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2023-07-03 17:28:04
Ecoles d’ingénieurs : les élèves boursiers qui redoublent leur prépa bénéficieront d’une « bonification » aux concours Mines-Télécom et Mines-Ponts
par Séverin Graveleau, lemonde.fr
3 July 2023
La petite révolution, au moins symbolique, s’est glissée dans un arrêté du 15 juin 2023, publié au Journal officiel trois jours après : à partir de la session 2024, les candidats boursiers au concours Mines-Télécom, permettant d’accéder à 18 grandes écoles d’ingénieurs en France, auront le droit à des points bonus. Plus précisément, ils bénéficieront d’une « bonification de 15 points » à l’écrit puis à l’oral, lorsqu’ils redoublent leur deuxième année et passent donc le concours après trois ans de prépa - ces candidats sont dits « 5/2 » dans le jargon des prépas scientifiques.
Les étudiants boursiers, ces « exceptions statistiques » dans les écoles d’ingénieurs
Alors que le manque de diversité sociale des grandes écoles revient régulièrement dans les débats sur l’enseignement supérieur, c’est la première fois qu’un concours d’écoles d’ingénieurs instaure une bonification pour les boursiers. Et il n’est pas seul : cette décision a en fait été prise dans la foulée de celle des responsables du concours Mines-Ponts, regroupant dix autres grandes écoles, qui saute aussi le pas en 2024, avec des modalités proches précisées dans un arrêté publié le 1er juillet 2023.
« On s’aperçoit que les candidats issus de milieux moins favorisés ont parfois besoin de plus de temps d’apprentissage pour avoir des résultats suffisants aux concours, commente Serge Pommé, responsable de l’organisation du concours Mines-Télécom. Avec cette mesure, expérimentale pour l’instant, on essaie de leur donner une chance supplémentaire… » Jusqu’à aujourd’hui, cette bonification était seulement accordée aux candidats dits « 3/2 », boursiers ou non, passant leur concours à la fin de leur deuxième année de classe préparatoire. Si la « révolution » est très mesurée, puisqu’elle ne concerne que les boursiers redoublants, et que les 15 points en question correspondent à « un demi-point de moyenne finalement », « cela peut faire la différence », complète l’enseignant, les résultats des admissibles étant resserrés.
Résultats en demi-teinte
Sur la question de l’ouverture sociale des grandes écoles, d’ingénieurs notamment, les rapports et statistiques se suivent et se ressemblent depuis quinze ans, malgré les promesses régulières de prendre le problème à bras-le-corps. Si l’enseignement supérieur dans son ensemble compte 38 % d’étudiants boursiers, selon les plus récentes données du ministère, ils ne sont que 22 % dans les formations d’ingénieurs, et 11,5 % dans les écoles de commerce.
Face à ce constat, l’idée de mettre en place un système de bonification pour les boursiers aux concours des grandes écoles avait émergé, entre autres solutions, en 2019, dans des rapports sur le sujet de l’Ecole polytechnique, des Ecoles normales supérieures, et des écoles de commerce HEC, ESCP et Essec. Elle avait ensuite été reprise en décembre 2020 par le comité stratégique « diversité sociale et territoriale dans l’enseignement supérieur », piloté par Martin Hirsch.