NagiAmano
2024-02-09 14:28:24
https://c.dna.fr/faits-divers-justice/2024/02/07/il-s-en-prend-a-un-chauffeur-de-bus-a-mulhouse-six-mois-ferme
Il s’en prend à un chauffeur de bus à Mulhouse : six mois ferme
Il aura fallu cinq policiers pour maîtriser ce jeune de 20 ans qui tentait de fuir du commissariat, le 8 janvier dernier. Il avait été interpellé un peu plus tôt après avoir menacé un chauffeur de Soléa, rue de Kingersheim à Mulhouse. Il était jugé ce mercredi 7 février lors d’une audience de comparution immédiate au tribunal judiciaire de Mulhouse.
« Sens moral émoussé » ; « profil hyperactif et caractériel » ; « traits obsessionnels et psychopathiques » ; « discours victimaire » ; « immaturité et ne supportant pas la frustration »… La lecture, ce mercredi 7 février en audience de comparution immédiate au tribunal judiciaire de Mulhouse, de l’expertise réalisée par un professionnel sur ce jeune de 20 ans donne un éclairage quant au déroulé potentiel des faits. La présentation des 13 condamnations à son casier ne fait que renforcer cette impression.
Ce que l’on reproche à ce jeune adulte, c’est de s’être retrouvé au volant d’une voiture volée, le 21 novembre dernier sur un parking à Huningue, mais surtout de s’en être pris verbalement, le 8 janvier vers 22 h, à l’arrêt Châtaignier rue de Kingersheim à Mulhouse, à un chauffeur travaillant pour la société Soléa. Chauffeur qui aurait refusé de le prendre en charge pour l’accompagner jusqu’à Wittenheim. La raison de ce refus : le conducteur n’avait pas le droit de prendre un passager avec un vélo.
Face à cette opposition, le jeune homme l’aurait menacé de mort. Inquiet, le chauffeur avait pris la tangente avec son véhicule, puis alerté la police. Une patrouille, forte de la description de l’agresseur, l’avait interpellé un peu plus tard et conduit au commissariat.
Me Lise Heckmann : « Ses difficultés mettent les autres en danger »
C’est là que tout a dérapé. Le jeune homme a commencé à se frapper la tête contre les murs et a tenté de prendre la fuite. Il aura fallu l’intervention de cinq policiers pour arriver à le maîtriser. Trois policiers ont été blessés durant cette course dans les couloirs de l’hôtel de ville.
Ce mercredi à la barre, le jeune homme avait chaque fois réponse à tout. Pour le chauffeur Soléa : « Il s’était moqué de moi avec un passager qui était à bord de son véhicule » ; pour le commissariat : « Lorsque je m’en prenais à moi-même, les policiers m’ont étranglé, alors j’ai pris la fuite ».
L’avocate des policiers, Me Lise Heckmann, observe : « L’interpellation a été très violente. Trois policiers ont été blessés. On peut entendre que ce jeune homme a eu un parcours de vie difficile, mais il y a une vraie problématique quant à la gestion de ses émotions. Ses difficultés mettent les autres en danger ».
Le procureur : « Les policiers ne sont pas des punching-balls »
Pour le procureur de la République, Jean-François Assal, « Les policiers ne sont pas des punching-balls. En faisant la lecture de son casier, on comprend qu’il a très tôt consommé de la drogue. Aujourd’hui la moindre frustration peut conduire à des violences extrêmes. À 13 ans, il y a des conduites sans permis avec un délit de fuite, à 15 ans des extorsions… Il faut protéger la société ». Et de requérir une peine de deux ans ferme avec un maintien en détention, ainsi que la révocation d’un sursis de quatre mois, prononcé le 26 mars 2019.
Me Lilia Messiad-Chettibi défend : « Il est loin d’être une oie blanche. L’expertise psychiatrique est désastreuse pour lui, mais elle remet les choses dans leur contexte. Ce qui me dérange, c’est qu’on ne démontre en rien qu’il y a eu des menaces sur le chauffeur. Et pour la rébellion violente, il s’est juste raidi. Il n’y a pas d’action violente ».
Le tribunal condamne Yannis Mebarkia à 12 mois dont six en sursis probatoire durant deux ans, lui fait interdiction de détenir une arme durant cinq ans et révoque le sursis de quatre mois. Il est incarcéré.