Qimonok
2023-11-26 03:37:44
Au printemps 2001, une pré-adolescente alors âgée de douze ans devient la cible des agressions sexuelles d’une bande de jeunes. Elle a le profil type de la victime des tournantes: Elle est issue d’un milieu modeste, particulièrement vulnérable et habite dans un quartier immigré de la communauté urbaine de Lille.
Pendant plusieurs mois, la gamine est violée et battue par le groupe d'adolescents qui se la sont appropriée et s’en servent comme d’une esclave sexuelle. La pré-adolescente cache la vérité à ses parents et parvient à les décider à la faire changer de collège. Néanmoins, au collège Albert Samain, elle va continuer, de Septembre 2001 à février 2002, à faire l’objet d’agressions sexuels. En effet plusieurs membres de la bande d’une vingtaine de violeurs habitent dans différents quartiers chauds de la ville et ne tardent pas à retrouver sa trace.
Avec le triste sort de la petite victime, la descente dans l'abjection continue car ces viols à répétition deviennent une véritable industrie. On va chercher la victime chez elle, on la traîne dans les caves d’immeubles. Si elle tente de résister, on la frappe et surtout, on fait payer le viol aux petits camarades des cités, pour des sommes allant de deux à dix Euros. Violer une pré-adolescente de 12/13 ans n’est plus "récréatif"; à Roubaix, les jeunes violeurs en font un commerce…
Mais l'affaire ne s'arrêtera pas pas là. Après leur arrestation, les camarades des violeurs vont organiser un véritable harcèlement de la famille qui finira par déménager. une première fois. Car en Janvier 2003, l'affaire de la petite victime de Roubaix revient dans l'actualité du Nord Pas-de-Calais lorsque Me Blandine Lejeune, son avocate, signale que la famille pourrait avoir à déménager une nouvelle fois et a quitter définitivement la région. Une fois encore, des complices de ses violeurs ont retrouvé sa trace et le harcèlement a repris. "ce qui est inadmissible", déclare Me Blandine Lejeune, "ce sont les pressions, les menaces exercées sur la victime, sur ses petits frères et soeurs, sur ses parents. La justice, la police doivent prendre toutes les mesures pour assurer leur sécurité, leur tranquillité." Des mesures seront prises: l'adolescente sera désormais escortée tous les jours entre son école et son domicile. La famille, néanmoins, finira par quitter le département pour échapper aux pressions incessantes de l'entourage des violeurs.
Tournante au tribunal - Septembre 2002
En septembre 2002, le procès d'une vingtaine d'individus qui ont violée "Leïla", une jeune habitante de la dalle d'Argenteuil, semble marquer une nouvelle surenchère dans l'horreur. Les faits remontent à l'hiver 1998-1999. Pendant plusieurs mois, la jeune femme a été victime d'une série d'agressions sexuelles orchestrées par "Zora", une autre jeune femme de sa cité. Le récit du calvaire que la jeune femme a vécu reprend tous les éléments classiques du déroulement des viols collectifs mais cette fois-ci, c'est le lieu et les circonstances dans lesquelles s'est produite une des agressions sexuelles qui retiennent l'attention.
A la mi décembre 1998, au terme de trois jours d'agressions sexuelles répétées pendant lesquelles elle a été violée dans un immeuble, une cave, une école primaire, une école maternelle et une cabane, ses agresseurs l'emmènent au Tribunal de Pontoise. Quatre garçons du groupe, ainsi que deux filles qui ont contribué à orchestrer les viols collectifs, y sont jugés pour une autre agression sexuelle dont une mineure a été victime sous la menace d'une arme. Arrivée à destination, la bande enferme l'adolescente dans les toilettes du tribunal. Elle y subit une nouvelle agression sexuelle et on la frappe à coups de brosse à WC. Elle sera également violée dans le train qui ramène la bande au tribunal après le procès.
A la différence du terme générique de viol collectif, Le mot tournante permet de cerner un problème qui concerne, essentiellement des adolescents, souvent issus de l'immigration et des quartiers sensibles, où il trouve ses racines. La sur-représentation des jeunes afro-maghrébins parmi les auteurs de tournantes ne fait pas de doute, si on en croit une étude du Docteur Patrice Huerre, psychiatre auprès de la cour d'appel de Paris, qui est actuellement disponible sur le site de l'INSERM. Il s'agit d'un des rares documents existant qui mentionne l'aspect ethnique des tournantes, les médias ayant minimisé ou ignoré cet aspect du problème. Selon cette étude, 52 % des adolescents ayant participé à des viols en réunion sont d'origine maghrébine. 20 % sont originaire d'Afrique noire et le reste sont issus de familles françaises. Cette sur-représentation des jeunes issus de minorités ethniques est normale : elle correspond à un phénomène similaire observé en Norvège, au Danemark, en Australie, en Angleterre et aux Pays Bas.
De tels chiffres sont le reflet du problème de la délinquance en général. En 2000, l'Insee a également montré que 40 % des détenus français avaient un père né à l'étranger, dont 25 % au Maghreb. Une étude menée en 2003 dans l'Isére par deux sociologues du CNRS, Sébastian Roché et Monique Dagnaud, les confirme. L'analyse de dossiers de jeunes mineurs délinquants des archives judiciaires du tribunal de Grenoble montre en effet que 66.5 % des mineurs jugés ont un père étrangers (pour 49.8 % dans un pays du Maghreb) et 60 % ont une mère également née à l'étranger. La population de l'Isère n'est pas une des plus marquée par l'immigration puisque celle ci compte pour 6.1 % de la population totale. Les chercheurs ont aussi remarqué que lorsque ces jeunes mineurs commettent un crime, ils ont tendance à attaquer des personnes appartenant à d'autres groupes ethniques que le leur.