NagiAmano
2024-03-28 17:49:59
Pendant trois ans, ce jeune homme de 24 ans aujourd’hui a téléchargé, consulté, échangé des milliers d’images à caractère péd*****aphique. Présenté devant le tribunal judiciaire de Strasbourg lors de l’audience des comparutions immédiates, il est resté muet sur ses motivations.
La plupart du temps, il garde la tête baissée, ne la relevant que lorsque le président Marc Picard ou le procureur Alban Gesbert lui intiment de les regarder. Le prévenu est complètement renfermé, presque complètement mutique. Ce n’est qu’après un interrogatoire insistant du représentant du ministère public qu’il fait entendre un filet de voix quand il est question de ses aveux à son psychiatre. « C’est moi qui ai abordé le sujet il n’y a pas longtemps. Il fallait que j’en parle. »
« Il est honteux, explique son conseil Me Léa Wieczorek. Il se rend compte que ce n’est pas normal. Il a eu une vraie prise de conscience. » Pour autant, il ne dira mot sur ses motivations, le juge devant se contenter de lire ses déclarations aux enquêteurs.
« Dans ces photos, il y a tout ce qu’on doit rejeter »
Tout est parti d’un signalement en avril 2021 par le directeur de l’Epide de Strasbourg où le mis en cause était alors interne. Il avait utilisé un ordinateur de la structure pour se rendre sur des sites péd*****graphiques. L’enquête ne commence que plus de deux années plus tard, en octobre 2023. Son matériel informatique ainsi que son téléphone portable sont saisis à son domicile haut-rhinois. Sur une tablette, parmi 6 660 images et vidéos, une vingtaine représente des fillettes dénudées. Les enquêteurs ne parviennent pas à analyser son ordinateur. Mais découvrent avec horreur plus de 14 000 fichiers très explicites sur son mobile.
« On ne s’habitue jamais à ces images, dit avec dégoût le président. Celles-ci sont particulièrement dures. » À la description d’une, représentant une enfant de 5 ans bâillonnée et jambes écartées, un cri s’échappe de la salle. « Dans ces photos, il y a tout ce qu’on doit rejeter, reprend le juge. Il y a de la violence, de la souffrance, des enfants qu’on utilise. Vous ne voyez pas dans leurs yeux qu’elles supplient que ça s’arrête ? » Le prévenu baisse un peu plus la tête et ne répond pas.
« Les faits sont dégueulasses »
Si le procureur met en avant « des éléments de dangerosité présents », il remarque que le mis en cause « ne semble pas être un pédophile né, perdu pour la cause ». Il en veut pour preuve, sans le dédouaner, qu’il n’est jamais passé à l’acte entre le signalement et le début de l’enquête. Il requiert une peine d’un an de prison ferme, sans maintien en détention, assorti d’un suivi sociojudiciaire pendant quatre ans.
Pour Me Wieczorek, « les faits sont douloureux. Les faits sont dégueulasses. Mais il a reconnu les faits. Il n’a caché aucun support. Il a aidé les enquêteurs. Dans une telle affaire, quelle est la peine juste ? Je ne suis pas persuadée qu’une peine ferme soit la réponse. Quand il sortira, ses pulsions le reprendront. »
Le jeune père d’une enfant de 18 mois est condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis. Il est maintenu en détention. Il aura un suivi sociojudiciaire durant quatre ans, avec obligation de travail, injonction de soins. En peine complémentaire, il lui est interdit d’exercer toute activité avec des mineurs à titre définitif. Il est inscrit au FIJAIS.
L’expert psychiatre qui l’a rencontré a noté dans son rapport que, dans son cas, la récidive est inéluctable.