WHEEEUUUUUAAAAH
2023-10-21 12:17:31
Je pose le manuscrit sous le museau de ce phoque bien gras... il regarde à peine deux trois lignes et marmonne - réjaculations de bave à chaque phonème bilabial - quelque : « ouiche, pas mal hein petit, vous êtes un bon écrivain je pense. Mais qui vous lira ? Ouais... non ça n'intéresse personne, ça gagnera des prix, mais ça ne se vendra pas... » Avec l'air d'un type qui vient de foutre sans plaisir, il repose mon machin, ferme les yeux, agglutine sa graisse au fond de sa chaise puis inspire. Il se redresse. Il reprend le livret dans ses mains, tête de morue prête à dégobiller - le gros porc a sans doute trop mangé à midi ou trop bu la veille au soir - il reprend le livret, dis-je, et vomit ces derniers mots : « Continuez d'écrire mon brave, mais soyez moins acerbe, moins raciste, moins antisémite, ça ne marche plus tout ça. Ecrivez de belles histoires de petites gens qui réussissent, de voisinages heureux. Soyez feel-good. Vos bondieuseries sombres à la Bloy, votre Claudel mystique là... ça nous dégueule tous... désolé. »
Un relent lui vient, il feutre un rot dans son thorax de pourceau, se redresse. Je pars, non sans lui beugler un triste : « Vous brûlerez ! goret maudit ! Vous brûlerez ! »