itachiotte5
2024-01-19 09:15:02
Le 2 novembre 2018, la conductrice circulait avec 1,95 g/l d’alcool et avait fumé du cannabis. Jugée ce jeudi 18 janvier pour homicide involontaire aggravé, elle affirme ne se souvenir de rien
Par décence envers les proches présents, le président du tribunal correctionnel de La Rochelle Gérald Faucou a préféré ne pas entrer dans les détails. Ce jeudi 18 janvier, lors de son instruction du dossier, il ne décrira pas dans quel état a été découvert Christophe Belot. Le 2 novembre 2018, ce motard de 45 ans perdait la vie, percuté par une voiture folle sur la RN 11, à la sortie de La Rochelle. Au volant, une jeune sommelière de 22 ans, agent commercial dans le domaine du vin, roulait à contresens, avec 1,95 gramme d’alcool par litre de sang, et sous stupéfiant. Elle était jugée ce jeudi pour homicide involontaire aggravé.
« Au mauvais moment, au mauvais endroit », Christophe Belot se rendait sur son lieu de travail quand le destin a mis la sommelière sur son chemin. Barman dans un établissement de La Rochelle, père de deux enfants de 8 et 12 ans au moment des faits, il n’a pas pu éviter le face-à-face. Il décède sur le coup. Ce jeudi, à la barre, la conductrice est incapable de décrire ce moment terrible. Elle se dit victime d’une amnésie. L’airbag qui se déclenche, le gilet jaune, les pompiers… Ce sera tout pour les souvenirs. Comment a-t-elle pu se retrouver à l’envers sur la RN 11 dans le sens Niort - La Rochelle ? Elle n’en sait rien. Ce soir-là, elle reprenait la route vers Pessines, près de Saintes, pour dîner avec son père. La RN 11 n’est pas la route de Pessines.
Dix verres d’alcool
La jeune femme avait de quoi être irrationnelle. Dans son sang, on relève 1,95 gramme d’alcool par litre de sang, et un taux record de THC. Dans la voiture, les enquêteurs saisissent un bocal avec cinq grammes d’herbe de cannabis. Elle reconnaît avoir fumé la veille mais reste très confuse sur sa consommation d’alcool. Ce 2 novembre, elle a rendez-vous avec un caviste de Puilboreau. Elle y passe l’après-midi, elle lui fait déguster des vins. Les deux sont formels : ils ont recraché. Le patron de la cave témoigne que la sommelière est restée à la boutique pour lui donner un coup de main, qu’ils boivent ensemble un peu de champagne, du vin. Il affirme ne pas avoir remarqué qu’elle était ivre en repartant. Elle, elle ne se souvient pas avoir bu. Elle a un trou noir à partir de 17 heures.
Le président rappelle qu’un taux d’alcool d’1,95 gramme d’alcool par litre de sang, c’est environ dix verres. « Ça ne m’est jamais arrivé d’avoir des pertes de mémoire, je n’ai jamais bu au point d’atteindre les 2 grammes d’alcool », se défend-elle. Elle se dit tellement surprise de son comportement qu’elle imagine avoir été droguée. Elle a même consulté un médium qui lui a confirmé. Mais voilà, aucune trace de GHB n’a été trouvée dans le prélèvement sanguin. « J’aurai toujours le doute », insiste-t-elle. Une histoire qui ne convainc personne. « Un schéma classique pour se protéger », reconnaît son avocat Me François Drageon.
« Quelqu’un ne dit pas la vérité »
Cette attitude est vécue comme une fuite de ses responsabilités par les proches de Christophe Belot, anéantis par le chagrin. La prévenue est, elle aussi, effondrée à la barre. « Je comprends que ma défense ait pu choquer. Mais j’essaye de savoir ce qu’il s’est passé. Je suis là pour assumer complètement ce que j’ai fait. » Avec ou sans soumission chimique, le taux relevé correspond à une absorption massive d’alcool. « Avec votre gabarit, vous n’auriez plus dû tenir debout. Avez-vous l’habitude de boire ? », lui demande le président. « Non », promet-elle, en larmes. Les employés de la cave affirment qu’au moment du départ, elle était dans un état normal. « Il y a quelqu’un dans ce dossier qui ne dit pas la vérité », soupçonne Me Drageon.
« Le déni est édifiant, plaide Me Anne Glaudet, avocate de l’ex-femme de Christophe Belot et de ses enfants. Avec la conjonction alcool et stupéfiant, l’accident du 2 novembre était presque prévisible. On guérit mieux en disant la vérité », lance-t-elle à la prévenue.
Six mois de prison ferme requis
Le procureur Hervé Charles rappelle qu’elle risque dix ans d’emprisonnement mais estime qu’elle a « déjà été punie ». Elle a passé quatre mois en détention provisoire. Son casier est vierge. Il requiert deux ans d’emprisonnement dont 18 mois de sursis probatoire pendant deux ans, avec obligation de soins, l’annulation de son permis de conduire et l’interdiction de le repasser pendant un an. La décision a été mise en délibéré au 7 mars prochain.
Aujourd’hui, la jeune femme est vendeuse dans une chocolaterie-salon de thé. Elle a abandonné la sommellerie. Le hasard est cruel. Cette formation en vin, elle l’avait réalisée dans une école à Bordeaux avec la future compagne de Christophe Belot.
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