Le texte d'Hésiode
Les Travaux et les Jours est l’œuvre d’Hésiode, un poète qui aurait vécu en Grèce au VIIIe siècle avant Jésus-Christ. Ce poème, consacré aux travaux de la terre, s’ouvre sur une invocation aux Muses, suivie d’un récit des origines de l’humanité. Il évoque la succession de cinq âges, ou cinq races, qui conduisent des origines de l’humanité au présent. L’âge d’or est le plus ancien de ces cinq âges : il est suivi de l’âge d’argent, de l’âge d’airain, ou de bronze, de l’âge des héros, et de l’âge de fer, qui coïncide avec le présent. Il décrit l’âge d’or en ces termes :
« D’or fut la première race d’hommes que créèrent les Immortels, habitants de l’Olympe. C’était au temps de Cronos, quand il régnait encore au ciel. Ils vivaient comme des dieux, le cœur libre de soucis, à l’écart et à l’abri des peines et des misères. : la vieillesse misérable sur eux ne pesait pas ; mais, bras et jarret toujours jeunes, ils s’égayaient dans les festins, loin de tous les maux. Mourant, ils semblaient succomber au sommeil. Tous les biens étaient à eux : le sol fécond produisait de lui-même une abondante et généreuse récolte, et eux, dans la joie et la paix, vivaient de leurs champs, au milieu de biens sans nombre. Depuis que le sol a recouvert ceux de cette race, ils sont, par le vouloir de Zeus puissant, les bons génies de la terre, gardiens des mortels, [ l’œil ouvert aux sentences et aux crimes, vêtus de brume, partout répandus sur la terre ] dispensateurs de la richesse : c’est le royal honneur qui leur fut départi. Puis une race bien inférieure, une race d’argent, plus tard fut créée encore par les habitants de l’Olympe. Ceux-là ne ressemblaient ni pour la taille ni pour l’esprit à ceux de la race d’or. »
Hésiode, Les Travaux et les Jours, vers 109-201 (traduction).
Le texte d'Ovide
Ovide est un poète latin qui a vécu à Rome au Ier siècle avant Jésus-Christ, sous le règne d’Auguste. Dans le premier livre des Métamorphoses, où il décrit les origines du monde et de l’humanité, il distingue quatre âges successifs : l’âge d’or, l’âge d’argent, l’âge du bronze, et l’âge du fer. Voici sa description de l’âge d’or, qu’il place sous le règne de Saturne, père de Jupiter :
« L’âge d’or commença. Alors les hommes agissaient suivant la justice et la droiture spontanément, sans lois ni répression. Punition et crainte n’existaient pas ; point de menaces à lire, gravées dans le bronze ; point de foule suppliante, tremblante devant les juges ; nul besoin de défenseurs pour être en sécurité. On n’abattait pas encore les pins, dans leurs montagnes, pour les faire descendre vers l’eau, les faire aborder à des terres étrangères, les mortels ne connaissaient pas d’autres rivages que les leurs. Les villes n’étaient pas encore entourées de fossés abrupts ; il n’y avait ni trompettes droites ni cors en cuivre recourbé, ni casques, ni épées. N’ayant nul besoin d’armées, les populations vivaient dans la tranquillité et les loisirs. La terre, fertile, donnait tout d’elle-même, sans être sollicitée par le fer, travaillée par la bêche, maltraitée par le soc. L’homme, satisfait des aliments que la nature lui offrait sans efforts, cueillait les fruits de l’arbousier et du cornouiller, la fraise des montagnes, la mûre sauvage, et les glands qui tombaient de l’arbre majestueux de Jupiter. Le printemps était éternel et, de leur souffle tiède, les doux zéphyrs caressaient les fleurs écloses sans semailles. La terre, sans avoir été labourée, se couvrait à nouveau de moissons, et les champs, sans aucun entretien, blondissait de lourds épis. C’était l’âge où coulaient à flots le lait et le nectar, où le miel doré tombait de l’écorce des chênes en une bienfaisante rosée. Lorsque Jupiter eût précipité Saturne dans le sombre Tartare, et qu’il eût pris possession du monde, vint l’âge d’argent, âge inférieur à celui qui l’avait précédé, mais préférable à l’âge du bronze jaunâtre qui le suivit. »