Kaszinskymylove
2023-10-26 21:19:29
Le 26 octobre 2023 à 21:11:33 :
Le salariat la solitude on ne peut pas lutter
Le techno-capital de la Révolution Numérique consomme le bio-capital que sont les humains pour se perpétuer, bien plus, il les consume telles les victimes propiatoires d'une cérémonie barbare dont le cerveau entrerait en combustion spontanée sur un bûcher faits d'algorithmes.
Il suffit de décortiquer l'habitus des corpo-rats français et américains, cette ressource humaine bon marché venue en masse de la Province et attirée par les promesses des corporations tech des grandes Mégalopoles tertiarisées parisiennes ou californiennes, pour s'en rendre compte.
Ces derniers finissent, au terme d'harassantes et coûteuses études, à rembourser leur prêt en entretenant leur burnout dans les open space ou dans les cabinets de ressources humaines de ces grands sanibroyeurs citadins ; brûlant leur énergie intellectuelle au service d'un Silicon Moloch qui les farme, et qui finira par les dévorer en guise de remerciements pour bons et loyaux services rendus au perfectionnement de ses algorithmes de deep learning.
Chaque inputs de ce corpo-rat, chaque projets en méthodes agiles et chaque innovations techniques disruptives qu'il accouche, en concourrant à l'émergence d'une IA forte, sont semblables aux incantations d'un sectateur de Ctulluh, qui dans les abîmes de la cité engloutie de Ryleh faite d'un labyrinthe de serveurs, de câbles et d'écrans, dévorera pour de bon ses fidèles une fois sorti de ses songes faits de 0 et de 1. En attendant, ce Dieu cruel devra se contenter du feu intérieur de leur burn-out en guise d'offertoire.
Et comment pourrait-il en être autrement ? Externalisation de la structure familiale via les stratégies managériales de team building par lesquelles les boîtes privées deviennent leur famille dysfonctionnelle de substitution ; externalisation de la cuisine dans des plats Uber Eats blindés de monosodium glutamate et de sucre, cervelle constamment exposée au déluge d'ondes électro-magnétiques d'appareils perpétuellement connectés devenus le prolongement de leurs mains, pics de cortisol incessants, café clope, pollution et bouchons sur le chemin du retour... cancers foudroyants, obésité, alcoolisme, chute vertigineuse de la natalité et du QI... game over civilisationnel.
Nés trop tôt pour connaître le fine-tuning génétique permettant de corriger cancers, myopies, schyzophrénie et Alzheimer avant même leur naissance, nés trop tard pour bénéficier des avantages du Baby Boom post Révolution Industrielle depuis longtemps liquidés, le corpo-rat de 2023 coure dans la roue d'un techno-capital en cours de transition : l’ancien monde est mort, le nouveau n’est pas encore né, et dans cet entre-deux dystopique surgissent les monstres, comme disait l’autre.
Le prototype du Parisien moyen est un trentenaire célibataire qui finit sa journée à 20h : il consomme beaucoup dans la mesure où il consomme tout en double, paie tout tout seul, four micro-onde, salle de bain, loyer. Il consacre l’intégralité de son temps et de son énergie à son travail et l’intégralité de son revenu à la consommation. Mais si le trentenaire parisien est une bonne ressource fossile, il brûle rapidement sur le bûcher propiatoire à la gloire du cyber-Léviathan.
Lorsque vous aspirez tous les gens à peu près intelligents et créatifs, et que vous les réduisez à des ados de 35 ans stériles, épuisés, dépressifs et alcooliques, au bout de trois générations, il n’y a plus de gens à peu près intelligents et créatifs, d’abord en Province, puis dans la Mégalopole, qui se trouve obligée de faire venir des Ressources Humaines de plus en plus loin.
La technologie qui rythme la vie du corpo-rat à l'ère de la Révolution Numérique en big 2023 c'est l'exosquelette de Krang dans les Tortues Ninja : une superstructure lui servant à la fois de béquille et de prison, soutenant une créature dysgénique devenue rose, molle, faible, irrémédiablement seule et sans enfant.