, l'étouffement, et un dernier que j'ai oublié. Toute une panoplie de solutions pour remédier au problème: la douche, le pansement, le massage cardiaque, la technique de Heimlich, ou encore la très célèbre PLS.
Voilà pour l'essentiel des savoirs acquis durant la formation. Libéré pour la pause de midi, j'envahis alors deux écoles supérieures non loin de l'établissement où avait lieu mon SST, et dévalisa les snacks et les bibliothèques de ces lieux, de sorte que j'avais le sac prêt à craquer, qui m'empêchait de me déplacer correctement. Evidemment, j'arrive avec vingt minutes de retard, et me fait engueuler par un inspecteur, qui se retient de me demander de rentrer chez moi. Je boude dix minutes suite à cette agression verbale, puis je passe à autre chose. Il y'a une raison à ça. Mes pensées depuis ce matin sont obstruées par la sensation d'être régulièrement observé par deux jeunes filles presque en face de moi. Et c'était effectivement le cas. Est-ce qu'elles se moquaient de moi? Est-ce qu'elle me regardait parce que je les regardais, ce qui les perturbais? Ou est-ce que je les intéressait? Mon cerveau aime énormément se rassurer, et opta pour la réponse 3. A partir de là, difficile de se concentrer correctement sur le discours des formatrices ou des inspecteurs: je préféra alors jouer à un jeu de regards avec ces charmantes demoiselles, qui étaient au passage physiquement attirantes. L'une avait un visage parfait et un joli corps skinny, l'autre avait un visage appréciable et un corps idyllique avec de belles formes. Il n'en fallait pas plus pour attirer ma curiosité. Je me trouble. Je m'égare. Et bref, me voilà épris de ces deux inconnues dont je ne connaît même pas le nom. Mais était-ce réellement réciproque? Pour le savoir, je me promis de les aborder avant la fin de la journée, j'en fais le serment. Je ne peux pas continuer ma vie avec le regret de n'avoir rien tenté.
Revenons à nos brebis. L'heure du test avança à grand pas, je m'entraîna au massage cardiaque avec mon groupe habituel. Je me permets de raconter une anecdote qui me glace le sang, tant le malaise de la situation était important. Une des deux formatrices nous fit l'exemple, sous les yeux d'un inspecteur, d'une mise en situation d'un cas de traumatisme crânien avec une volontaire. Durant l'exemple, elle se mit à déplacer la tête de la volontaire. Stupeur de la part de l'inspecteur.
- Attendez... Vous venez de faire quoi là?
- Pawdon?
- Elle souffre d'un traumatisme crânien, et vous lui touchez la tête?
- ... il faut pas?
- Bah non.
- ... ah.
Je rappelle que ce sont ces deux-là qui sont censées nous former puis nous noter durant les test. Quand je vous dis que je me désespérait de leur amateurisme, je ne rigolais pas, mais aujourd'hui, j'étais plus dans la compassion envers elles, qui n'étaient pas des professionnelles, et faisaient ce qu'elles pouvaient avec leurs propres moyens. Il n'empêche qu'il existait une galaxie d'écart entre leurs explications et celles de leurs inspecteurs, bien plus connaisseurs du métier.
Quand vint le moment des test, il était alors 14h. Divisé en deux groupes, on nous expliqua qu'il n'y aurait qu'un seul passage de notre part, suivant une des sept situations étudiées que l'on choisit en amont. Eh ben ça alors! Le test était d'une telle simplicité! D'autant plus qu'ils ne cachaient pas leurs intentions: ils nous feraient recommencer éternellement la manœuvre jusqu'à ce qu'elle soit bien orchestrée, permettant ainsi de programmer la validation, quoi qu'il arrive, de tout le monde. Cela fit descendre le stress d'une bonne partie de mes collègues. C'était tout con: choisir la situation qu'on a le mieux retenu, la simuler une seule fois, et le tour était joué, voici votre certification monsieur, vous êtes un excellent citoyen, au revoir... Pas très exigeant ce test SST, mais je n'allais pas bouder mon plaisir sur le moment. Je fus le premier à passer, je pris évidemment la situation de la brûlure qu'on doit gérer en faisant prendre une simple douche sur la zone concernée pendant 15 minutes. Après ça, tu allonges la victime, tu lui fous la protection hypothermique dorée, et c'est terminé. 14h10, et ma journée était terminée pour moi. Mais malheureusement, pas pour mes camarades, leurs simulations se faisant régulièrement coupées par les inspecteurs pour pouvoir raconter leur vergogne leur life. Vous ne trouverez pas meilleur moyen pour exaspérer tout un groupe, déjà stressé par l'enjeu et qui ne compte pas faire de vieux os dans la salle tout l'après-midi. Cette situation burlesque provoqua l'ire d'une des filles, qui rouspéta à voix haute son mécontentement (évidemment, au moment où les inspecteurs avaient quitté la salle, on se comprend...). Au final, j'ai du me maintenir encore 1h30 dans la salle à attendre qu'on m'autorise à prendre définitivement congé, et bien que j'étais submergé par l'émotion de savoir que c'était les derniers moments de ma vie dans cette salle et avec ce groupe de filles, je ne cachais pas mon ras-le-bol devant la lourde attente. Les filles tuaient le temps en racontant leur vie, et de mon côté, je continuais mon jeu d'''eye contact'' avec mes deux cibles, qui faisaient de même de leur côté. Le moment était tout trouvé pour me rapprocher physiquement d'elles et les aborder. Mais... je ne l'ai pas fait. J'avais une occasion nette, et je ne l'ai pas saisi. Et il a fallu attendre que je quitte l'enceinte pour en prendre pleinement conscience. Que je suis bête, bordel! Que de remords sur le chemin du retour!
Avant de partir pour retourner dans mon appart' qui sent le renfermé, je fis une halte dans une célèbre chaîne de fast-food américaine. J'y commandais un menu, et alors que je me faisais mentalement le bilan de ces deux journées et que les souvenirs me réapparaissaient au fond de ma caboche, j'y trempais alors, sans le vouloir, mes frites grasses de toutes mes larmes.
Et évidemment
Mon plus long topic pour le moment. Tellement long que j'ai été obligé de couper en deux aujourd'hui. Mais j'avais à cœur d'être assez exhaustif aujourd'hui.
Et donc, oui, j'ai validé le test et je vais obtenir ma certification à priori.