Narezusm
2023-11-09 11:11:48
Silhouette fine, robe à fleurs, menottes aux poignets. La jeune femme qui fait son entrée dans le box des prévenus n'a pas le profil de l'habituée des gardes à vues. Et pourtant, c'est la troisième fois qu'elle se retrouve devant le tribunal correctionnel de Paris pour des faits d'incitation à la haine.
Et pour cause. Depuis plusieurs années, Émilie Y., 24 ans enchaîne des signalements pour des propos toujours plus injurieux tenus sur Internet. Le président rappelle son palmarès déjà bien chargé : une première condamnation en 2019 pour des propos antisémites tenus sur un forum en ligne et une seconde en 2021 à la suite de la plainte d'une mère de famille, insultée sur Instagram pour une photo avec son fils métisse.
Dans le box, la jeune femme reste impassible; elle risque pourtant gros pour des faits commis en récidive. Depuis le début de l'attaque terroriste du Hamas contre Israël, la jeune femme multiplie les propos injurieux envers la communauté juive sur divers réseaux sociaux. Sur Twitter, elle a écrit : “Les juifs sont des rats, ils méritent de crever sous les bombes du Hamas. Vive la Palestine libre !”. Un message qui a été signalé par plusieurs internautes, dont l’un d’entre eux a porté plainte.
Un profil inquiétant
Fille de restaurateurs d'origine Chinoise "très bien intégrés", la jeune fille a depuis coupé tout contact avec sa famille. Elle aurait rejoint la mouvance sédévacantiste intégriste et se serait radicalisée sur Internet notamment via le site "Démocratie Participative", interdit en France.
La jeune femme ne peut retenir quelques larmes à l'évocation de son histoire familiale. Son avocat précisera que c'est ses parents qui ont coupé les ponts avec elle, et qu'elle ne désire faire "aucun commentaire" sur sa situation familiale.
Interrogée sur les faits, la jeune femme ne manifeste aucun regret. Elle affirme être “solidaire du peuple palestinien” et dénonce “l’occupation sioniste”. Elle se dit victime d’un “complot médiatique” et d’une “justice aux ordres du lobby juif”. Son avocat lui intime de se taire.
Le procureur requiert 12 mois de prison dont 6 ferme assortis de 5000€ d'amende. "Au bout d'un moment, il faut dire stop. Cette jeune femme est une récidiviste qui n’a manifesté aucun regret ni remords pour ses propos haineux.".
Dans sa plaidoirie, l'avocat plaide la bêtise : "Elle est atteinte du syndrome d'asperger. C'est une jeune fille très intelligente mais qui ne sait pas la portée que peuvent avoir ses propos. Elle vit dans un monde virtuel, coupée de la réalité. Elle n’a pas d’amis, pas de travail, pas de projet. Elle passe ses journées à surfer sur des sites extrémistes qui lui lavent le cerveau. Elle a besoin d’une chance de se réinsérer dans la société. Je vous demande donc de faire preuve de mansuétude et de prononcer une peine avec sursis, assortie d’une obligation de soins et d’un stage de sensibilisation."
Après délibération, la jeune femme de 24 ans a été reconnue coupable de provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence en raison de l’origine, de l’ethnie, de la nation, de la race ou de la religion.
Elle a été condamnée à 18 mois de prison dont 9 ferme. Elle devra également verser 3000€ de dommages et intérêts aux associations qui s'étaient constituées partie civile. Elle devra aussi suivre un stage de citoyenneté et une obligation de soins.
Le tribunal a estimé que la jeune femme avait fait preuve d’une “haine obsessionnelle” envers les juifs et qu’elle avait tenu des propos “d’une extrême violence” qui portaient atteinte à la dignité humaine et à la paix sociale. Le tribunal a également pris en compte la récidive de la prévenue, qui avait déjà été condamnée à deux reprises pour des faits similaires.
La peine était assortie d'un mandat de dépôt, la jeune femme par immédiatement en prison.